mercredi 25 février 2015

Addict à la Shopaholic

J'ai terminé dimanche le tome 2 de la série de l'Accro du Shopping. J'ai encore une fois beaucoup aimé. Comme on me l'a offert en anglais, je pensais au début en lire quelques pages, puis prendre un autre roman et y revenir plus tard, de temps en temps, histoire de continuer à m'entretenir un peu dans la langue de Shakespeare. Mais finalement, je suis arrivée à la cinquantième page sans m'en rendre compte, et j'ai eu une furieuse envie de continuer. Je voulais savoir ce qu'il allait advenir des héros, Becky, Luke et Suze. En plus je me suis faite à la langue, qui n'est pas trop complexe en dépit d'un vocabulaire vestimentaire assez précis (on côtoie quand même une accro du shopping!). L'épaisseur des pages dans ma main gauche allant en augmentant à une vitesse assez surprenante, je me suis vue finir le roman en quelques jours, et plusieurs heures de franche marrade. J'ai vraiment éclaté de rire à certains moments, ce qui arrive très très rarement ! (Je suis du genre lectrice un peu perméable...). Becky a le dont de se mettre dans des situations plus dingues les unes que les autres, et à New-York c'est encore pire ! Le passage où j'ai le plus ri je crois est celui où sa belle-mère lui offre une épilation intégrale... (je vous laisse imaginer :p). 

Je ne vais pas m'aventurer à résumer l'histoire, car si la trame principale est fort simple (Becky se rend à New-York avec Luke), le reste est constitué d'une foule de petites aventures plus folles les unes que les autres. Sophia Kinsella fait se succéder des tas de petits scnénario où Becky s'illustre dans toute la splendeur de ses contradictions, pour notre plus grand plaisir. Je crois que c'est là que réside le charme de notre Accro du Shopping : ce mélange de naïveté et de sagacité (certes pas dans tous les domaines !). Elle peut être à la fois ingénieuse, gaffeuse, dégourdie, astucieuse, un peu godiche, et surtout très sensible et empathique. Ce mélange détonnant permet d'avoir une héroïne légère et humaine, à laquelle tout le monde peut s'identifier. Même si ses principales caractéristiques sont celles d'une fille assez superficielle à tendance irréfléchie, il me semble qu'elle possède suffisamment de nuances pour toucher un large public. Sa spontanéité est touchante, rafraîchissante, et me donne envie, à moi aussi, d'oser. 
La vie de Becky n'est finalement pas si rose et pas si simple, et elle se sort des coups durs avec toute la spontanéité et la fraîcheur dont elle est capable. Elle parvient à faire ce que je rêverai de faire aussi bien : relativiser (beaucoup), oser (surtout), et profiter de la vie. 
Un très bon moment de lecture, encore une fois très très loin des classiques et de la grande littérature, mais punaise, qu'est-ce que ça fait du bien ! Pour moi, c'est de l'excellente série télé sur papier, qu'on peut emporter partout. 

Petit bonheur du jour : je me sens un peu Becky aujourd'hui. Je viens de recevoir mon colis Amazone (que je n'attendais pas avant demain, et encore...), qui contient mes achats de dimanche soir. Triste d'avoir fini si vite ce roman en anglais, j'ai eu envie d'en lire d'autres, tout en me faisant plaisir. J'allie ainsi l'utile (l'anglais) à l'agréable (la chick-litt et autres) (ou comment me rassurer sur le fait que je me mets à franchement adorer ce genre de lectures, alors qu'avant je ne jurais que par Proust et Balzac... Allez comprendre !)  J'ai donc commandé l'intégralité de la série des Divergent (le tome 1 n'étant pas en stock, et le package complet pas trop onéreux) et aussi FanGril de Rainbow Rowell, dont j'avais entendu parler chez Et-en-plus-elle-lit. Autant vous dire que... j'ai hâte !!

samedi 21 février 2015

Une fille au chocolat... de la mafia !

La Mafia du Chocolat, Gabrielle Zevin

Voilà un roman pour ado que j'ai vraiment beaucoup aimé et qui m'a agréablement surprise. Une de mes élèves me l'a conseillé, et au premier abord, c'est cette histoire de chocolat interdit qui m'a interpellée. Finalement il en est en effet question, mais l'intrigue est bien plus complexe qu'une histoire de société distopique étrange et despotique. 
Ce roman raconte les aventures d'Anya, la fille du défunt parrain d'un lobby de la mafia. Elle élève seule son frère aîné Léo et sa petite soeur. Les deux parents étant morts, c'est leur grand-mère grabataire qui est leur responsable légale. La vie d'Anya est donc bien différente de celle des autres filles du lycée. Toutefois peut-être pas tant que cela, puisque ses préoccupations (en plus des menaces qui planent autour de sa famille et les responsabilités qui pèsent sur ses épaules) tournent surtout autour de l'amour. L'histoire commence d'ailleurs avec sa relation avec le caïd du lycée, qu'elle abandonne pour trouver finalement en Win, un nouveau un peu étrange, un partenaire parfait. 

L'histoire mêle donc astucieusement romances adolescentes (sans entrer dans les détails, et donc en dépassant toute mièvrerie), distopie plutôt palpitante, guerres de clans intestines, épreuves délicates (décès, détention, maladie, punitions,...) et amitiés à toute épreuve. 
Comme souvent le point de vue adopté est celui de l'héroïne, ce qui permet de doser ce savant mélange. Anya est d'ailleurs une jeune fille pleine de cran, pas forcément surhumaine et c'est ce qui la rend attachante. Et surtout qui est aux prises avec les désirs de son âge. Les autres personnages sont également touchants, et l'ensemble est très crédible. 

Un roman (une dystopie d'ailleurs) d'adolescence et d'apprentissage qui gagne à être connu (j'ai d'ailleurs été surprise de ne pas trouver davantage de critiques à son propos sur les blogs littéraires...). Il existe d'ailleurs une suite, que je vais essayer de me procurer le plus vite possible. Il me tarde de retrouver les personnages (en particulier le frère mentalement retardé de l'héroïne (Léo) et l'héroïne elle-même (ainsi que Win), ce qui est plutôt bon signe pour un roman ! 

dimanche 15 février 2015

Fifty shades of....

Cinquante nuances de navet crémeux

Fifty shades de quoi, on se demande... De tout ce qu'on veut en fait : de pub, de promo, de beau goss, de fille naïve, de pratiques sexuelles, de morale, ... Bref, il y a de tout dans le fameux film, que j'avoue avoir vu, avec un certain plaisir... et beaucoup de déceptions. Mais tout le monde s'y attendait (et pourtant tout le monde, comme moi, y a été !)

Avant d'en venir aux onces de plaisir (on est loin des sois-disant orgasmes quasi systématiques de l'héroïne, dont on ne voit (n'entend) rien dans la film d'ailleurs...), attardons nous un peu sur les nuances de la déception.
Déjà, Christian Grey. Enfin l'acteur qui l'incarne. Jamie Donan. Jamie c'est pas un peu un nom de fille ? Rien de bien virile selon moi. M'enfin, ça je n'y avais pas prêté attention avant de voir le film, je ne suis donc pas arrivée avec trop d'a priori. Enfin si, soyons honnête, en regardant la bande-annonce, je m'étais déjà fait la réflexion suivante : OMG c'est lui qui joue Christian ????????
Bref, je n'étais pas dans de super bonnes dispositions pour accueillir le fameux Jamie (dont je ne connaissais pas le patronyme, je le répète). Au tout début, quand il s'habille, ça va (il est quand même hyper bien fait de sa personne), quand il court avec sa capuche, ça va (on le voit pas et il est sportif), mais quand il rencontre Anastasia Steel, notre héroïne so naïve, là ça ne va plus du tout. Où est le Christian Grey froid comme le métal, glaçant comme l'acier et coupant comme le fer ? C'est un espèce de bisounours sexy qui accueille la jeune prude, avec une sorte de mèche à la Tintin bruchinguée et un sourire poupin. Pas du tout badass, pas du tout bandant (si j'ose dire). Il arrête pas de lui sourire en plus, on voit direct qu'il tombe amoureux, et c'est trop niais. 
La suite n'est pas pire ceci étant, et heureusement. Il devient même de plus en plus sexy tout au long du film. Non pas que l'allure "jeune premier" disparaisse, mais quand il est en blouson de cuir, de profil, dans sa voiture ... Bon ça fait beaucoup de conditions... quand il est nu aussi... Bon ça fait vraiment beaucoup de conditions fort spécifiques... Disons donc, honnêtement, que je n'ai pas été convaincue par l'acteur. J'aurais plutôt imaginé un Daneil Creg (Creg, Grey, ça passe en plus !) ou un Thor... Mais ils sont blonds les pauvres, recalés direct !

Continuons dans cette lancée. Certes le roman de E.L James a été écrit par une frustrée de Twilight, qui trouvait qu'il n'y avait pas assez de sexe dans cette romance vampiro-adulescente. Pour le côté Twilight, on n'est vraiment pas déçus. Certaines scènes (par exemple celle dans la nature, près du pont) sont de vrais copier-coller ( pas de la meilleure qualité). Mais pour le côté sexe... et bien ce n'est pas l'extase non plus. Déjà on ne voit pas assez Christian Grey nu (alors qu'on a droit a presque toute l'anatomie de l'actrice qui incarne Ana), et les scènes SM sont vraiment trop centrées sur le fouet, le martinet et la queue de pan (??!!). Le tout dans une atmosphère très sombre, avec des musiques extrêmement lassives (reprises de rythmes actuels d'ailleurs), ce qui va bien dans l'ambiance. 
Pour avoir lu le livre, je peux dire que le film est vraiment un concentré mal dosé de la personnalité de Christian (celle d'Ana était ô combien plus simple à diluer... enfin à concentrer...). Il se montre une fois ou deux maniaque du contrôle, il lui intime de manger une seule fois (alors que dans le livre on a l'impression qu'elle prend 10 kilos!), et surtout... il sourit trop !! Même si c'est toujours difficile de condenser 600 pages en deux heures, ils auraient insister sur Christian. C'est quand même un film de nénettes !

