samedi 24 janvier 2015

Miss La Gaffe : tome 1

De la chick-litt en barre concentrée !

Le premier tome de la série des Miss La Gaffe (dont j'ai lu le dernier des trois pendant les vacances
de Noël) m'a encore plus plu. Il arrive plein de choses abracadabrantesques et savoureuses à Lizzie Nichols : partir retrouver en Angleterre un mec avec qui elle est sortie une nuit, se rendre compte qu'il est inattentionné au possible et simplement intéressé par ses sous, fuir en France retrouver sa meilleure amie Sheri et tomber, par hasard, sur le fameux Luck... (dont en entend parler de manière si péjorative dans le tome 3 !).
J'ai beaucoup aimé les différentes ambiances du roman, l'attente anxieuse à la gare, l'arrivée dans le château français, la préparation anxieuse d'un mariage ... bref, que des thèmes de nénéttes, mais traités avec humour et à travers le caractère enjoué et décomplexé (ou presque, s'il ne s'agit pas de rondeurs, de régime ou de pratiques sexuelles inavouées !) de Lizzie. 
Toutefois, même si j'ai passé de très bons moments (comme je ne cesse de le sériner, rien de tel que la chick-litt pour se détendre ! ), j'aurais quelques petites remarques négatives à émettre. Mais vraiment petites les remarques, parce que ce roman est vraiment sympa, encore plus que le tome 3 qui m'a déjà beaucoup plu, donc ce serait faire preuve de mauvaise foi que de le démonter.
Jusqu'à l'arrivée de Lizzie en France les évènements s'enchaînent très rapidement, et c'est plutôt amusant. Cependant, une fois arrivée au pays des froggies, les évènements perdent de leur superbe (là où le décor en gagne : la Dordogne, un château, des vignobles,... un petit côté paradis à la Nerval (sans le style s'entend, mais bon ^^)). Entre le mariage de la cousine, la découverte des nippes dans le grenier, les flirts avec Luck... il y a beaucoup de choses et on s'y perdrait presque. Certains passages sont un peu longs aussi, comme ceux où Luck et Lizzie échangent à propos de leurs choix d'avenir, ou encore les bourdes de Lizzie que chacun ne cesse de répéter.
Bon, en écrivant tout cela, je me dis que j'exagère, parce que c'est bien ce genre d'histoire et de style qu'on s'attend à trouver en ouvrant un roman de cette trempe. En fait, Meg Cabot répond aux canons du genre avec brio : poser les jalons d'un coup de théâtre qui ne tardera pas à se produire, plus ou moins tard. Ainsi méfiez-vous des personnages qui semblent insignifiants, car ils auront sans doute un rôle à jouer à un moment ou à un autre. C'est sans doute cela qu'on peut alors le plus reprocher à ces romans : le peu de profondeur sur les personnages, et encore, si ce n'est surtout, le manque d'informations que l'on a sur leur caractère. Ce sont donc de bons stéréotypes, efficaces à souhait, mais qui, moi, me laissent un peu sur ma faim... Heureusement que le tome suivant laisse présager de sympathiques découvertes sur les héros principaux...

La seule véritable critique que j'aurais à émettre est toutefois celle-ci : j'ai été surprise, sinon presque choquée (au-delà du fait que je me suis dit que j'avais entre les mains un roman pas si régressif que ça) de lire les deux avants-dernières pages comme tout droit sorties de l'érotiquement célèbre Cinquante Nuances de Grey... Certes la couverture du livre stipule que certaines scènes peuvent choquer et qu'il est donc conseillé aux plus de quinze ans, le roman appartient tout de même à la littérature de jeunesse... On reproche aux nouvelles générations d'être "très au courant", mais si la littérature s'y met aussi...

Bref, en dépit de ce petit bémol flouté, un excellent moment de lecture ! 

vendredi 16 janvier 2015

Ca y est, j'ai lu Charlotte !

