vendredi 28 juillet 2017

L'île des chasseurs d'oiseaux, Peter May

L’île des chasseurs d’oiseaux, Peter May

Suite à des avis très positifs concernant ce roman (notamment les bonnes notes recensées sur Babelio), je me suis lancée dans ce polar sans trop savoir à quoi m’attendre ; et il est vrai que le premier chapitre a été plutôt trompeur. En effet je pensais découvrir une enquête policière comme on en a l’habitude, mais finalement les moments de l’enquête alternent très rapidement avec le récit de l’enfance de Fin Macleod, le protagoniste et enquêteur principal.

Celui-ci a vécu son enfance sur cette île de Lewis, au fin fond de laquelle a eu lieu un meurtre, fort semblable à celui perpétré à Edimburgh peu de temps auparavant. C’est donc tout naturellement qu’on a fait appel à lui pour enquêter sur l’homme retrouvé pendu et sauvagement éventré, et surtout sur son meurtrier.
Les premiers chapitres de l’enfance de Fin sont un peu ennuyeux dans la mesure où on ne connaît pas encore les personnages qu’il évoque. Mais au fur et à mesure de l’enquête ils prennent consistance et on découvre l’importance qu’ils ont eu et ont encore dans la vie du policier. Ainsi Marsaili et Artair, ami d’enfance pour l’un et ancienne petite amie pour l’autre, deviennent très intriguants. On a envie de savoir quels sont les liens qui les unissent les uns avec les autres ; le roman devient alors enquête sur la vie de Fin. Le lecteur comprend aussi peu à peu de nombreux points évoqués ça et là : le titre trouve une explication, la raison pour laquelle Fin est appelé « l’orphelin » aussi. Au fur et à mesure que la lecture avance, tout s’éclaire, sous le feu de projecteurs plus ou moins flatteurs.
Pour ma part j’ai aimé suivre les déboires amoureux de Fin, comprendre pourquoi certains personnages présentaient des blessures sévères ou des handicaps, et surtout saisir le sens du titre, avec ses « chasseurs d’oiseaux ». Chaque année, des hommes de l’île se rendent sur un rocher escarpé sur lequel vit une gigantesque colonie de fous de Bassan. Et chaque année, ils ont l’autorisation (et surtout la tradition) de tuer 2000 petits, des oisillons de cinq kilos à la chair succulente. Chaque année de nouveaux jeunes hommes sont conviés à participer à la tuerie, avec plus ou moins d’enthousiasme. Lors de son dernier été avant son départ pour la fac, moment tant attendu où il pourra quitter son île écossaise, c’est au tour de Fin de partir pour ces deux semaines délicates ; et là, il va vivre le pire…

J’ai beaucoup aimé cette lecture, les passages sur les traditions, la vie sur cette île qui nous semble totalement désuète, coupée de la civilisation le plus souvent. Fin est un personnage plutôt attachant, qui a vécu des épisodes très difficiles dans sa vie. Toutefois j’ai trouvée assez étrange cette manière qu’il a, souvent, de ne pas comprendre certaines de ses réactions ou de ses émotions, et de ne pas chercher plus loin. Parfois cela est positif de lâcher prise, mais quand par exemple, suite à un accident, il se rend compte qu’il n’a plus de sentiments pour Marsaili, il laisse l’affaire s’enliser sans essayer d’y remédier. La jeune femme est d’ailleurs une victime dans toute cette histoire ; on a pitié pour elle, surtout qu’elle apparaît comme une jeune femme pleine de potentiel.

Attention donc : si vous vous attendiez à lire un polar comme le laisse présager la collection Babel Noir, il n’en sera pas comme à l’ordinaire. En effet l’enquête ne porte pas tant sur l’identité du meurtrier que sur les liens qui unissent Fin aux divers habitants de l’étonnante et un peu inquiétant île de Lewis.

Je vous mets en lien l’article deMargaud, qui l’avait lu en 2012. 

mercredi 26 juillet 2017

Retour de vacances !

Après quelques jours de vacances souvent pluvieux mais reposants, un bilan s'impose !