Venons-en à Ana : j'étais un peu déçue de l'actrice en visionnant la bande-annonce, mais finalement, elle est bien dans le rôle. A part le fameux mordillement de lèvre fort peu naturel, elle a tout pour plaire. Mal coiffée, naïve, mal attifée (même après le relooking de Christian, et OMG ces chaussures-babouches moches !!! et la robe blanche bizarre du début ("Taylor a des goûts très sûrs", OMG ...) et toujours aussi vierge... et femme-objet !!! Parce que certes leur romance fait passer la pilule, mais elle accepte quand même de devenir le jouet sexuel et pire encore, l'objet de perversion de Christian (les images choquent davantage que les mots, j'avais moins ressenti  cette aliénation stupide et choquante à la lecture du livre). Dans le film en revanche, la romance entre les deux personnages, et le charme envoûtant de Christian Grey ( pas de l'acteur, mais de l'homme), font vraiment leur effet. On grimpe au 7ème ciel avec Ana quand il l'emmène en hélico et en planneur, on planne aussi quand il lui joue du piano et autres trucs éminemment romantiques (mais qui n'arrive jamais, sauf au cinéma, alors on est servies!). C'est d'ailleurs les seuls moments où Ana grimpe au 7ème ciel, mais j'en ai déjà parlé. On a vraiment un dosage assez peu subtil entre la romance bourrée de clichés mais qui fait son effet (voilà le peu de plaisir que j'ai eu, en plus de mater un quart de seconde les fesses de l'acteur et une minute à peine son buste parfait...), et le sado-masochisme poussé à l'extrême (force claques et fouettages). 

En résumé, je suis contente de l'avoir vu, j'ai quand même pu fantasmer un peu sur Christian... mais quand même, quand on y pense, c'est hyper honteux d'utiliser une romance pour faire la promo des pratiques SM et de l'aliénation féminine au charme masculin (même s'il l'emmène au resto en hélico...!). 


samedi 14 février 2015

Miss la Gaffe se la ramène, encore !

Je viens de terminer avec un grand plaisir mais aussi avec un peu de peine le dernier tome (enfin le 2ème, mais je l'ai lu en dernier) de la série des Miss La Gaffe, de Meg Cabot. 
J'ai trouvé que c'était le meilleur des trois. 
L'histoire est bien menée, les flash back légers et bien agencés dans la trame principale, les événements sont sympa et pas pesants, bref, une construction romanesque très réussie selon moi !
Pour le reste, je tiens à exprimer quelques bémols. Mais avant ça, un petit toppo pour vous raconter :).
Dans ce deuxième tome de la série, Lizzie s'installe à New-York avec son chéri français, Luke. En plus d'être prince, il loge dans un superbe appartement sur la 5ème Avenue, et Lizzie se réveille chaque matin avec un original de Rembrandt au-dessus de la tête. Voilà un peu le décor dans lequel a réussi à se planter notre gaffeuse professionnelle- qui, dans ce tome, réussit à se contrôler plus souvent qu'à son tour ! On se dit donc au début, et elle aussi, qu'elle a trouvé le parfait amour et la vie idéale. Mais c'est bon en vacances, cette vie idéale. Quand la réalité débarque, sous la forme d'un compte en banque à sec et d'un ennui profond, pas d'autre choix qu'aviser. Si Lizzie choisit, à ses risques et périls, de s'installer dans l'appartement de Luke, il lui faut trouver un boulot. Chaz, le petit ami de Sheri, lui en dégotte un de standardiste au bureau d'avocats de son père; toutefois, c'est loin de passionner Lizzie (même si elle devient copine avec une mannequin sans cervelle mais à la trousse à maquillage bourrée d'échantillons gratuits!). Elle est donc ravie de parvenir à être embauchée dans une boutique de rénovation de robes de mariée. Forte de l'expérience de sauvetage de mariée in extremis l'été passé, Lizzie parvient à convaincre le patron, Monsieur Henri, un français proche de la faillite, de l'embaucher à temps partiel. 
Ces deux emplois sont à l'origine de ce qui va lui permettre de se faire un nom et une place de choix dans le monde de la mode, et même du showbizz. Mais je n'en dirai pas plus !
En tout cas, si tout va bien niveau professionnel pour la gaffeuse proche de la guérison, rien n'est moins sûr côté perso. En effet, la vie avec Luke, qui nous est peu racontée, semble bien peu idyllique. S'il est vrai qu'il est plutôt gentil et assez attentionné, l'héroïne ne semble pas totalement "in love" et ne monte pas au septième ciel : la preuve en est qu'elle ne nous raconte rien à ce propos. 
C'est ce que j'adore dans ce genre de roman : l'usage de la première personne du singulier permet d'avoir accès à toutes les pensées de l'héroïne, et pas de n'importe quelle héroïne ! Elle nous fait toujours rire ou au moins sourire avec ses digressions multiples et bigarrées sur tous les sujets, des plus futiles qui soient aux plus sérieux (enfin n'imaginez pas de digressions philosophico-théologiques!), surtout lorsqu'ils concernent ses relations amicales et amoureuses. J'ai l'impression, dans de nombreux romans de Chick-Litt, d'entendre les pensées intimes de Miss Fine dans Une Nounou d'Enfer, que je regardais toujours avec le sourire aux lèvres quand j'étais plus jeune, et c'est vraiment un plaisir !

Juste un petit mot encore sur les relations de notre héroïne : celles-ci sont devenues bien compliquées avec sa cohabitation avec Luke, et les changements de comportement de sa meilleure amie Sharie. Elle passe de plus en plus de temps au boulot, et ça inquiète Chaz, son petit ami de longue date. Comme j'avais lu le tome 3 avant tous les autres, je savais ce qu'il allait se passer, mais ne vous en dirai rien :p ! Concernant ses amours avec Luke, je vous disais que c'était louche, et bien... j'avais raison, et n'en dirai pas davantage !
Ceci m'amène tout naturellement à évoquer les petits bémols qui m'empêchent de mettre un 10/10 à ce roman (enfin si je mettais des notes aux livres, ce qui n'est pas le cas, sans doute parce que l'impression que j'ai de nombreux romans dépend du moment où je les lis, ce que je trouve très biaisé comme critère de notation...). Le premier (et peut-être bien le seul finalement...) concerne le personnage de Luke. Dans le tome 1, il semble vraiment être le garçon parfait, sympa, compréhensif, intelligent, cultivé, pas collant, raffiné, bref, le prince charmant. Mais dans le tome 2, si Lizzie profite un peu dans les faits de son statut de prince, elle ne semble pas retrouver celui qui l'a si bien consolée dans le train pour la France dans le premier volet, et nous non plus d'ailleurs. Le personnage de Luke est vide, décevant, presque ridicule. Alors soit l'auteur ne l'a pas assez travaillé, ce dont je doute, soit c'est fait exprès pour expliquer la chute du roman. Il est tellement décevant, gentil mais sans plus, coquille vide qui habite avec Lizzie sans faire grand chose, on évoque à peine ses performances amoureuses et surtout, on n'entend parler de lui en bien qu'à travers les fantasmes de mariage de Lizzie. Même Chaz, son meilleur ami, ne cesse de le critique (enfin on comprend assez rapidement pourquoi!). Bref, très déçue. Ceci étant, le personnage de Lizzie est toujours super, elle mûrit (sans l'aide de son petit ami même, ou bien à ses dépends) et ses remarques sont amusantes sans être ridicules. Shérie évolue elle aussi, mais dans l'ombre. Chaz n'apparaît pas beaucoup, mais c'est plutôt à son avantage (même si ça n'est pas dans le sens "séduction"). 

Voilà donc mon bilan sur ce roman que j'ai adoré. Chaque fois c'est un plaisir de laisser filer les pages. Pour moi, c'est comme regarder une bonne série sans prise de tête, et j'adore ça ! 
Ajoutez à cela une héroïne super sympa, une construction romanesque dynamique et bien ficelée, et les amatrices de Chick-Litt seront comblées ! Ultime minuscule bémol : ne faites pas attention aux coquilles qui font mal aux yeux, mais ne gâchent rien du texte, qui n'est pas un chef-d'oeuvre de style bien sûr. 

dimanche 8 février 2015

Persée et sa clique

Période régression, épisode... on ne compte plus !
J'en suis donc au tome 4 de Percy Jackson, lecture régressive dont je n'ai encore jamais (osé?) parler ici. Pourtant, lire ce genre de romans d'aventure fantasy, c'est plutôt sympa, et surtout pas du tout prise de tête. D'accord, ce n'est pas aussi jouissif que la chick litt (le tome 2 de Miss La Gaffe m'attend d'ailleurs, juste après cet article :p), mais il y a du bon dans les aventures de ce jeune demi-dieu, fils de Poséidon. Même s'il n'a pas les talents d'un Harry Potter, les aventures de la clique de Percy sont tout autant, si ce n'est plus, pleines de rebondissements. Certains épisodes s'enchaînent vite, trop vite peut-être, mais c'est ce qui me plait. Pas (trop) de pathos, pas (trop) de fioritures, tout avance vite (pas forcément bien, mais vite). En plus, à chaque chapitre, il y a des références plutôt subtiles et humoristiques à la mythologie grecque et romaine (je fais donc la promo de ces romans auprès des jeunes élèves de 10 ans et plus, qui deviendront alors incollables en mythologie). On a donc l'impression de s'instruire un peu, tout en lisant des aventures de folie (où tout se résout assez aisément parce que, tout de même, ils ont les dieux pour les aider). 
Plus les romans avancent, plus Percy évolue, et ses émotions avec lui. Il est de plus en plus questions de sa fidélité en amitié, mais aussi et surtout, ce qu'on attend tous, de ses amours. Il ne se passe pas grand chose dans ce tome là, mais on sent que ça avance, et qu'il mûrit. J'aime beaucoup d'ailleurs le personnage d'Annabeth, tiraillée entre sa passion pour Luck et sa granddddee amitié (...!) pour Percy. Il y a aussi Grover le satyre et Tyson le cyclope, qui mènent une quête pour retrouver Pan. Quant à Percy et Annabeth, notre futur petit couple de choc, ils arpentent les allées du Labyrinthe de Dédale, à la recherche de l'inventeur génial.
On révise ses classiques, on écoute les idées étranges d'un ado plongé dans un monde surréaliste, on rencontre Calyspo, Poséidon, Hépahïstos et d'autres encore, dont on perçoit les failles, les tristesses, les faiblesses. Même si on est dans un roman d'aventures, il y a beaucoup d'émotions et de sentiments dans ce roman, où même les dieux romains ont quelque chose d'humain. Bref, la mythologie et l'adolescence comme vous ne les avez jamais vus ! 
Je conseille donc très vivement ce roman pour les jeunes (c'est la prof qui parle) et les moins jeunes (parole de lectrice qui veut souvent se détendre). 