Ces derniers temps, rares sont les livres qui m’ont fait cet effet là… Non pas seulement (sans doute) à cause de la qualité littéraire bien moindre de certains ouvrages fort distrayants dont je vous faisais l’apologie il y a peu ( !),  mais aussi sans doute en raison de la teneur émotive de celui-là. En plus, je suis à chaque fois sensible aux romans qui évoquent les artistes, d’une manière ou d’une autre (Beauvoir in Love ou Lennon en sont de bons et récents exemples). Ce roman traite donc de Charlotte Salomon, jeune artiste juive morte enceinte en camp de concentration, à l’âge de 26 ans. Ces quelques derniers mots suffisent à planter le décor de ma lecture d’hier soir… Je ne me sentais vraiment pas bien à la fin, ébranlée même. Elle m’a beaucoup fait réfléchir à la mort, à la création, au fait d’avoir quelque chose à faire, à créer avant de mourir. Et puis forcément, on repense aux atrocités nazies et à l’oppression de cette époque. Merci donc, d’abord, pour ces réflexions et ces émotions. Ceci étant, me direz-vous, il y a bien et bien d’autres livres sur le sujet, et tous génèrent en nous ce trop plein d’horreur, d’affliction et d’émotions. Certes. Mais celui-là a quelque chose en plus.
Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

Sans crier au chef-d’œuvre, je dois dire que la forme de la prose de Charlotte est intéressante. La première fois que j’ai ouvert le livre dans une librairie, il y a quelques mois, je l’avais aussitôt refermé. Un roman en vers, quelle idée ! On n'est plus chez Racine, on va se perdre avec la musicalité, et puis on ne va rien comprendre, et puis ça va être lourd, etc etc. Je l’ai donc refermé presque avec dégoût, du moins avec déception. Je n’allais pas lire de si tôt le dernier Foenkinos. Puis un jour je l’ai entendu parler de son roman à la radio (forcément, en étant aussi primé, on en parle). J’ai entendu qu’il n’avait pas essayé de faire rimer les mots entre eux, et surtout qu’il n’avait pas réellement fait des vers. Ouf. Je me sentais déjà plus encline à m’y intéresser. Et puis j’ai lu un article sur les exo-fiction : néologisme disgracieux et un peu barbare, qui désigne le fait d’écrire sur un autre (matrice spirituelle, leitmotiv obsessionnel dans le cas de Foenkinos), tout en parlant, un peu ou beaucoup, de soi. Si quelqu’un, ou du moins la vie de quelqu’un (et surtout d’un artiste) nous obsède, c’est sans doute parce qu’une part de nous s’y reconnait (ou aimerait s’y reconnaître). La compréhension de la vie de l’autre, sa mise en mots, pourrait donc permettre de mieux se comprendre soi, ou du moins de soulager l’obsession. Bref, Foenkinos aurait écrit un texte à la nouvelle mode, avec un style original.
Dès que j’ai pu me le procurer (en VIP au CDI de mon lycée, ouahou, ou du privilège d’être prof de Français ^^), je me suis lancée dans la sa lecture.

Lancée est le bon terme, puisqu’avec un style pareil, on ne peut que se lancer et essayer de suivre le mouvement. Les phrases se succèdent, courtes ou très courtes. Une phrase par ligne, aller à la ligne à chaque point, c’est le principe. Ce serait le seul moyen qu’aurait trouvé l’auteur pour se délester de ce thème qui l’obsédait.  Et puis, suite à quelques recherches, j’ai vu qu’il avait essayé d’écrire comme un Lied allemand (poème accompagné par un instrument), ce qu’il expliquerait le pastiche de vers. Il a peut-être aussi essayé de reconstituer quelque chose des inspirations de Charlotte Salomon elle-même : dans Vie ? Ou Théâtre ?, son œuvre, elle joint à ses peintures de tableaux et des indictions musicales. Une jolie solution pour lui rendre hommage.
Je vous disais donc qu’on est comme happé par cette écriture haletante, qui fait des pauses pour repartir aussi vite, qui ne nous laisse pas de répit et qui pourtant m’a fascinée (dans le sens où je ne pouvais décoller du livre, je l’ai lu en deux soirs (si le temps et la fatigue l’avaient permis, je l’aurais avalé d’un coup d’un seul)). Hier soir il me restait la moitié à lire, et je me suis posée dans mon lit sachant que j’allais partir en voyage, et ne retrouver la réalité qu’une centaine de pages plus tard. C’est ce qui s’est passé, le sentiment de malaise évoqué plus haut en plus… Je m’en serais passé, mais c’est ce qui m’a donné cette envie d’écrire, dès le lendemain matin.