Pendant cette dizaine de jours j'ai lu trois romans, dont un bien épais :


La chronique ICI !

Un service-presse dont j'ai lu les épreuves non corrigées : 

Le dernier roman d'Yves Grevet, Le Grupp. Je vous en parlerai le moment venu :). 

Et enfin le premier volet d'une trilogie qui a connu un beau succès : 


J'ai adoré cette lecture, la chronique est à venir. 

mardi 25 juillet 2017

L'amie prodigieuse II, le nouveau nom

Enfin je les ai lus tous les deux, ces deux premiers opus de la saga qui fait couler tant d'encre ! Après avoir été un peu mitigée sur le premier tome, je le serai un peu moins pour ce second volet, malgré quelques bémols. 

J'ai adoré le début du roman : on retrouve Elena au mariage de Lina. Celle-ci, à peine la cérémonie finie, part en lune de miel avec Stephano, pour découvrir son vrai visage. Tout cela, Elena peut nous le raconter grâce aux cahiers que Lina lui a confiés, et qu'elle a décidé de lire sans sa permission. Cette mise en abîme de l'histoire, à plusieurs voix finalement, est un aspect qui m'a beaucoup plu. Le fait qu'Elena réécrive l'histoire de son amie prodigieuse grâce au récit qu'elle-même en a fait est un concept intéressant. Mais c'est aussi là que la bas m'a blessée : j'ai trouvé que souvent, Elena s'effaçait trop au profit de considérations psychologiques plus ou moins convaincantes sur elle, son amie et leurs diverses relations. Je préfère largement les passages où elle narre sa vie, ou celle de Lina. Ainsi tout le récit des histoires avec le magasin de chaussures, l'affiche etc, m'a semblé assez long. En revanche j'ai adoré la plus grande partie du roman, qui se passe à Ischia, avec Nino. Je ne m'attendais pas à de tels retournements de situation.

Je me rends compte qu'à travers ce livre j'ai pris plaisir à retrouver des épisodes qui me font penser à l'autobiographie de Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée. Elena me fait un peu penser à elle, intelligente mais hésitante, différente, peu sûre d'elle. La comparaison s'arrête là pour le moment car Simone va prendre un essor qui ne sera peut--être pas celui de la narratrice (je découvrirai cela dans le tome suivant, quand il sortira en poche !). Et puis il y a bien entendu le fait qu'Elena devienne écrivain : j'ai beaucoup aimé cela, même si elle ne s'appesantit pas sur cet aspect. C'est sans doute d'ailleurs ce qui fait la force de ce roman : il n'est ni l'autobiographie de la narratrice, ni le simple récit de la vie de son amie. C'est un savant mélange des deux, avec des dosages plus ou moins convaincants à mon goût, mais qui ont le mérite d'être originaux. 
C'est aussi ce qui rend la vie d'Elena assez délicate : elle se construit presque uniquement à travers l'aura de son amie. De ce fait, même lorsqu'elle écrit son premier roman, on peut y voir en creux le récit d'enfance de Lina : La Fée Bleue. Il en va de même pour leurs vies : vases communiquant, interchangeables ou presque, en compétition permanente. Pourtant elles sont souvent séparées, vivent de très longues périodes chacune de leur côté, et se retrouvent toujours, finalement. 

En dépit des quelques bémols qui ont rendu ma lecture un peu aride par moments, cette saga est tout de même très originale et vraiment intéressante. On y lit bien l'évolution d'une société, avec l'accession bourgeoise aux commerces, à l'argent, mais aussi l'archaïsme de la soumission féminine et des moeurs de la vie quotidienne. C'est un roman complet, palpitant le plus souvent, mais avec quelques longueurs selon moi. 

Suite à ce second tome je comprends mieux l'engouement que la saga suscite, mais ne suis pas encore devenue une fan absolue. 

dimanche 16 juillet 2017

C'est dimanche, qu'est-ce qu'on lit sur le transat ?!