Concernant le tome 4, je dois dire que j'ai retrouvé les mêmes genres d'aventures que dans les autres tomes. En plus, il y a avait des références aux épisodes précédents que je n'ai pas toujours réussis à me remémorer (ai-je bien lu le tome 3?) mais il y a suffisamment d'indices pour qu'il soit possible de lire ce livre presque indépendamment des autres (plus qu'Harry Potter par exemple, enfin je postule de cela sans avoir testé, donc bon...). 

dimanche 1 février 2015

Bérénice, une tragédienne

Isabelle Stibe, Bérénice 34-44 
(Prix Simone Veil 2013, Prix des Grandes Ecoles 2013, Prix ENS Cachan 2013)

Le titre aurait pu être celui d'une nouvelle version de la pièce de Racine que l'on connaît, à la manière de Giraudoux et son Amphytrion 38. Or ce n'est pas une pièce de théâtre que nous livre Isabelle Stibe, mais une fiction plus réelle que l'Histoire. Elle nous raconte l'histoire de Bérénice, une jeune fille née de parents juifs qui ne rêve que de théâtre. On a plaisir à suivre son évolution vers sa brillante carrière de tragédienne. Mais cette carrière, comme l'indique le titre, sera aussi brève qu'elle fut brillante. Même si elle a réussi à longtemps le cacher, Bérénice est juive. Et inutile de rappeler qu'il ne fait pas bon être juif dans les années 40 ... 

L'histoire se résume à cela, mais pourtant c'est un roman que j'ai beaucoup apprécié. J'aurais pu craindre le déjà vu, les références à la Shoah étant plus que fréquentes dans nombre de romans, mais ce que propose Isabelle Stibe est passionnant sans tomber dans le cliché. La manière dont elle nous raconte le parcours de Bérénice est plutôt palpitante, de l'interdiction paternelle aux succès de la Comédie Française, en passant par le conservatoire et les cours de Louis Jouvet. Bérénice n'a pas existé, mais ce qu'on nous raconte est très proche de la réalité, avec les références aux sociétaires connus et aux éminents lieux parisiens. On plonge avec plaisir dans l'univers de la Comédie Française, on lit avec envie les titres de pièces jouées dans cette éminente maison, on admire Bérénice qui parvient à retenir tous ces rôles. 
Et puis arrive la guerre, et loin des clichés encore, on découvre ce qu'il advient d'un artiste pendant cette période indescriptible de l'Occupation et de la traque des juifs. Que devient-on quand on ne sait rien faire d'autre qu'interpréter les textes des autres sur scène et donner le maximum d'émotion ? Que devient-on quand on ne sait rien faire d'autre qu'être une actrice extrêmement douée, mais juive ? Avec la guerre, le rêve de Bérénice se brise. Toutefois, elle parvient à mettre l'énergie de son talent au service d'autres causes, et s'en sort. Jusqu'au jour où jouer la comédie, même dans la vraie vie, ne suffit plus, et où ce qu'on est vraiment nous trahit...

Un bon moment de lecture malgré quelques longueurs. Je comprends que le choix des élèves de l'ENS Cachan ce soit porté sur ce roman, qui fait la part belle aux descriptions de la Comédie Française et surtout du cursus honorum qui permet d'y accéder. Il est également question des recherches musicales de l'amant et mari de Bérénice sur le drame-opéra, une référence pour les étudiants en musicologie (d'après l'auteure). Forcément tout ceci aura touché les étudiants parisiens, avec en plus une certaine poésie du récit, un sens du tragique et des références plus qu'intéressantes. 

samedi 24 janvier 2015

Miss La Gaffe : tome 1

De la chick-litt en barre concentrée !

Le premier tome de la série des Miss La Gaffe (dont j'ai lu le dernier des trois pendant les vacances
de Noël) m'a encore plus plu. Il arrive plein de choses abracadabrantesques et savoureuses à Lizzie Nichols : partir retrouver en Angleterre un mec avec qui elle est sortie une nuit, se rendre compte qu'il est inattentionné au possible et simplement intéressé par ses sous, fuir en France retrouver sa meilleure amie Sheri et tomber, par hasard, sur le fameux Luck... (dont en entend parler de manière si péjorative dans le tome 3 !).
J'ai beaucoup aimé les différentes ambiances du roman, l'attente anxieuse à la gare, l'arrivée dans le château français, la préparation anxieuse d'un mariage ... bref, que des thèmes de nénéttes, mais traités avec humour et à travers le caractère enjoué et décomplexé (ou presque, s'il ne s'agit pas de rondeurs, de régime ou de pratiques sexuelles inavouées !) de Lizzie. 
Toutefois, même si j'ai passé de très bons moments (comme je ne cesse de le sériner, rien de tel que la chick-litt pour se détendre ! ), j'aurais quelques petites remarques négatives à émettre. Mais vraiment petites les remarques, parce que ce roman est vraiment sympa, encore plus que le tome 3 qui m'a déjà beaucoup plu, donc ce serait faire preuve de mauvaise foi que de le démonter.
Jusqu'à l'arrivée de Lizzie en France les évènements s'enchaînent très rapidement, et c'est plutôt amusant. Cependant, une fois arrivée au pays des froggies, les évènements perdent de leur superbe (là où le décor en gagne : la Dordogne, un château, des vignobles,... un petit côté paradis à la Nerval (sans le style s'entend, mais bon ^^)). Entre le mariage de la cousine, la découverte des nippes dans le grenier, les flirts avec Luck... il y a beaucoup de choses et on s'y perdrait presque. Certains passages sont un peu longs aussi, comme ceux où Luck et Lizzie échangent à propos de leurs choix d'avenir, ou encore les bourdes de Lizzie que chacun ne cesse de répéter.
Bon, en écrivant tout cela, je me dis que j'exagère, parce que c'est bien ce genre d'histoire et de style qu'on s'attend à trouver en ouvrant un roman de cette trempe. En fait, Meg Cabot répond aux canons du genre avec brio : poser les jalons d'un coup de théâtre qui ne tardera pas à se produire, plus ou moins tard. Ainsi méfiez-vous des personnages qui semblent insignifiants, car ils auront sans doute un rôle à jouer à un moment ou à un autre. C'est sans doute cela qu'on peut alors le plus reprocher à ces romans : le peu de profondeur sur les personnages, et encore, si ce n'est surtout, le manque d'informations que l'on a sur leur caractère. Ce sont donc de bons stéréotypes, efficaces à souhait, mais qui, moi, me laissent un peu sur ma faim... Heureusement que le tome suivant laisse présager de sympathiques découvertes sur les héros principaux...

La seule véritable critique que j'aurais à émettre est toutefois celle-ci : j'ai été surprise, sinon presque choquée (au-delà du fait que je me suis dit que j'avais entre les mains un roman pas si régressif que ça) de lire les deux avants-dernières pages comme tout droit sorties de l'érotiquement célèbre Cinquante Nuances de Grey... Certes la couverture du livre stipule que certaines scènes peuvent choquer et qu'il est donc conseillé aux plus de quinze ans, le roman appartient tout de même à la littérature de jeunesse... On reproche aux nouvelles générations d'être "très au courant", mais si la littérature s'y met aussi...

Bref, en dépit de ce petit bémol flouté, un excellent moment de lecture ! 

vendredi 16 janvier 2015

Ca y est, j'ai lu Charlotte !

Ces derniers temps, rares sont les livres qui m’ont fait cet effet là… Non pas seulement (sans doute) à cause de la qualité littéraire bien moindre de certains ouvrages fort distrayants dont je vous faisais l’apologie il y a peu ( !),  mais aussi sans doute en raison de la teneur émotive de celui-là. En plus, je suis à chaque fois sensible aux romans qui évoquent les artistes, d’une manière ou d’une autre (Beauvoir in Love ou Lennon en sont de bons et récents exemples). Ce roman traite donc de Charlotte Salomon, jeune artiste juive morte enceinte en camp de concentration, à l’âge de 26 ans. Ces quelques derniers mots suffisent à planter le décor de ma lecture d’hier soir… Je ne me sentais vraiment pas bien à la fin, ébranlée même. Elle m’a beaucoup fait réfléchir à la mort, à la création, au fait d’avoir quelque chose à faire, à créer avant de mourir. Et puis forcément, on repense aux atrocités nazies et à l’oppression de cette époque. Merci donc, d’abord, pour ces réflexions et ces émotions. Ceci étant, me direz-vous, il y a bien et bien d’autres livres sur le sujet, et tous génèrent en nous ce trop plein d’horreur, d’affliction et d’émotions. Certes. Mais celui-là a quelque chose en plus.
Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

Sans crier au chef-d’œuvre, je dois dire que la forme de la prose de Charlotte est intéressante. La première fois que j’ai ouvert le livre dans une librairie, il y a quelques mois, je l’avais aussitôt refermé. Un roman en vers, quelle idée ! On n'est plus chez Racine, on va se perdre avec la musicalité, et puis on ne va rien comprendre, et puis ça va être lourd, etc etc. Je l’ai donc refermé presque avec dégoût, du moins avec déception. Je n’allais pas lire de si tôt le dernier Foenkinos. Puis un jour je l’ai entendu parler de son roman à la radio (forcément, en étant aussi primé, on en parle). J’ai entendu qu’il n’avait pas essayé de faire rimer les mots entre eux, et surtout qu’il n’avait pas réellement fait des vers. Ouf. Je me sentais déjà plus encline à m’y intéresser. Et puis j’ai lu un article sur les exo-fiction : néologisme disgracieux et un peu barbare, qui désigne le fait d’écrire sur un autre (matrice spirituelle, leitmotiv obsessionnel dans le cas de Foenkinos), tout en parlant, un peu ou beaucoup, de soi. Si quelqu’un, ou du moins la vie de quelqu’un (et surtout d’un artiste) nous obsède, c’est sans doute parce qu’une part de nous s’y reconnait (ou aimerait s’y reconnaître). La compréhension de la vie de l’autre, sa mise en mots, pourrait donc permettre de mieux se comprendre soi, ou du moins de soulager l’obsession. Bref, Foenkinos aurait écrit un texte à la nouvelle mode, avec un style original.
Dès que j’ai pu me le procurer (en VIP au CDI de mon lycée, ouahou, ou du privilège d’être prof de Français ^^), je me suis lancée dans la sa lecture.