J’ai donc aimé ce roman. Non pas que son écriture, dans le choix des mots, soit le fait d’un maestro. Foenkinos reste pour moi le type qui écrit des livres sympas, dans un style fluide sans pour autant sombrer dans le ridicule. Ce n’est pas de la chick-Litt (je pense au Potentiel érotique de ma femme), ce n’est pas non plus de la grande littérature, mais ça donne souvent à gloser (je pense à Lennon ou à Charlotte) ou glousser (Je vais mieux).
Le style mis à part, j’ai aimé trouver quelques phrases que j’allais prendre plaisir à citer ici, et qui m’ont permis de faire des ponts avec ma réflexion sur l’exo-fiction.
 C’est Alfred, le professeur de chant dont Charlotte est passionnée, qui parle :

J’ai écrit un texte… disons… très personnel.
Oui, ce livre ne parle que de moi.
Il me semble qu’une œuvre doit révéler son auteur.
Enfin, je n’ai rien contre la fiction.
Mais c’est du divertissement tout ça.
Et les gens ont besoin de se divertir.
C’est leur façon de voir la vérité.

Il me semble qu’une œuvre doit révéler son auteur. Même s’il ne parle pas exactement de cela, je me dis qu’il y a un peu de Foenkinos derrière cette remarque, surtout si on considère que c’est bien une exo-fiction. Les autres phrases sur la fiction sont également intéressantes, puisque Foenkinos écrit beaucoup de romans divertissants. Il veut donc nous montrer la vérité !

Voilà, je pense avoir dit ce que j’avais à dire sur ce roman. Je suis heureuse d’avoir renoué grâce à lui avec la véritable réflexion littéraire (même si, d’accord, ce n’est pas le chef-d’œuvre du siècle, uniquement celui de l’année selon les lycéens, mais c’est déjà bien). Je conseille donc vivement ce roman, pour sa forme originale, la fluidité de lecture et surtout, surtout, à cause de l’histoire de Charlotte Salomon.
Toutefois attention aux âmes sensibles parce que tout de même, c’est un peu glauque, et ce dès le début : Charlotte appartient à une lignée de suicidaires. Sa mère, la sœur de sa mère (la première Charlotte), sa grand-mère, et bien d’autres encore. Et elle, elle va mourir jeune mais en contre-pied, puisqu’elle portera la vie.
Une fort belle histoire cependant, et un livre dont je comprends qu’on en parle à ce point. 
Sans que pour autant tout ce blabla suffise à le hisser au rang de chef-d’œuvre.


mercredi 14 janvier 2015

Spécial suspense made in Kasischke

Laura Kasischke est vraiment la pro du suspense. Elle parvient à sous-tendre une histoire somme toute fort simple d'une tension quasi impalpable, mais pourtant oppressante. C'est encore pire si on connait cette auteur, puisqu'on sait que ce qu'on lit n'est qu'une perception déformée de la réalité des faits... C'est oppressant, frustrant,... mais j'adore ça !