Ce que j'ai lu cette semaine 

Ne regarde pas, Expérience Noa Torson #2, Michelle Gagnon

J'ai bien aimé cette suite, même si j'ai préféré le premier volet. On en apprend moins sur Noa et Peter mais davantage sur d'autres personnages attachants, comme Amanda. Ce deuxième opus se lit bien, mais sans gros plus.

J'ai aussi lu Les optimistes meurent en premier, le dernier roman de Susin Nielsen envoyé par les éditions Hélium. J'ai beaucoup aimé ma lecture. Mais il ne sort que le 30 août, donc je dois attendre un peu plus d'un mois avant de vous publier ma chronique :).




L'homme aux cercles bleus, Fred Vargas

C'est le premier rompol de Fred Vargas mettant en scène Adamsberg; comme j'ai envie de creuser davantage le personnage, je me suis dit que j'allais commencer dans l'ordre. C'est chose faite. 
Mais j'ai été assez déçue par cette lecture : l'intrigue policière est loin d'être passionnante, et surtout elle est noyée de discours plus ou moins cohérents, émanant de personnages plus ou moins dérangés et décalés. J'ai donc eu un peu de mal à aller au bout de mal à aller au bout de ma lecture, bien que j'ai plutôt apprécié les premiers et derniers quarts du roman. 
J'avais été prévenue que ce premier tome était moins palpitant que d'autres, et c'est vrai. Toutefois, si on s'accroche bien à ces méandres de pensées et autres associations d'idées, on découvre un style littéraire recherché, à la frontière de l'absurde et du surréaliste. On sent que Vargas veut montrer la vie telle qu'elle est, les pensées telles qu'elles sont, parfois insaisissables. Heureusement cependant qu'elle n'a pas poursuivi dans cette veine un peu absconse dans ses autres romans, car les lecteurs se seraient lassés. 


Un roman pas encore chroniqué 

La cave, Natasha Preston

Alors qu'elle se rend à une fête, Summer est enlevée par un dangereux psychopathe, qui se surnomme Trèfle. Dans sa cave aseptisée et parfaitement aménagé, il enferme quatre jeunes femmes pour se créer une famille...

Ce thriller ado avait tout pour plaire : une bonne intrigue, l'alternance des points de vue (celui de Summer, de Trèfle et enfin du petit ami de Summer). Mais j'ai été déçue, surtout par le début : les émotions de Summer, au moment de son enlèvement, ne m'ont pas semblé très réalistes. Elle ne fait que penser à son petit ami, a à peine peur et se rend à peine compte de ce qui lui arrive. En plus les autres filles qu'elle rejoint sont carrément soumises, aseptisées elles aussi. On comprend finalement peu à peu pourquoi, grâce notamment au point de vue de Trèfle, et ce manque de réaction s'explique. Et puis comme c'est un roman ado, il est normal que l'auteur ne s’appesantisse pas de détails sordides. La suite du roman est plus réaliste, et heureusement car j'ai failli abandonner ma lecture, déçue que j'étais par rapport à ce à quoi je m'attendais. 
Je vous mets en lien l'article de Margaud; il s'est avéré qu'on a lu ce roman en même temps, mais qu'elle a beaucoup aimé.


Ce que je lis en ce moment 




J'ai commencé le roman sur les chapeaux de roues, surtout qu'on retrouve Lina à la fin de son mariage, là où on l'avait laissée dans le tome 1. Mais après le récit du voyage de noces, l'intrigue s'enlise un peu à mon goût dans des considérations de clans, d'argent et d'arrivisme. Espérons que ça va évoluer, j'en suis à la page 140... 

Et vous, que lisez-vous en cette période estivale ?

mardi 11 juillet 2017

Train d'enfer pour Ange rouge, premier tome des aventures de Franck Sharko !

Train d'enfer pour Ange Rouge, Franck Thilliez

Avec Ludo, nous avons découvert Franck Thilliez à peu près en même temps, et on s'était dit qu'une Lecture Commune serait sympa. On s'est donc rabbatus sur le premier tome de la saga Sharko-Hennebelle, qu'on n'avait lu ni l'un ni l'autre. 