Lancée est le bon terme, puisqu’avec un style pareil, on ne peut que se lancer et essayer de suivre le mouvement. Les phrases se succèdent, courtes ou très courtes. Une phrase par ligne, aller à la ligne à chaque point, c’est le principe. Ce serait le seul moyen qu’aurait trouvé l’auteur pour se délester de ce thème qui l’obsédait.  Et puis, suite à quelques recherches, j’ai vu qu’il avait essayé d’écrire comme un Lied allemand (poème accompagné par un instrument), ce qu’il expliquerait le pastiche de vers. Il a peut-être aussi essayé de reconstituer quelque chose des inspirations de Charlotte Salomon elle-même : dans Vie ? Ou Théâtre ?, son œuvre, elle joint à ses peintures de tableaux et des indictions musicales. Une jolie solution pour lui rendre hommage.
Je vous disais donc qu’on est comme happé par cette écriture haletante, qui fait des pauses pour repartir aussi vite, qui ne nous laisse pas de répit et qui pourtant m’a fascinée (dans le sens où je ne pouvais décoller du livre, je l’ai lu en deux soirs (si le temps et la fatigue l’avaient permis, je l’aurais avalé d’un coup d’un seul)). Hier soir il me restait la moitié à lire, et je me suis posée dans mon lit sachant que j’allais partir en voyage, et ne retrouver la réalité qu’une centaine de pages plus tard. C’est ce qui s’est passé, le sentiment de malaise évoqué plus haut en plus… Je m’en serais passé, mais c’est ce qui m’a donné cette envie d’écrire, dès le lendemain matin.

J’ai donc aimé ce roman. Non pas que son écriture, dans le choix des mots, soit le fait d’un maestro. Foenkinos reste pour moi le type qui écrit des livres sympas, dans un style fluide sans pour autant sombrer dans le ridicule. Ce n’est pas de la chick-Litt (je pense au Potentiel érotique de ma femme), ce n’est pas non plus de la grande littérature, mais ça donne souvent à gloser (je pense à Lennon ou à Charlotte) ou glousser (Je vais mieux).
Le style mis à part, j’ai aimé trouver quelques phrases que j’allais prendre plaisir à citer ici, et qui m’ont permis de faire des ponts avec ma réflexion sur l’exo-fiction.
 C’est Alfred, le professeur de chant dont Charlotte est passionnée, qui parle :

J’ai écrit un texte… disons… très personnel.
Oui, ce livre ne parle que de moi.
Il me semble qu’une œuvre doit révéler son auteur.
Enfin, je n’ai rien contre la fiction.
Mais c’est du divertissement tout ça.
Et les gens ont besoin de se divertir.
C’est leur façon de voir la vérité.

Il me semble qu’une œuvre doit révéler son auteur. Même s’il ne parle pas exactement de cela, je me dis qu’il y a un peu de Foenkinos derrière cette remarque, surtout si on considère que c’est bien une exo-fiction. Les autres phrases sur la fiction sont également intéressantes, puisque Foenkinos écrit beaucoup de romans divertissants. Il veut donc nous montrer la vérité !

Voilà, je pense avoir dit ce que j’avais à dire sur ce roman. Je suis heureuse d’avoir renoué grâce à lui avec la véritable réflexion littéraire (même si, d’accord, ce n’est pas le chef-d’œuvre du siècle, uniquement celui de l’année selon les lycéens, mais c’est déjà bien). Je conseille donc vivement ce roman, pour sa forme originale, la fluidité de lecture et surtout, surtout, à cause de l’histoire de Charlotte Salomon.
Toutefois attention aux âmes sensibles parce que tout de même, c’est un peu glauque, et ce dès le début : Charlotte appartient à une lignée de suicidaires. Sa mère, la sœur de sa mère (la première Charlotte), sa grand-mère, et bien d’autres encore. Et elle, elle va mourir jeune mais en contre-pied, puisqu’elle portera la vie.
Une fort belle histoire cependant, et un livre dont je comprends qu’on en parle à ce point. 
Sans que pour autant tout ce blabla suffise à le hisser au rang de chef-d’œuvre.


mercredi 14 janvier 2015

Spécial suspense made in Kasischke

Laura Kasischke est vraiment la pro du suspense. Elle parvient à sous-tendre une histoire somme toute fort simple d'une tension quasi impalpable, mais pourtant oppressante. C'est encore pire si on connait cette auteur, puisqu'on sait que ce qu'on lit n'est qu'une perception déformée de la réalité des faits... C'est oppressant, frustrant,... mais j'adore ça !

Je crois que son talent en la matière a atteint son paroxysme avec Esprit d'Hiver. Elle nous raconte l'histoire d'une mère et de sa fille restées coincées chez elles un jour de Noël à cause d'une tempête de neige.
On se réveille avec la mère, prise en ce matin spécial d'un intense besoin d'écrire. Une phrase la hante "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusqu'à chez eux". Ce leitmotiv angoissant revient sans cesse et nous met la puce à l'oreille. C'est quoi cette histoire de Russie ? Et puis qui les a suivi ? Un fantôme ? Un agresseur ? Et pourquoi ? Ah Laura Kasischke, quel talent pour nous mettre dans l'embarras le plus opaque et faire psychoter le lecteur ! On comprend un peu mieux les choses dès lors qu'entre en scène Tatiana, la fille d'Holly. Dès le début les tensions sont palpables entre la mère et sa fille, obligées de rester dans leur huis-clos (le père est parti chercher les grands-parents à l'aéroport, et va y rester bloqué à cause d'une tempête de neige). D'emblée ce malaise entre les deux protagonistes a conféré un autre intérêt à l'histoire en mettant en avant les relations mère-fille, thème qui sera traité tout au long du livre. A travers ce canevas classique,  l'auteur distille, (peu à peu, pour bien nous faire languir !) des informations éparses sur les origines de la jeune fille, lesquelles sont liées aux obsessions de la mère. On comprend plus ou moins bien le sens de la phrase initiale, et ce qu'on comprend est de plus en plus angoissant,  sans qu'on parvienne pourtant clairement à expliquer pourquoi. Les tensions s'intensifient, l'angoisse de ne pas revoir les autres pour le repas de Noël augmente, la tempête de neige avec ... jusqu'au moment où des mots, on en passe aux mains...
Frustrant n'est-ce pas ? Ainsi sont faits les livres de cette auteur selon moi géniale, qui nous laisse sur le fil... Ouvre l'oeil lecteur, semble-t-elle nous dire. Ouvre l'oeil et peut-être que tu saisiras le mot, la situation, le détail qui fait que ce qui se passe n'est pas réel, est simplement le fait d'un point de vue malade, gêné, gêné comme Meursault et le soleil, qui le pousse à tirer sans savoir pourquoi. Tout est là, dans le choix du point de vue et des indices qu'elle choisit ou non de nous livrer. 

Je me suis dit qu'un de ces jours j'aimerais relire ce roman à la lumière de sa chute, et que beaucoup de passages prendraient un autre sens. C'est vraiment une chute énorme et qui donne vraiment, vraiment froid dans le dos. Le titre est bien trouvé, entre le souffle glacial du fantôme et l'atmosphère chaleureuse de l'hiver. Je crois que c'est cet entre-deux, entre thriller et quotidien, qui fait tout l'intérêt de ces romans.
Un bon article des Inrocks sur ce roman.
Je devais d'ailleurs le lire pour le Challenge Cold Winter de Dolorès, mais finalement, je vais l'avouer ici... je l'avais lu avant le début du Challenge (.......shame on me !) et finalement j'abandonne le challenge. Trop de contraintes pour le moment, je préfère vraiment lire les livres selon mes envies immédiates. La liste, fort peu pour moi pour le moment ! Mais peut-être une autre fois !

Je voulais juste ajouter un petit mot sur la couverture du Livre de Poche, que je trouve superbe et bien choisie, avec l'atmosphère glaciale mais pourtant mignonette, et cette boule à neige métaphore du huis-clos. Et même, il fait une belle déco ! 

Je vais continuer avec celui que je viens de terminer, un des seuls que je n'avais pas encore lu de cette auteur : La Couronne Verte. Le titre et la couverture sont surprenants, ce qui explique peut-être pourquoi, même s'il est sorti depuis un certain temps, je ne l'avais jamais encore acheté ou lu.
Une nouvelle fois elle met en scène des jeunes gens (comme dans Les Revenants, Un oiseau blanc dans le blizzard, Rêve de garçons,...), trois jeunes filles plus précisément. A la fin de leurs études au lycée, elles partent en vacances pour le fameux Spring Break, passage obligé pour tous les futurs étudiants voulant plonger à plein dans une nouvelle vie où tout est permis. Les trois amies partent donc seules à Cancun, dans un Club Med où tout est Sea, Sex and Sun. Mais l'aventure ne tourne pas comme elles l'auraient souhaité... Il y a bien la mer, le soleil et le sexe, mais sans les bons côtés. Sous ce climat tropical, elles vont bien vivre l'aventure de leur vie; toutefois, ce ne sera pas celle qui leur laissera seulement le goût pâteux de la gueule de bois...