Je crois que son talent en la matière a atteint son paroxysme avec Esprit d'Hiver. Elle nous raconte l'histoire d'une mère et de sa fille restées coincées chez elles un jour de Noël à cause d'une tempête de neige.
On se réveille avec la mère, prise en ce matin spécial d'un intense besoin d'écrire. Une phrase la hante "Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusqu'à chez eux". Ce leitmotiv angoissant revient sans cesse et nous met la puce à l'oreille. C'est quoi cette histoire de Russie ? Et puis qui les a suivi ? Un fantôme ? Un agresseur ? Et pourquoi ? Ah Laura Kasischke, quel talent pour nous mettre dans l'embarras le plus opaque et faire psychoter le lecteur ! On comprend un peu mieux les choses dès lors qu'entre en scène Tatiana, la fille d'Holly. Dès le début les tensions sont palpables entre la mère et sa fille, obligées de rester dans leur huis-clos (le père est parti chercher les grands-parents à l'aéroport, et va y rester bloqué à cause d'une tempête de neige). D'emblée ce malaise entre les deux protagonistes a conféré un autre intérêt à l'histoire en mettant en avant les relations mère-fille, thème qui sera traité tout au long du livre. A travers ce canevas classique,  l'auteur distille, (peu à peu, pour bien nous faire languir !) des informations éparses sur les origines de la jeune fille, lesquelles sont liées aux obsessions de la mère. On comprend plus ou moins bien le sens de la phrase initiale, et ce qu'on comprend est de plus en plus angoissant,  sans qu'on parvienne pourtant clairement à expliquer pourquoi. Les tensions s'intensifient, l'angoisse de ne pas revoir les autres pour le repas de Noël augmente, la tempête de neige avec ... jusqu'au moment où des mots, on en passe aux mains...
Frustrant n'est-ce pas ? Ainsi sont faits les livres de cette auteur selon moi géniale, qui nous laisse sur le fil... Ouvre l'oeil lecteur, semble-t-elle nous dire. Ouvre l'oeil et peut-être que tu saisiras le mot, la situation, le détail qui fait que ce qui se passe n'est pas réel, est simplement le fait d'un point de vue malade, gêné, gêné comme Meursault et le soleil, qui le pousse à tirer sans savoir pourquoi. Tout est là, dans le choix du point de vue et des indices qu'elle choisit ou non de nous livrer. 

Je me suis dit qu'un de ces jours j'aimerais relire ce roman à la lumière de sa chute, et que beaucoup de passages prendraient un autre sens. C'est vraiment une chute énorme et qui donne vraiment, vraiment froid dans le dos. Le titre est bien trouvé, entre le souffle glacial du fantôme et l'atmosphère chaleureuse de l'hiver. Je crois que c'est cet entre-deux, entre thriller et quotidien, qui fait tout l'intérêt de ces romans.
Un bon article des Inrocks sur ce roman.
Je devais d'ailleurs le lire pour le Challenge Cold Winter de Dolorès, mais finalement, je vais l'avouer ici... je l'avais lu avant le début du Challenge (.......shame on me !) et finalement j'abandonne le challenge. Trop de contraintes pour le moment, je préfère vraiment lire les livres selon mes envies immédiates. La liste, fort peu pour moi pour le moment ! Mais peut-être une autre fois !

Je voulais juste ajouter un petit mot sur la couverture du Livre de Poche, que je trouve superbe et bien choisie, avec l'atmosphère glaciale mais pourtant mignonette, et cette boule à neige métaphore du huis-clos. Et même, il fait une belle déco ! 

Je vais continuer avec celui que je viens de terminer, un des seuls que je n'avais pas encore lu de cette auteur : La Couronne Verte. Le titre et la couverture sont surprenants, ce qui explique peut-être pourquoi, même s'il est sorti depuis un certain temps, je ne l'avais jamais encore acheté ou lu.
Une nouvelle fois elle met en scène des jeunes gens (comme dans Les Revenants, Un oiseau blanc dans le blizzard, Rêve de garçons,...), trois jeunes filles plus précisément. A la fin de leurs études au lycée, elles partent en vacances pour le fameux Spring Break, passage obligé pour tous les futurs étudiants voulant plonger à plein dans une nouvelle vie où tout est permis. Les trois amies partent donc seules à Cancun, dans un Club Med où tout est Sea, Sex and Sun. Mais l'aventure ne tourne pas comme elles l'auraient souhaité... Il y a bien la mer, le soleil et le sexe, mais sans les bons côtés. Sous ce climat tropical, elles vont bien vivre l'aventure de leur vie; toutefois, ce ne sera pas celle qui leur laissera seulement le goût pâteux de la gueule de bois...