Cette lecture a été un peu laborieuse pour lui comme pour moi. La cause ? Un style un peu surfait, superfétatoire, gueulard et pas très chic. En effet dans ce tome Thilliez fait prendre la parole à Sharko. Ce récit à la première personne, par les mots de ce policier un peu brut de décoffrage, ça promet. Ajoutez à cela les débuts de l'auteur, et vous obtenez un mic-mac littéro-explosif, farouche et rude. Sharko a beaucoup de peur et de colère en lui, ce qui se ressent dans ses réponses et remarques lapidaires et souvent cassantes. Ces dialogues explosifs s'entrecroisent avec des descriptions à la limite de la poésie, mais plutôt du côté de la lourdeur. Je mets ça sur le compte des débuts de l'auteur. La lecture en reste parfois mal aisée toutefois. Heureusement que l'intrigue est comme toujours prenante. On est tenu aux tripes par ces meurtres sanglants, ces femmes torturées pendant des jours par un type fasciné par la souffrance. Sachant qu'en plus la femme de Sharko a disparu, l'intrigue prend une pente encore plus troublante... 

J'ai eu le sentiment que dans ce premier tome, Thilliez mettait son lecteur face à un choix : le suivre, ou pendre ses jambes à son cou. En effet, dès le début, tout le gore y passe : la salle d'autopsie dans ses moindres détails; la mise en scène morbide de la première victime; les lieux glauques et les caves masochistes qu'il visite; les leçons de bondage sur Internet, et j'en passe. Du sang, du sexe... et la gouaille de Sharko. Tout y passe ! 
C'est un style et un univers qui ne me dérangent pas dans les romans; je ne sais pas si j'aimerais voir ça sur grand écran, mais les thrillers noirs ne me mettent pas trop mal à l'aise. D'ailleurs là on était proche de l'esprit Chattam, bien glauque et gore. Les autres romans de Thilliez seront plus érudits encore, plus scientifiques. En tout cas pour un premier roman ça reste du bon boulot, et pour nous de bons moments de lecture. N'est-ce pas Ludo ??
En plus j'ai toujours eu envie de découvrir qui était Sharko avant la mort de sa femme, et les débuts de sa maladie mentale. C'est chose faite. Même si on ne saura jamais vraiment comment il était quand sa femme allait bien; ça, l'auteur se garde bien de nous le dire. Et le sait-il lui-même ? C'est vrai qu'un personnage tourmenté est tout de même plus intéressant à travailler...
Il me tarde maintenant de lire la suite, Deuils de Miel, et puis peut-être le tout dernier de l'auteur, intitulé Sharko !

Je vous laisse aller voir l'article de Ludo pour plus de détails sur l'intrigue. Et merci à toi pour cette lecture commune !!

dimanche 9 juillet 2017

C'est dimanche, qu'est-ce qu'on lit sur le transat ?

Un petit bilan s'impose, ça fait longtemps !

Livres lus le mois dernier :

Le mois dernier, j'ai lu pas moins d'une bonne dizaine de romans. Un mois faste, avec en plus plusieurs coups de coeur :


Je suis ton soleil de Marie Pavlenko
La Terre qui penche de Carole Martinez

et d'autres très bonnes lectures !

     


Et enfin des lectures sur la danse : 




Livres lus la semaine dernière : 



Sauveur et Fils, tome 1, un coup de coeur ! J'ai hâte de lire la suite.
Le dernier Fred Vargas, une excellente surprise qui me donne envide d'approfondir du côté du commissaire Adamsberg. 

Derniers romans lus et pas encore chroniqués : 



Ce que je lis en ce moment : 


Et je passe de très agréables moments de lecture, l'intrigue est très bonne et c'est bien écrit !

Ouf, me voilà au bout de ce bilan plutôt chargé ! Je crois que je n'ai jamais autant lu !!
Désolée de ne pas avoir toujours pu mettre les liens vers les articles, blogger n'est pas toujours docile, et les liens sur les images mettent ma mise en forme à mal...