Là aussi Laura Kasischke excelle dans la manière qu'elle a de planter un décor et une situation, et de d'instiller peu à peu l'angoisse et le doute dans l'esprit de ses personnages et, par leur intermédiaire, dans celui du lecteur. J'adore essayer de chercher les petits indices qui permettraient de présager de la chute, forcément glauque et surprenante. J'ai réussi à deviner un peu avant la fin ce qui avait pu se passer, ce qui n'a pas du tout été le cas avec Esprit d'Hiver. Une autre différence aussi est que le dénouement de La Couronne Verte nous laisse imaginer plusieurs situations possibles, ce qui nous soulage un peu. Dans l'histoire de Tatiana, ce n'est pas du tout le cas, ce qui nous met face au côté irréversible de la situation et laisse un sentiment de malaise. Ces livres sont fouillés, bien écrits, réfléchis et vraiment balèzes. Pour moi, ce sont vraiment de grands thriller. Je ne m'ennuie jamais au cours de la lecture, et j'avale les pages pour parvenir enfin au dénouement tant attendu. 
Je pense qu'on ne peut pas rester indifférent à la lecture d'un de ces romans, qui peuvent sembler simples, courts et sans recherche au niveau de l'intrigue. Or c'est au niveau psychologique que tout se passe, ce qui les rend passionnants. 

samedi 10 janvier 2015

Bilan littéraire and Co pour 2015

Il semblerait que ce soit la tradition, chez les bloggeurs littéraires, d'écrire un bilan d'année, en début d'année. Je trouve que c'est une bonne idée, alors je me lance ! 
Cette année je me suis remis à la lecture, non pas avec un grand L mais à la lecture-plaisir, à bonne fréquence en plus. A partir du mois d'avril j'ai également relancé sérieusement ce blog, ce qui m'a fait beaucoup de bien. En plus, je commence à avoir pas mal d'adresses à visiter et pas mal de visiteurs, alors MERCI les amis bloggeurs :) 

Je parlais à l'instant de lecture-plaisir et non de lecture avec un grand L : je m'explique. Depuis l'année 2014, j'ai découvert que j'avais énormément envie de lire les livres que je rejetais avant, c'est à dire la littérature de jeunesse et la littérature girly, en passant par les romans à succès. Ces livres m'ont finalement fait un bien fou. J'ai commencé à reprendre plaisir à lire avec la série de La Guerre des Clans, en litté jeunesse, et ai poursuivi avec les Percy Jackson. Je crois que je peux dire que ces livres, découverts grâce à mes élèves, m'ont quasiment sauvé la vie en me permettant de me remettre à lire. 
J'ai ensuite enchaîné avec d'autres lectures, plus ou moins légères et faciles. En feuilletant mon blog, je me rends compte que je ne me suis pas contentée de livres simples ou contemporains. Il y a un classique qui, je l'écris même, m'a sauvée la vie : Jane Eyre, de Charlotte Brönte. C'est pas avec plaisir inouï que j'ai renoué avec la lecture de dévoration, quand vous avalez les pages par dizaines, voire par centaines en l'espace d'un week-end. Tout cela m'avait vraiment manqué !

Un autre énorme coup de coeur de l'année est le livre d'Irène Frain, Beauvoir in Love. J'ai vraiment adoré, ça m'a rappelé ma folie Beauvoir, et en plus ce livre est vraiment très agréable à lire. Cette fin d'année a également brillé par le bling bling léger de la CHICK-LIT, que j'ai découvert avec Nathalie Roy et ses Charlotte Lavigne. Ce sont des romans super frais sans être cul-cul, et j'attends la suite avec impatience. J'ai également succombé au charme de l'Accro du shopping et de quelques autres. Ces romans me font du bien, et j'ai enfin eu accès à ce plaisir de la lecture que je n'avais plus connu depuis l'enfance et mes Harry Potter ou autres A la croisée des Mondes : plonger dans un livre et y passer de meilleurs moments que devant le meilleur film possible au cinéma.
2014 a également été marquée par une forte présence auctoriale dans mon blog : celle de TATIANA de ROSNAY. Comme je devais la rencontrer avec mes élèves (je dis devais, et oui, mauvaise nouvelle de l'année, elle ne viendra pas, elle est trop prise par la promotion de son prochain livre sur Daphné du Maurier... j'étais bien amère...) je me suis lancée dans sa bibliographie avec grand plaisir, et ai fait de belles découvertes (Elle s'appelait Sarah, et surtout A l'encre russe, qui détonne par rapport à ses autres romans mais qui reste, je crois, mon préféré). Il y a également une autre auteur qui je découverte avec plaisir (conseillée par la directrice de l'IALH d'Angers, Anne Prouteau) : Laurence Tardieu. La plupart de ses romans m'ont beaucoup plu, et plus particulièrement ses deux derniers écrits : La Confusion des Peines et L'écriture et la vie

Un bilan assez riche finalement, après presque un an d'aridité quasi totale... 
Je suis heureuse d'avoir renoué avec la littérature, et encore plus avec le plaisir de lire. Je ressens ces derniers temps l'envie de me replonger dans certains classiques, mais mon besoin de fiction et d'images me porte plus volontiers vers des romans plus simples, plus accessibles, plus immédiats. Je suis d'ailleurs en pleine digestion littéraire ces derniers jours, avec de nombreux livres en cours, de nombreux livres achetés et de nombreux livres empruntés ...
Je vais toucher un mot de ce chaos ici, pour essayer de lui donner forme...

Les livres en cours
Cinquante Nuances plus claires, E.L. James : j'avance par à-coups, c'est agréable de retrouver ces personnages et de lire ça tranquillement le soir dans son lit (surtout quand chéri n'est pas là ^^) mais vraiment, vraiment, il commence à y en avoir marre de cette alternance de "vie bling bling culcul extraordinaire" et de "cul cul cul extra-orgasmico-ordinaire"... Anastasia est vraiment pénible avec sa déesse intérieure et ses bordel de merde permanents, et Christian Grey est décidément trop névrosé. Le charme des débuts, avec la conquête d'Ana, est passé avec leur mariage. Je ne comprends pas trop ce qu'on peut attendre de ce dernier tome... A partir de la 100ème page, j'ai eu une terrible impression de déjà-vu et d'ennui. 

Sexy, Joyce Carol Oates : Je l'ai commencé hier, mais je l'ai presque fini... parce que je l'ai lu en diagonale et ai l'impression d'avoir compris l'essentiel. C'est un joli roman mais il ne correspond finalement pas à ce que j'ai envie de lire ces jours-ci...

Le problème avec Jane, Catherine Cusset : Forte de mon coup de coeur du week-end dernier pour Un brillant avenir, je me suis dit que j'allais peut-être prendre plaisir à m'attaquer à un autre de ses roman, lui aussi primé. Je ne suis pas encore certaine de ne jamais le continuer, mais le début de l'histoire, et les quelques pages feuilletées, me semblent montrer qu'il s'agit d'un personnage bien fade à l'histoire bien banale... L'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ? 

Les livres dans la liste des "potentiels pour ce soir" (nouveaux achats du jour d'ailleurs!)
- Nerfertiti, Christian Jacques : le premier sur ma liste, je vous tiendrai au courant !
- La Couronne verte, Laura Kasischke : le seul d'elle que je n'ai pas encore lu, mais je ne pense pas m'y lancer pour l'instant.

Voilà le bilan de l'année, auquel se mêle le bilan du jour. J'espère que cette glose littéraire me sortira de ma période de digestion ... :)

Et sinon BONNE ANNEE et bonnes découvertes littéraires surtout !!!!!
Sans oublier que même sur les blogs littéraires, on est tous CHARLIE. 

samedi 3 janvier 2015

Deux brillants destins

Un brillant avenir, Catherine Cusset 

Une fois n'est pas coutume, j'écris cet article à chaud après la fin de ma lecture. Au moins je ne vais pas oublier le prénom des personnages, comme c'est très (trop...toujours...) souvent le cas. Mais le souci du détail n'est pas la seule raison de mon exaltation. Je me rends compte que je vais avoir du mal à commencer un autre livre ce soir, un livre dans lequel je ne vais pas retrouver Elena (Lenouch), Marie, Alexandru et Jacob (vous voyez que je me souviens des noms!). Ces personnages m'ont vraiment émue. Leurs destins croisés, soudés et presque semblables, sont prenants et touchants.

Pour continuer sur ma lancée de changements (bonnes résolutions de 2015? BONNE ANNEE à tous et toutes d'ailleurs :)), je vais tenter un bref résumé de ce roman qui a obtenu le prix Goncourt des Lycéens en 2008. Le premier chapitre correspond quasiment à la fin de la période historique que l'on traverse et qui commence dans les années 40. S'entremêlent ensuite des chapitres qui narrent l'histoire d'Elena, jeune roumaine qui devient chercheuse dans le domaine du nucléaire (un poste impressionnant, surtout pour une femme et pour l'époque), épouse un juif (Jacob) et parvient à émigrer en Israël puis aux Etats-Unis. Son histoire, bien que prenante, n'aurait pas eu autant de sel si elle ne s'était entremêlée à celle du couple que forment Marie et Alexandru, son fils et sa belle-fille. Alexandru a suivi ses parents dans leurs diverses pérégrinations pour fuir les désordres politiques de la fin du XXème siècle dans les Balkans (je dois avouer que les questions de politique, d'antisémitisme latent et de révolution n'ont eu que peu de prise sur moi... et celles qui me connaissent n'en seront pas surprises. Toutefois le courage des personnages m'a donné un aperçu de la peur et de l'insécurité liés à la vie dans ces pays...). Il connait donc plusieurs langues et plusieurs cultures. Mais c'est vers la France que va finalement se tourner son amour, en la personne de Marie, une parisienne pure souche, et un brin stéréotypée au début. La Française par excellence. 
Autant dire que le courant ne passe pas très bien entre les beaux-parents et leur pétulante belle-fille. Cela va causer bien des ennuis au couple, qui va se séparer, se rabibocher, pour enfin se marier tout en vivant à des milliers de kilomètres l'un de l'autre (à cause du travail et des offres d'emploi difficiles à obtenir pour des étranger aux Etats-Unis (surtout pour Alexandru qui est roumain et a un fort accent). Ceci étant, les choses vont finir par s'arranger, plus ou moins bien, mais elles s'arrangent. 