Là aussi Laura Kasischke excelle dans la manière qu'elle a de planter un décor et une situation, et de d'instiller peu à peu l'angoisse et le doute dans l'esprit de ses personnages et, par leur intermédiaire, dans celui du lecteur. J'adore essayer de chercher les petits indices qui permettraient de présager de la chute, forcément glauque et surprenante. J'ai réussi à deviner un peu avant la fin ce qui avait pu se passer, ce qui n'a pas du tout été le cas avec Esprit d'Hiver. Une autre différence aussi est que le dénouement de La Couronne Verte nous laisse imaginer plusieurs situations possibles, ce qui nous soulage un peu. Dans l'histoire de Tatiana, ce n'est pas du tout le cas, ce qui nous met face au côté irréversible de la situation et laisse un sentiment de malaise. Ces livres sont fouillés, bien écrits, réfléchis et vraiment balèzes. Pour moi, ce sont vraiment de grands thriller. Je ne m'ennuie jamais au cours de la lecture, et j'avale les pages pour parvenir enfin au dénouement tant attendu. 
Je pense qu'on ne peut pas rester indifférent à la lecture d'un de ces romans, qui peuvent sembler simples, courts et sans recherche au niveau de l'intrigue. Or c'est au niveau psychologique que tout se passe, ce qui les rend passionnants. 

samedi 10 janvier 2015

Bilan littéraire and Co pour 2015

Il semblerait que ce soit la tradition, chez les bloggeurs littéraires, d'écrire un bilan d'année, en début d'année. Je trouve que c'est une bonne idée, alors je me lance ! 
Cette année je me suis remis à la lecture, non pas avec un grand L mais à la lecture-plaisir, à bonne fréquence en plus. A partir du mois d'avril j'ai également relancé sérieusement ce blog, ce qui m'a fait beaucoup de bien. En plus, je commence à avoir pas mal d'adresses à visiter et pas mal de visiteurs, alors MERCI les amis bloggeurs :) 

Je parlais à l'instant de lecture-plaisir et non de lecture avec un grand L : je m'explique. Depuis l'année 2014, j'ai découvert que j'avais énormément envie de lire les livres que je rejetais avant, c'est à dire la littérature de jeunesse et la littérature girly, en passant par les romans à succès. Ces livres m'ont finalement fait un bien fou. J'ai commencé à reprendre plaisir à lire avec la série de La Guerre des Clans, en litté jeunesse, et ai poursuivi avec les Percy Jackson. Je crois que je peux dire que ces livres, découverts grâce à mes élèves, m'ont quasiment sauvé la vie en me permettant de me remettre à lire. 
J'ai ensuite enchaîné avec d'autres lectures, plus ou moins légères et faciles. En feuilletant mon blog, je me rends compte que je ne me suis pas contentée de livres simples ou contemporains. Il y a un classique qui, je l'écris même, m'a sauvée la vie : Jane Eyre, de Charlotte Brönte. C'est pas avec plaisir inouï que j'ai renoué avec la lecture de dévoration, quand vous avalez les pages par dizaines, voire par centaines en l'espace d'un week-end. Tout cela m'avait vraiment manqué !

Un autre énorme coup de coeur de l'année est le livre d'Irène Frain, Beauvoir in Love. J'ai vraiment adoré, ça m'a rappelé ma folie Beauvoir, et en plus ce livre est vraiment très agréable à lire. Cette fin d'année a également brillé par le bling bling léger de la CHICK-LIT, que j'ai découvert avec Nathalie Roy et ses Charlotte Lavigne. Ce sont des romans super frais sans être cul-cul, et j'attends la suite avec impatience. J'ai également succombé au charme de l'Accro du shopping et de quelques autres. Ces romans me font du bien, et j'ai enfin eu accès à ce plaisir de la lecture que je n'avais plus connu depuis l'enfance et mes Harry Potter ou autres A la croisée des Mondes : plonger dans un livre et y passer de meilleurs moments que devant le meilleur film possible au cinéma.
2014 a également été marquée par une forte présence auctoriale dans mon blog : celle de TATIANA de ROSNAY. Comme je devais la rencontrer avec mes élèves (je dis devais, et oui, mauvaise nouvelle de l'année, elle ne viendra pas, elle est trop prise par la promotion de son prochain livre sur Daphné du Maurier... j'étais bien amère...) je me suis lancée dans sa bibliographie avec grand plaisir, et ai fait de belles découvertes (Elle s'appelait Sarah, et surtout A l'encre russe, qui détonne par rapport à ses autres romans mais qui reste, je crois, mon préféré). Il y a également une autre auteur qui je découverte avec plaisir (conseillée par la directrice de l'IALH d'Angers, Anne Prouteau) : Laurence Tardieu. La plupart de ses romans m'ont beaucoup plu, et plus particulièrement ses deux derniers écrits : La Confusion des Peines et L'écriture et la vie