Et vous, que lisez-vous ?

vendredi 7 juillet 2017

Quand sort la recluse, le dernier Fred Vargas

Quand sort la recluse, Fred Vargas

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de roman de cette auteur ; alors quand j’ai vu son dernier dans la bibliothèque d’une amie, fraîchement lu, je n’ai pas hésité à accepter qu’elle me le prête :p. En plus j’ai adoré la densité de l’objet, avec cette couverture plutôt douce et ces pages épaisses juste comme il faut. Bref, passons au propos.

Jean -Baptiste Adamasberg est rappelé d’urgence d’Islande, où il passait quelques jours de vacances, pour résoudre une enquête : une jeune femme renversée. Par qui ? Son mari, son amant ? Mais finalement, c’est par un écran d’ordinateur que l’énigme avec un grand E saute aux yeux d’Adamsberg : la recluse, cette araignée venimeuse, a tué plusieurs personnes. Des hommes, plutôt âgés. Du venin mutant ? Une concentration inhabituelle ? Fidèle à sa manière de penser plus qu’originale, complètement instinctive et intuitive, le commissaire pressent que quelque chose cloche. Il va donc partir sur la piste de cette fameuse Recluse.

Pendant ma lecture je suis tombée sur cette vidéo de Piko Books, qui m’a donné à réfléchir.


Grâce à sa vidéo, je me suis rendue compte que Fred Vargas n’écrivait pas des romans policiers comme Thilliez ou Chattam ; j’ai réalisé que Fred Vargas touche à la littérature avec ses « rompol » ; romans-polars. Un concept qui mêle enquête, psychologie des personnages, évolutions de ces derniers dans la saga Adamsberg, et puis jeux avec le langage. Si l’on considère, comme j’ai à le penser, que la littérature naît d’un univers et d’un style, Fred Vargas a bien les deux. En commençant le roman je m’étais bien rendue compte que son écriture n’était pas si simple ; qu’il fallait un peu de temps pour s’y adapter. Maintenant que je lis de nombreux romans jeunesse, je réalise que cette impression est la marque de quelque chose de plus ; la marque de la littérature. En littérature de jeunesse, le style est toujours le même, efficace, simple, quand il n’est pas médiocre. Mais là, j’ai senti que ça achoppait un peu ; qu’il me fallait un peu de temps pour m’habituer à sa petite musique. Bon signe finalement ! Tout cela s’est confirmé par la suite : le roman est construit sur des jeux de mots, les ambiguités de sens, comme une enquête sur le langage, ses méandres, sa polyphonie. Ainsi, comme je m’y attendais un peu, le choix du nom de l’araignée n’est pas anodin : une recluse n’est d’ailleurs pas seulement une bête à huit pattes… ! Par ailleurs j’ai aimé sentir, dans les dialogues de l’auteur, les influences du théâtre de l’absurde et du surréalisme. A cela s’ajoute de nombreuses répétitions, des sortes de gimmick qui caractérisent les personnages. C’est véritablement le genre de livre que j’affectionne, dans lesquels il y a une recherche sur la langue en plus d’une bonne histoire.

Enfin j’ai complètement adhéré au personnage d’Adamsberg : ce commissaire étonnant, qui ameute sa brigade pour nourrir un couple de merles et leurs petits, ou bien pour aller manger une garbure au restaurant. Qui s’embarque dans une enquête à cause d’un espèce de malaise que crée en lui un mot, une intuition, une bulle de pensée. Ces proto-pensées caractérisent Adamsberg et son originalité. Il marche à l’instinct, à l’intuition, porté par ses bulles dans ses limbes. Et pourtant si attentif à tout ce qui l’entoure ! Il est déroutant, étonnant, souvent difficile à suivre (pour le lecteur comme pour ses acolytes !) mais tellement attachant !
J’ai terminé ce roman il y a un peu plus de 24 heures, et j’ai du mal à lire autre chose. Je reste imprégnée de ce style, de cet univers, presque amoureuse de ce personnage. Je pense que je ne vais pas tarder à me procurer L’homme aux cercles bleus et autres qui mettent en scène Adamsberg. Pour rester un peu sous ce charme, j’écoute son interview avec François Bunel, à la Grande Librairie…
Je crois qu'on peut dire que ce fut un coup de coeur. 