Il y a plusieurs choses qui m'ont beaucoup plu dans ce roman : tout d'abord le personnage d'Elena, très fouillé et vraiment complexe. Même si elle a vécu une existence hors du commun et révolutionnaire pour son époque, elle est extrêmement rétive et protectrice vis-à-vis des choix de vie de son fils unique, pour qui elle rêve du fameux "brillant avenir". Sa haine primordiale envers sa belle-fille, qui réussit et prend la vie comme elle vient, peut paraître étrange puisqu'elle a elle-même toujours été un battante et s'est toujours opposée aux choix de ses parents (notamment quand elle a épousé Jacob et émigré). Mais finalement, peut-être est-ce à cause de ces ressemblances, et du fait qu'elle souhaite pour son fils une existence emprunte de moins de heurts que la sienne, qu'elle la prend en grippe. Elle va jusqu'à persuader Alexandru de la quitter. Le caractère d'Elena a vraiment évolué avec le temps, et s'en est presque effrayant. Les quatre parties du roman, "fille", "amante", "épouse et mère" et enfin "veuve", toutes les étapes de la vie d'une femme, montrent qu'il est peut-être davantage le livre de la construction, déconstruction et reconstruction de soi, de son identité humaine, politique et morale. Elena (qui devient ensuite Helen) est un personnage mouvant, flottant, presque insaisissable, mais que l'auteur a réussi à croquer avec succès. 

Ce qui m'a beaucoup touchée ensuite est le lien qui unit Elena et Jacob. A côté d'eux, le couple de Marie et Alexandru semble bien fade. Ils sont extrêmement amoureux mais surtout très unis, et traversent toutes les difficultés de leur destin de réfugiés politiques main dans la main. 

Un très beau livre sur l'identité, les femmes, les relations familiales et le poids des origines. 

Petite remarque, anecdotique ; je possède ce roman depuis très longtemps, et me dis depuis fort longtemps que je vais le lire. Depuis tout ce temps (on parle de plusieurs années!) je pensais que ce roman racontait l'histoire d'une jeune fille qui faisait des études étonnantes et vivait une vie de lycéenne hors du commun. Sans doute à cause d'un mic-mac dans mon esprit entre le "brillant avenir", la jeune fille de la couverture et le fait qu'il ait gagné le prix des lycéens (comme si les lycéens devaient absolument primer des romans qui parlent d'eux...). Etonnant ces livres qu'on fantasme avant de les connaître ! Finalement rien à voir entre mon fantasme et la réalité, mais je n'ai finalement pas été déçue. Même si la bribe d'intrigue qui je m'étais inventée m'aurait bien plu ;p. 

mardi 30 décembre 2014

Exemples de Chick-Litt

Demain est un autre jour, Lori Nelson Spielman
Comme l'évoquais judicieusement une consoeur bloggeuse, ces romans ne laissent pas un souvenir impérissable, et je viens d'en faire l'expérience. J'ai lu Demain est un autre jour et l'ai fini il y a une dizaine de jours. Le problème est maintenant que... je ne m'en souviens que bien peu ! 
En me creusant bien les méninges et en convoquant ma mémoire, je me souviens qu'il est question d'une jeune femme dont la mère vient de mourir et dont l'héritage n'est autre qu'une liste des choses qu'elle souhaitait faire de sa vie quand elle avait 14 ans. Les items s'étalonnent de l'achat d'un cheval au fait de devenir maman. Tout ou presque y passe, les clichés vont bon train mais je me suis laissée prendre au jeu. Malgré les énormes ficelles, il n'y a pas un moment où je me suis ennuyée, pas un moment où j'ai voulu lâcher le livre. 
Je n'ai pas réussi à bien cerner ce qu'est le phénomène Life List (indiqué sur la couverture), alors si quelqu'un peut éclairer ma lanterne... Ah si finalement j'ai compris, c'est à cause du titre original (dont je mets l'exemple ici). 
Ceci dit, il est vrai que c'est intéressant de réfléchir aux projets les plus importants de sa vie, et de ne pas perdre de vue ses rêves. Après, cela me surprendrait que quelqu'un réalise les siens aussi vite et aussi miraculeusement que l'héroïne de ce roman ! La fiction a du bon :).

Je profite de ce court article pour évoquer deux autres lectures récentes

Tout d'abord un roman de Meg Cabot, Miss La Gaffe se marie.
C'est le troisième d'une série mais c'était le seul disponible à la médiathèque et en plus le thème m'a particulièrement intéressée (:p). J'ai été agréablement surprise, ce n'est pas seulement un livre pour ado, c'était vivant, sympa, un peu cliché (mais je crois que c'est définitivement le principe de la chick-litt (clich'litt pourrait-on dire...) mais je n'ai pas non plus eu envie de laisser le roman ou de le lire en diagonales. En plus, les diverses remarques historiques ou anecdotiques sur le mariage ajoutaient une épaisseur supplémentaire à l'histoire. Un bon moment pour un début de vacances. 

Le deuxième roman auquel je me suis attelée est celui qui a fait beaucoup parler de lui et qui m'intriguait ; Les gens heureux lisent et boivent du café, d'Agnès Martin-Lugnan. Son roman a d'abord été publié sur Internet puis par un éditeur suite à son succès. Mais je dois dire que je n'ai pas tellement compris ce qui a pu être à l'origine de ce succès... Je me suis considérablement ennuyée à la lecture de ce petit livre bourré de clichés, dont le début était pourtant prometteur. L'intrigue commençait bien, même très bien, on s'attendait à voir la jeune veuve expérimenter la résilience de manière spectaculairement efficace et s'en sortir grandie (cliché mais humain). Or rien n'a été remarquable ni spectaculaire. La jeune femme est certes sortie de sa torpeur, mais grâce à d'énormes clichés et un macho ridicule. J'ai lu les 150 pages du corps du roman (les 50 premières étant les seules qui vaillent le coup) en diagonale, et pourtant j'ai tout compris. Bref, je ne comprends vraiment pas ce qui a permis à ce roman d'avoir un tel succès.
En plus je trouve scandaleuse la tromperie dont est victime tout lecteur un tant soit peu soucieux de la qualité des livres qu'il choisit d'acheter ou tout simplement de lire. En effet, le titre du roman laisse présager une histoire qui convoque fortement la littérature. Rien de tout cela, il est juste question au début du café littéraire que tient l'héroïne. Sinon la couverture : une image à la Doisnau, qui rappelle la couverture de Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan. Une autobiographie éminemment littéraire. Or, vous l'avez compris, encore une fois rien de tout cela. 
En résumé, une publicité mensongère et un packaging trompeur. 
Il est vrai que les gens heureux lisent, mais pas ce roman là... 

jeudi 18 décembre 2014

Petit mot sur la chick-litt

Je suis en train de lire Demain est un autre jour, un nouveau succès de la chick-litt made in USA, et comme j'y prends plaisir, je suis allée voir ce que les autres bloggeuses en pensaient (oui, ce sont surtout des filles qui lisent ce genre de littérature, mais là je ne vous apprends rien, surtout que chick veut dire poulette en anglais, et qu'une poulette est forcément... bon d'accord j'arrête!). Bref je suis donc allée faire un tour du côté de mes collègues (co-logos, qui parlent le même langage, ou qui parlent en tout cas de la même chose, donc je crois que je peux employer le mot collègue ici, et ailleurs qu'au travail !) et ai constaté avec une certaine satisfaction (me disant que je ne prenais pas plaisir à lire un navet que tout le monde déteste) que les avis sont quasi unanimes : la chick-litt, ça fait du bien !!
Mais pourquoi est-ce que ça fait autant de bien de lire des romans qui parlent de gonzesses qui ont plein de copines, qui vivent plein d'aventures, qui ont plein de problèmes surréalistes dans leur ampleur et l'ampleur de leur accumulation (ou bien est-ce l'ampleur qui est accordée à un problème somme-toute banal dans la vie "normale" qui nous étonne?), qui ont semble-t-il une vie idéale et presque enviable (il ne faut pas abuser non plus, surtout pour celles qui sont les reines du shopping et les déesses des escarpins), mais qui ne l'est peut-être pas tant que ça...
Ah, peut-être est-ce là une des clés du succès : malgré leur fraîcheur et leur caractère à toute épreuve, les héroïnes de ces romans (j'ai en tête l'Accro du shopping, la Julie de Gilles Legardinier ou encore ma chère Charlotte Lavigne) vivent des galères (comme nous), ne sont pas toujours contentes de leur sort (comme nous...) et finalement s'en sortent (pas forcément comme nous, mais bon...). La recette fonctionne : une fille à qui on voudrait ressembler tellement elle est bien dans ses baskets et à qui il arrive des "embêtements" (pour ne pas dire des em****), et un happy end au terme de péripéties empreintes de situations cocasses qui nous font bien marrer.
Aujourd'hui c'est la crise, on ne sait pas trop où on va, ce qu'on va faire, ce qu'on peut se permettre ou non dans la vie, et là on nous offre sur un plateau la projection d'une vie qu'on voudrait toutes avoir (avec ses em**** aussi, sinon on serait chez les Bisounours, et fi de l'identification dans ce cas). Et c'est vraiment ça qui est à l'oeuvre : l'identification, dans tout ce qu'elle a de plus rassurant : une héroïne pas parfait, qui nous ressemble un peu, et qui surtout réalise ce que nous n'osons pas imaginer pouvoir réaliser. Au prix de quelques désagréments certes, mais elles y arrive! Ces héroïnes nous sécurisent tout en nous offrant un point de vue optimiste sur la vie et surtout l'avenir. Avec du culot, on peut tout avoir. Voilà ce qu'on y apprend. Et c'est précisément de ce genre de messages que l'on a besoin aujourd'hui je pense.


En plus (et je tiens cette remarque de Keisha, merci à elle!), quand comme moi on ne regarde pas beaucoup de films (tout en allant au cinéma avec chéri voir les blogbusters qui bourrinent !), on est servies. Rien de plus agréable que de se glisser sous la couette avec ces romans où chaque page est une séquence haute en couleurs, qui nous rempli le coeur de baume au chocolat et nous colle des licornes dans les yeux. On passe toujours un super moment, on ressent plein d'émotions, on s'identifie à bloc, notre estime de nous-même est réhaussée parce que ces nanas y arrivent, ... et ça fait du BIEN !!