Un bilan assez riche finalement, après presque un an d'aridité quasi totale... 
Je suis heureuse d'avoir renoué avec la littérature, et encore plus avec le plaisir de lire. Je ressens ces derniers temps l'envie de me replonger dans certains classiques, mais mon besoin de fiction et d'images me porte plus volontiers vers des romans plus simples, plus accessibles, plus immédiats. Je suis d'ailleurs en pleine digestion littéraire ces derniers jours, avec de nombreux livres en cours, de nombreux livres achetés et de nombreux livres empruntés ...
Je vais toucher un mot de ce chaos ici, pour essayer de lui donner forme...

Les livres en cours
Cinquante Nuances plus claires, E.L. James : j'avance par à-coups, c'est agréable de retrouver ces personnages et de lire ça tranquillement le soir dans son lit (surtout quand chéri n'est pas là ^^) mais vraiment, vraiment, il commence à y en avoir marre de cette alternance de "vie bling bling culcul extraordinaire" et de "cul cul cul extra-orgasmico-ordinaire"... Anastasia est vraiment pénible avec sa déesse intérieure et ses bordel de merde permanents, et Christian Grey est décidément trop névrosé. Le charme des débuts, avec la conquête d'Ana, est passé avec leur mariage. Je ne comprends pas trop ce qu'on peut attendre de ce dernier tome... A partir de la 100ème page, j'ai eu une terrible impression de déjà-vu et d'ennui. 

Sexy, Joyce Carol Oates : Je l'ai commencé hier, mais je l'ai presque fini... parce que je l'ai lu en diagonale et ai l'impression d'avoir compris l'essentiel. C'est un joli roman mais il ne correspond finalement pas à ce que j'ai envie de lire ces jours-ci...

Le problème avec Jane, Catherine Cusset : Forte de mon coup de coeur du week-end dernier pour Un brillant avenir, je me suis dit que j'allais peut-être prendre plaisir à m'attaquer à un autre de ses roman, lui aussi primé. Je ne suis pas encore certaine de ne jamais le continuer, mais le début de l'histoire, et les quelques pages feuilletées, me semblent montrer qu'il s'agit d'un personnage bien fade à l'histoire bien banale... L'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ? 

Les livres dans la liste des "potentiels pour ce soir" (nouveaux achats du jour d'ailleurs!)
- Nerfertiti, Christian Jacques : le premier sur ma liste, je vous tiendrai au courant !
- La Couronne verte, Laura Kasischke : le seul d'elle que je n'ai pas encore lu, mais je ne pense pas m'y lancer pour l'instant.

Voilà le bilan de l'année, auquel se mêle le bilan du jour. J'espère que cette glose littéraire me sortira de ma période de digestion ... :)

Et sinon BONNE ANNEE et bonnes découvertes littéraires surtout !!!!!
Sans oublier que même sur les blogs littéraires, on est tous CHARLIE. 

samedi 3 janvier 2015

Deux brillants destins

Un brillant avenir, Catherine Cusset 

Une fois n'est pas coutume, j'écris cet article à chaud après la fin de ma lecture. Au moins je ne vais pas oublier le prénom des personnages, comme c'est très (trop...toujours...) souvent le cas. Mais le souci du détail n'est pas la seule raison de mon exaltation. Je me rends compte que je vais avoir du mal à commencer un autre livre ce soir, un livre dans lequel je ne vais pas retrouver Elena (Lenouch), Marie, Alexandru et Jacob (vous voyez que je me souviens des noms!). Ces personnages m'ont vraiment émue. Leurs destins croisés, soudés et presque semblables, sont prenants et touchants.