Ce qu'elle dit sur son roman et sa manière d'écrire, sur la fin, est tout simplement extraordinaire !

mercredi 5 juillet 2017

Sauveur et fils, saison 1 , Marie-Aude Murail

Quand on s'appelle Sauveur, comment ne pas se sentir prédisposé à sauver le monde entier ? 
C'est la question que se pose Sauveur Saint-Yves, 1m90, antillais et psychologue. Chaque jour défilent dans son cabinet des Margaux, des Gabin, des Charlottes, aux familles décomposées, recomposées, aux gros problèmes et petits soucis. Et Lazare, son fils de huit ans, écoute aux portes...

Complètement occupé à soigner ses patients, Sauveur en oublie son petit garçon, qui souffre en silence de l'absence de sa maman et fait des recherches sur la scarification et les TS à ses heures perdues, quand il attend que son père ait enfin un peu de temps pour lui. 
Bon, dit comme ça, c'est pas génial; mais en réalité, ce roman est formidable. La relation entre Lazare et Sauveur est super. Sauveur est un psy génial, qui nous apprend à écouter et aiguiller, sans s'immiscer, petit à petit. Les ados dont il s'occupe deviennent des personnages à part entière, auxquels on s'attache et qu'on a envie de voir évoluer. Lazare a un copain d'école qui a une jolie maman, et ça présage des épisodes sympa pour la suite. Et puis Lazare adopte un hamster... d'où la couverture !
Tout ce que je vous dis est très décousu n'est-ce pas ? Mais ce livre c'est un peu ça, il nous présente quelques semaines de la vie de Sauveur et Lazare, ces héros bibliques des temps modernes, qui s'occupent des autres au point de s'oublier eux-mêmes. Quand ça ne devient plus possible toutefois, c'est là qu'il faut agir. 

J'ai adoré ce roman. Je l'ai lu très vite, mais savouré en même temps. J'ai beaucoup apprécié cette façon originale d'évoquer l'intimité d'un cabinet de psychologie; je pense que ce livre peut faire réfléchir les ados en souffrance. Et puis ces histoires de hamster sont touchantes. Le tout forme un mélange adapté à toutes les classes d'âges : les collégiens qui peuvent s'identifier à Lazare, les lycéens qui peuvent se reconnaître en certains patients, et les parents. Le style de Marie-Aude Murail vient consolider le tout, et on a un roman qui, selon moi, est parfait.Inutile de vous dire qu'il me tarde de lire les tomes suivants !

Une petite remarque sur la couverture : on m'avait dit qu'elle était un peu inadaptée par rapport au sérieux du propos (et c'est vrai, les maux dont souffrent les patients de Sauveur sont plutôt graves, tabous, délicats, tout ce que vous voulez). C'est vrai. Mais j'ai aussi trouvé que le hamster de la couverture, comme celui du roman, donne une touche de fraîcheur, d'enfance, d'innocence, à ce monde âpre et souvent dangereux. Un hamster c'est doux, mignon, ça tourne dans sa roue et cache de la nourriture dans ses joues. A part faire le kamikaze sur les barreaux de sa cage, le hamster n'est pas fou, pas dangereux et pas tellement suicidaire. Le patient idéal ?

En tout cas je vous conseille vraiment ce premier tome, à toutes et tous, ados, adultes, parents, profs, jeunes, vieux, filles ou garçons. Une petite pépite. 

samedi 1 juillet 2017

L'amie prodigieuse, Elena Ferrante

Enfin je l'ai lu ! Ce roman qui fait tant parler de lui, qui a tant de succès, et qui suscite un engouement à la Harry Potter dans le coeur de ma génération (j'ai lu ça quelque part, oui oui oui !!). J'avais essayé de le lire une première fois, et il m'était tombé des mains : trop de personnages, trop dense, trop tout. Je n'avais pas l'esprit assez libre pour accueillir ce que je croyais être un roman fleuve à la Cent ans de solitude, avec plein de personnages. Mais finalement je me suis dit que ça valait le coup de réessayer, ce que j'ai fait...