Tout ceci nous interroge finalement sur ... pourquoi lire ? Et pourquoi lit-on ce qu'on lit ? Qu'est-ce que nos lectures nous révèlent de nous-mêmes et de nos aspirations ?
Ahlàlà j'aurai réussi à lier dans une même page littérature de gare et philosophie de comptoir... Mais n'est-ce pas ce vers quoi le monde arrive ? L'entremêlement de tous les styles ?
Bon je me tais, il se fait tard, et puis mon roman chick-litt m'attend.
Keep calm and read chick-litt.

dimanche 14 décembre 2014

Complètement crâmé

Forte de ma bonne expérience de lecture avec le premier roman que j'ai lu de Gilles Legardinier Demain, j'arrête, je me suis lancée avec circonspection mais non sans espoir dans celui-ci. D'emblée l'histoire m'intéressait moins, mais je me suis dit que c'était tout de même le genre d'histoire que j'avais envie de lire à ce moment là. Une histoire simple, légère, et pleine de bons sentiments. Sans oublier l'humour.
Je ne sais pas ce qui m'a plu dans ce livre, mais je n'avais pas envie d'en sauter les pages. Pourtant à chaque fois je me disais : l'humour du personnage principal est vraiment nul, il est pas drôle, pourquoi je continue à lire ? En plus tout ce qu'il se passe est ridicule, prévisible, on se croirait chez les bisounours...
Mais je gardais je ne sais pourquoi ces pensées à distance, et me laissais bercer par le rythme de ce livre ultra optimiste. L'histoire commence assez mal, le personnage principal avance dans la vie avec ses douleurs et cherche à changer de vie en partant vivre en France, en tant que majordome. Dans la belle demeure de sa nouvelle employeuse, il va rencontrer plusieurs personnages dont la vie va changer. Ils vont se donner la force d'évoluer au contact les uns des autres. Certes c'est très édulcoré, les situations sont hyper-romanesques (voire niaises...) mais j'y ai pris plaisir, et n'avais pas envie de le lâcher. 
J'ai surtout été touchée par les talents de résilience de Blake, le personnage principal, et puis par sa capacité à amadouer même la plus rétive des cuisinières et le plus ours des garde-chasse. Certes il est extrêmement intrusif avec ses amis, il se mêle de tout, essaie de tout arranger, c'est presque agaçant... mais ça marche ! C'est vraiment un roman anti-crise, que j'ai d'ailleurs acheté à ma grand-mère pour Noël.

Ceci étant, malgré mes éloges, je pense que c'est le genre de livre qu'on doit lire quand on en a vraiment envie. Nombre de personnes m'ont dit ne pas avoir du tout accroché, et je dois dire qu'il y a quelques mois, jamais je n'aurais ouvert un livre de ce genre. Mais les choses changent, j'ai plus envie de me distraire que de me dire que j'ai lu un grand classique. Cela ne m'empêche pas ceci dit de penser à la littérature, et c'est encore mieux quand c'est fait par d'autres, comme dans la dernière émission de La Grande Librairie à propos des 20 livres qui ont changé la vie des Français. j'ai passé un excellent moment à écouter cette émission, et me suis bien sûr moi-même posé la question du livre qui a changé ma vie... et je pense que c'est ceux de Marcel Proust, surtout le Contre Sainte-Beuve et le premier tome de la Recherche. Tout ce que pense Proust de la littérature et son rapport à la mémoire ont toujours fait écho en moi. En parallèle il y a Nerval et Modiano, mais c'est parce qu'ils ont un peu le même rapport au souvenir.

Ah oui autre chose encore : ce roman résout le mystère de ces couvertures avec des chats ! En fait il s'agit d'un des personnages importants du livre :). Par contre ce n'est pas un personnage à proprement parler dans Demain, j'arrête, mais il est question de chats aussi. Finalement ces couvertures colorées et félinement clownesques donnent le ton des livres : mignon et plein d'humour. 

Dernière remarque du jour : Comme vous avez pu le remarquer, j'ai exprimé mes incertitudes de lecture du moment. A la place d'une couverture de roman, c'est bien un nuage de points d'interrogation qui a pris la place de la "lecture du moment". Pourtant j'ai essayé plein de livres : Le problème Spinoza, qui m'avait bien emballée sur le coup, j'ai même dépassé la 100 ème page, mais je me suis lassée je crois de trop de considérations religieuses (et le manque de temps pour lire a joué également, puisque j'ai toujours du mal à continuer un livre dont je ne parviens à lire que quelques pages par jour... J'espère m'y replonger quand le moment sera propice). Ensuite j'ai commencé Il Neigeait, que j'avais prévu pour le Challenge Cold Winter, et n'ai pas accroché. Autant j'avais adoré il y a dix ans, autant là le style de l'auteur m'a déçue. Je suis donc en train d'entamer un autre roman prêté par une amie, Acide Sulfurique. Je verrai bien quelle sera sa résistance à ma sieste digestive du moment.
Parce que je suis bien d'accord avec Sartre : la vie d'un lecteur est fait de périodes de "boulimie et de lentes siestes digestives". Et je suis dans la deuxième phase en ce moment... qui ne saurait durer ! 

dimanche 30 novembre 2014

Vie de cour

Vivre à l'époque du faste de Versailles... rêve ou cauchemar ?

C'est la question qu'on peut se poser, au vue des clichés véhiculés dans les manuels d'Histoire et à la télévision. Mais qu'en est-il ? Deux livres m'ont permis de débrouiller un peu l'affaire... 

La vie à l'époque de Louis XIV et encore après lui m'a toujours intriguée. Ces histoires d'étiquette, de faux-semblants, de théâtre social et de stupidité dissimulée font ressortir des facettes de l'homme qu'aucune autre époque n'a pu mettre en lumière. Etre un aristocrate à cette époque était presque pire que de vivre à la campagne en ne lavant ses vêtements qu'une fois par an. Non seulement on était sale aussi, mais on devait paraître propre et apprété. On se couvrait donc de parfum et de vêtements plus encombrants ou presque que les armures du Moyen-Age. En plus de cela, on ne pouvait être soi-même, sauf peut-être dans ses rêves... Tout le monde regardait et surveillait tout le monde. Le témoignage le plus pertinent et surtout sans langue de bois de tout cela sont sans doute les Mémoires de Saint-Simon à la plume acérée. Ce que j'ai beaucoup aimé dans les deux livres que j'ai lus, (et dont il va bien falloir que je parle au bout d'un moment !) est qu'ils faisaient souvent des liens et des références à l'ouvrage de ce sans-coeur de duc frustré (frustré parce qu'il voyait peu à peu les simples mortels, sans titre, accéder aux prérogatives autrefois réservé aux dignes descendants des nobles familles, comme pour les postes de ministres par exemples. La reconnaissance des bâtards du roi aura été le coup de grâce pour son ego ducal). 

Le premier d'entre eux est Le Roi Soleil se lève aussi, de Philippe Baussant. Je l'avais déjà lu il y a quatre ans environ, et avait d'ailleurs posté un article à son propos sur mon ancien blog. Je m'y suis replongé avec autant sinon plus d'intérêt. La forme de l'ouvrage est intéressante puisqu'il s'agit pour l'auteur de gloser à partir des diverses étapes de la journée de Louis XIV. Les digressions sont nombreuses mais on ne perd jamais le fil. Le ton est léger mais le contenu documenté et précis. L'auteur bat en brèche les préjugés que l'on peut avoir sur cette période fastueuse, en nous montrant que la vie de roi n'a rien d'une sinécure : toujours se lever à la même heure, toujours suivre les mêmes rituels, et surtout toujours tout faire comme un personnage de théâtre observé par son public. Aucune liberté, que de la mise en scène, et ce jusque dans les affaires les plus intimes (sauf peut-être dans les alcôves, fautes de caméra infra-rouge sans doute). Tout se voit et tout se sait. Terrible vie ...
J'ai cette fois aussi énormément apprécié les sources à la fois historiques et littéraires de l'auteur, et son talent à convoquer chacune au bon moment. Ainsi il nous explique par exemple que ce que nous raconte Molière à propos des médecins de cette époque de charlatans n'est que trop vrai ...
Un excellent moment de lecture, encore une fois je l'ai lu très vite, et encore une fois avec un immense intérêt. C'est vraiment une pépite pour découvrir l'Histoire sans en passer par d'obscures essais.  

Quelques jours après, forte de mon intérêt pour cette époque de la royauté, je suis tombée sur le livre de Chantal Thomas dernièrement sorti en poche : L'Echange des Princesses
Je ne savais trop à quoi m'attendre, mais un livre sélectionné pour le Goncourt et qui traite de l'Histoire ne pouvait que me tenter. Je m'en suis donc emparé un matin pour ne le quitter que deux jours plus tard. Je l'ai vraiment lu d'une traite.
A quoi peut bien être dû cet engouement me direz-vous ? Sans doute au talent de romancière de cette historienne, qui elle aussi a su allier fiction et précisions historiques. Le thème en lui même n'y est sans doute pas pour rien : il traite des mariages forcés de la propre fille du Duc d'Orléans, Mademoiselle de Montpensier, princesse des Asturies, avec l'héritier du trône d'Espagne, et de la très jeune soeur de celui-ci, L'Infante (trois ans et passionnée de poupée) avec le futur Louis XV, alors âgé de 11 ans. Tout ça pour que la paix règne entre les deux pays... C'est bien utile la paix, mais on n'imagine pas la profondeur du sacrifice intime des quelques malheureuses victimes. 
L'intérêt du livre tient aussi dans la narration en dyptique et en alternance des deux existences des princesses, l'une qui peu à peu devient folle et nymphomane, et l'autre qui, en plus de ses poupées, se met à adorer son mari. Mais à trois ans, peut-on être aimé d'un adolescent ? La petite Infante est touchante dans sa naïveté et dans l'énergie dépensée à plaire à la cour et à son roi. C'est d'ailleurs tout l'inverse qui se produit en Espagne : la princesse des Asturies, bien que dans les bonnes grâces de son mari (lequel demandait d'ailleurs à corps et à cri son portrait avant même de la rencontrer, et pas pour les dévotions romantiques qu'il prétendait lui accorder...), ne se fait pas du tout à la vie de la cour espagnole et sombre peu à peu dans des déviances névrotiques et perverses assez effrayantes... Deux faces d'une même médaille, vouée à la destruction. 
L'auteur a du jongler avec ces deux personnalités totalement bridées par l'étiquette, ne pouvant exprimer leurs aspirations profondes. Cela a conduit la très jeune infante au repli, et la fille de Philippe d'Orléans à la folie. Pour survivre dans ce monde, il faut parvenir à aliéner son naturel à l'intérieur de soi aux prix de grandes souffrances intimes. Mais si l'on n'en a pas la force de caractère, il peut arriver que les barrières explosent et que, telle une hernie mal soignée, le naturel putréfie ne répande son fiel... 
Le pire dans toute cette histoire, c'est que ce ne furent que souffrances et destructions inutiles, puisque jamais on ne parvint à faire de ces victimes expiatoires les "ventres à héritiers" qu'on attendait. Le fiasco de l'entreprise a été d'autant plus difficile pour les enfants que justement, elles n'étaient que des enfants ! A l'époque ils étaient considérés comme des "adultes en miniature", mais quand on voit à quel point la psychologie infantile influe sur le reste de l'existence, le sort de ces deux-là semble encore plus terrible...