Et voilà que j'étais partie. Finalement je l'ai lu assez vite (en surveillant le bac pour une bonne partie, mais chhhuutt ^^) et j'ai plutôt aimé. 

Elena, la narratrice, raconte sa vie dans un quartier populaire de Naples, à travers le prisme de son amie Lina (amie qui n'en est pas toujours une d'ailleurs...). Celle-ci est extravagante, forte, indépendante, différente, mais aussi méchante, dure et forte tête. Elle fascine Elena, qui raconte son enfance en grande partie par le biais des faits et gestes de cette prodigieuse amie. Si on regarde la définition de prodige dans le Trésor de la Langue Française (un super dictionnaire en ligne, très complet !) on a : Phénomène extraordinaire auquel on attribue une cause surnaturelle. Et c'est exactement ce que ressent Elena envers Lina : elle lui apparaît comme un être extraordinaire, plutôt inaccessible, un peu sorcière. La fascination qu'on peut ressentir à la lecture de ce roman est donc double : fascination pour le personnage de Lina, et fascination pour la vie trépidante qu'elle fait mener à Elena. Cette dernière possède en effet un caractère fort divergent de Lina : elle n'est pas très dégourdie, elle a des formes, des envies que semble ne pas avoir Lina. Et son caractère se modèle au grès des lubies de son amie : si Elena apprend le latin et le grec, c'est parce que Lina a commencé à le faire en cachette; si elle cherche à écrire des livres, c'est parce que son amie écrit des histoires. Tout ce qui Lina touche se transforme en or, et cela hypnotise Elena. 
Dans ce roman, deux thèmes m'ont touchée : la naissance des jeunes femmes (qu'on découvrira plus amplement dans le tome 2), avec leurs passions, leurs amours, leurs peines; et la naissance des écrivains qu'elles seront (enfin je suppose !). 

J'ai aimé cette lecture, j'ai aimé découvrir l'évolution des deux enfants, devant jeunes filles puis jeunes femmes. Toutefois je ne comprends pas l'engouement que ce roman a pu faire naître... Peut-être le comprendrai-je mieux après avoir lu le tome 2. Peut-être que cette idée de saga, le fait qu'on suive l'évolution des personnages, est ce qui a contribué à l'enthousiasme suscité. La fresque peinte par l'auteur de la Naples des années 60, de son évolution sociale, est finalement assez ténue. Ce qui est surtout touchant, c'est l'évolution en parallèle et parfois en miroir de ces deux jeunes femmes qu'a priori tout oppose. 

Concernant l'index des personnages en début de roman (place d'ailleurs stratégique, il permet de poser un cadre, pas comme s'il était à la fin : l'auteur pose le théâtre de son histoire, dans ce petit quartier de Naples clôt sur lui-même) : il fait peur, mais il est plus impressionnant qu'utile en réalité. Pour ma part je l'ai très peu consulté, alors que je suis nulle quand il s'agit de retenir des noms de personnages (je ne regarde jamais Game of Thrones seule à cause de ça, et ne le lirai sans doute jamais...). Finalement on se repère assez bien dans ce que raconte la narratrice, et ce qu'elle vit est ce qui m'intéressait le plus, plutôt que de savoir avec qui elle le vit. Ceci dit, il est intéressant de savoir de qui sont ces enfants qui gravitent autour d'elle, pour comprendre le mélange des classes, l'émergence d'une bourgeoisie et l'évolution sociale. Pour ma part ce n'est pas ce qui m'importe le plus, je m'en suis donc plutôt bien sortie ! On verra bien si ça se confirme avec le tome 2 :p. 

J'ai très envie de lire la suite, ce qui est très bon signe. Je pense que j'aurais écrit une critique plus dithyrambique dans d'autres conditions. Mais encore une fois le tapage médiatique est préjudiciable au roman : on s'attend à un tel prodige justement ! Et finalement, on ne peut être qu'un peu déçu. toutefois, en l'occurence, cette déception reste assez modérée pour moi :).