Bref, la chair à canon n'est pas toujours celle qu'on croit, et même en temps de paix beaucoup de mal peut être fait. Les 17ème et 18ème siècles à la cour, avant la Révolution, regorgent de ces exemples de sacrifices de l'humain au profit de l'étiquette, et c'est ce qui me révolte et me fascine à la fois. 

samedi 29 novembre 2014

Retour d'ado lescence

  Ces temps-ci j'ai souvent envie de romans légers, sans prise de tête et qui se lisent vite. 

J'avais lu un jour, dans plusieurs copies de mes chers petits élèves, le titre Coeur Cerise. Ils (et surtout elles, soyons lucides !) avaient l'air d'adorer puisqu'il est revenu plusieurs fois. Je me disais que j'allais leur demander de me le prêter... et puis finalement j'ai oublié, mais voilà que je tombe dessus, en format poche, dans le carton magique des nouveautés fraîchement arrivées au CDi. Je l'emprunte donc en avant-première, avec l'accord de ma collègue (mais j'ai plus de 11 ans donc ça va, elle me le donne (ouf!)). 
Je me suis dit au début que ce serait sûrement assez culcul, mais finalement je me suis laissée emporter par l'histoire de Cherry, jeune fille orpheline de mère et qui va habiter dans la maison de la nouvelle fiancée de son père. Cherry se sent forcément mise à part vue cette histoire personnelle difficile. L'affaire se corse puisque la fiancée en question n'a pas moins de ... quatre filles... Il va donc falloir que Cherry s'intègre dans cette grande famille, elle qui a toujours eu du mal à se faire des amis. Toutefois, malgré quelques heurts, tout se passe plutôt bien (on est dans un roman pour la jeunesse quand même !). 
Ceci dit les heurts ne sont pas si minimes, puisqu'ils concernent un amour interdit et la trahison d'un parent (sans oublier que Cherry n'a plus sa maman, mais un papa formidable). Des sujets délicats mais traités avec une certaine légèreté (sans pour autant être trop culcul). Certes l'histoire de la fête du chocolat (qui a donné son nom aux filles, les "filles au chocolat") est un peu ridicule, mais le reste est plutôt convaincant. Cherry est très attachante bien que les personnages ne soient pas d'une grande profondeur, et c'est à cela, selon moi, que tient la réussite de ce court roman. 
Un bon moment de lecture. Je ne pense pas tout faire pour me procurer la suite, mais si Coeur Guimauve (dont j'ai lu les premières pages à la fin de l'édition de poche de Coeur Cerise) me tombe sous la main, je m'y plongerai sans doute volontiers ! 

Un autre point important en faveur de ce roman : sa couverture ! Elle est vraiment mignonne et donne envie. Surtout en petit format de poche (les grand format, avec la taille de police pour myopes, est selon moi un peu rebutante). Je l'ai donc prise en photo, et y ai ajouté mon super marque-page girly en pâte Fimo et crosse de bergère glamour offert par ma maman. Son cup-cake rose colle parfaitement avec cette couverture à croquer.


 

Le marque-page idéal pour compléter ce livre :p. 

mardi 11 novembre 2014

Lectures de week-end, de vacances et de pluie

Ma liste de livres lus s'allonge, et je ne poste toujours rien. Je vais profiter de cette journée de commémoration pour faire moi aussi un bilan.
Les vacances de la Toussaint m'ont donné l'occasion de lire plusieurs livres, assez courts dans l'ensemble. Ces derniers temps j'apprécie la simplicité et la rapidité de lecture, sorte de zapping divertissant. Cela permet aussi d'alterner romans légers et autres plus profonds (quoi que j'aie laissé de côté les classiques depuis quelques mois, sauf pour mes chers élèves). Voici donc le résultat de mon zapping

La vie d'une autre, Frédérique Deghelt

J'avais été plutôt déçue il y a de cela quatre ans par son autre roman, La Grand-Mère de Jade, que j'avais jugé un peu niais. J'entamais donc ce livre avec quelques réticences, me donnant l'autorisation de le laisser de côté si jamais je ressentais ne serait-ce qu'une once de déception. 
A peine ouvert que j'avais lu 50 pages ; je vous laisse juge :).
J'avais chaque fois hâte de découvrir ce qui allait arriver à cette jeune femme qui voit disparaître de sa mémoire 12 années de sa vie, comme on passerait 200 pages d'un long roman. Elle se retrouve dans les bras de son amant Pablo, comme amnésique, alors qu'il est devenu son mari. Deux enfants se jettent sur elle ; ce sont les leurs. Voilà sa vie. Mais elle n'a pas oublié qu'elle a oublié, et c'est là que ça se complique. Elle est la même mais sans les ravages du temps. Une chance finalement, elle a pu laisser son passé derrière elle, mais le fait de ne pas comprendre ce qui lui arrive, de ne pas connaître la joie de la vie à deux ou celles de mettre ses enfants au monde lui manque. Peu à peu on comprend avec elle ce qui a pu la pousser inconsciemment à tout oublier (processus quasi surréaliste, on en convient dès le début, quoi que je ne me serais pas autorisé à utiliser l'adverbe "quasi" à ce moment là... On se prend finalement au jeu et on admet qu'oublier a tout de même du bon). 
Pour la référence au titre, c'est bien la vie d'une autre qu'elle prend en main, mais ça reste tout de même sa vie puisqu'elle a conservé son identité. Elle a juste oublié les moments les plus intenses et les plus déterminants de ce que sera son existence, et en définitive ce n'est pas plus mal quand ce sont les plus douloureux. Après la frayeur liée à l'étrangeté de ce qui lui arrive, l'héroïne (et nous-même) comprenons la chance qu'elle a de revivre sa vie. 

En trois mots : psychologie, suspense et sentimentaliste (mais sans trop de niaiserie). 

Lennon, Foenkinos   

Grâce à ce roman bien mené et bien écrit, j'en ai beaucoup appris sur la vie de ce Beatles, dont je ne connais finalement que quelques chansons. Le précédé est intéressant, je m'attendais cependant à ce que le psy prenne la parole mais non, finalement c'est le monologue de Lennon lui-même, qui revient sur les choix de son passé et ce qui l'a forgé. Il parle beaucoup de sa mère et de son abandon, qui selon lui expliqueraient les difficultés de sa jeunesse (et ses affres de star). L'analyse est donc très psychanalytique, sans que le psy n'ait prononcé un mot (ou en tout cas, on ne le sait pas). 
J'ai lu ce roman très vite et ce fut un vrai plaisir. Jamais je n'aurais ouvert une biographie de John Lennon en d'autres circonstances, c'est donc une forme intéressante. 

En trois mots : original, captivant, bien mené



Confessions d'une accro du shopping, Sophie Kinsella

Je voulais lire quelque chose de léger, pas prise de tête, et je me suis rendue compte avec Demain, j'arrête que la chick-litt était l'idéal pour cela. Je me suis donc empressée de me procurer l'archétype du genre : l'accro du shopping.
Je n'ai pas été déçue. On lit vite, on imagine aisément tout ce qui se passe, on s'identifie (plus ou moins), et surtout on passe de bons moments. C'est le genre de livre réconfortant qu'on est content de retrouver dans son lit le soir ou sur le canapé le week-end. Il vaut toutes les émissions débilitantes du monde, la débilité passive en moins. Une excellente alternative pour celles (et ceux) qui attendent du plaisir et de la détente à la lecture d'un roman. Petit plus non négligeable : on rit de la naïveté candide de l'héroïne, et c'est rare que je ris en lisant un roman.
On rit parce que Becky ne sait pas gérer son budget, qu'elle dépense toujours plus, qu'elle a le don d'oublier ce qui la dérange et de se retrouver dans des situations toutes plus abratabrantesques. 

En trois mots : divertissant, frais et rigolo. 


Un secret, Philippe Grinbert

J'ai dévoré ce roman. J'avais déjà vu le film (d'ailleurs deux des livres dont je parle supra ont également été adaptés, mais je ne les ai pas vus) mais le roman est encore meilleur. L'histoire du narrateur est très émouvante, et commence à la manière proustienne : "Fils unique, j'ai longtemps eu un frère". D'emblée le lecteur est happé par le secret que le petit garçon ressent au plus profond de lui. Malingre et chêtif, il va lutter toute sa jeunesse avec ce frère robuste et plein de vie, à l'image de son père. Jusqu'au jour où Louise, la voisine et amie, lui raconte tout. 
Encore un récit sur l'holocauste, mais à travers l'histoire (quasi autobiographique) d'un petit garçon qui a souffert d'un énorme secret de famille. On en découvre avec lui un peu plus à chaque page, on est ému et tenu en haleine. C'est un très grand roman, primé par la Goncourt des Lycéens. Le thème  principal lié au contexte historique est fort, mais celui de la peine d'enfance l'est peut-être encore davantage. 

En quelques mots (s'il est possible...) : émouvant, captivant, envoûtant, désarmant, ... 
C'est pompeux tout ça, mais c'est vraiment un grand livre.