Pour continuer sur ma lancée de changements (bonnes résolutions de 2015? BONNE ANNEE à tous et toutes d'ailleurs :)), je vais tenter un bref résumé de ce roman qui a obtenu le prix Goncourt des Lycéens en 2008. Le premier chapitre correspond quasiment à la fin de la période historique que l'on traverse et qui commence dans les années 40. S'entremêlent ensuite des chapitres qui narrent l'histoire d'Elena, jeune roumaine qui devient chercheuse dans le domaine du nucléaire (un poste impressionnant, surtout pour une femme et pour l'époque), épouse un juif (Jacob) et parvient à émigrer en Israël puis aux Etats-Unis. Son histoire, bien que prenante, n'aurait pas eu autant de sel si elle ne s'était entremêlée à celle du couple que forment Marie et Alexandru, son fils et sa belle-fille. Alexandru a suivi ses parents dans leurs diverses pérégrinations pour fuir les désordres politiques de la fin du XXème siècle dans les Balkans (je dois avouer que les questions de politique, d'antisémitisme latent et de révolution n'ont eu que peu de prise sur moi... et celles qui me connaissent n'en seront pas surprises. Toutefois le courage des personnages m'a donné un aperçu de la peur et de l'insécurité liés à la vie dans ces pays...). Il connait donc plusieurs langues et plusieurs cultures. Mais c'est vers la France que va finalement se tourner son amour, en la personne de Marie, une parisienne pure souche, et un brin stéréotypée au début. La Française par excellence. 
Autant dire que le courant ne passe pas très bien entre les beaux-parents et leur pétulante belle-fille. Cela va causer bien des ennuis au couple, qui va se séparer, se rabibocher, pour enfin se marier tout en vivant à des milliers de kilomètres l'un de l'autre (à cause du travail et des offres d'emploi difficiles à obtenir pour des étranger aux Etats-Unis (surtout pour Alexandru qui est roumain et a un fort accent). Ceci étant, les choses vont finir par s'arranger, plus ou moins bien, mais elles s'arrangent. 

Il y a plusieurs choses qui m'ont beaucoup plu dans ce roman : tout d'abord le personnage d'Elena, très fouillé et vraiment complexe. Même si elle a vécu une existence hors du commun et révolutionnaire pour son époque, elle est extrêmement rétive et protectrice vis-à-vis des choix de vie de son fils unique, pour qui elle rêve du fameux "brillant avenir". Sa haine primordiale envers sa belle-fille, qui réussit et prend la vie comme elle vient, peut paraître étrange puisqu'elle a elle-même toujours été un battante et s'est toujours opposée aux choix de ses parents (notamment quand elle a épousé Jacob et émigré). Mais finalement, peut-être est-ce à cause de ces ressemblances, et du fait qu'elle souhaite pour son fils une existence emprunte de moins de heurts que la sienne, qu'elle la prend en grippe. Elle va jusqu'à persuader Alexandru de la quitter. Le caractère d'Elena a vraiment évolué avec le temps, et s'en est presque effrayant. Les quatre parties du roman, "fille", "amante", "épouse et mère" et enfin "veuve", toutes les étapes de la vie d'une femme, montrent qu'il est peut-être davantage le livre de la construction, déconstruction et reconstruction de soi, de son identité humaine, politique et morale. Elena (qui devient ensuite Helen) est un personnage mouvant, flottant, presque insaisissable, mais que l'auteur a réussi à croquer avec succès. 

Ce qui m'a beaucoup touchée ensuite est le lien qui unit Elena et Jacob. A côté d'eux, le couple de Marie et Alexandru semble bien fade. Ils sont extrêmement amoureux mais surtout très unis, et traversent toutes les difficultés de leur destin de réfugiés politiques main dans la main. 

Un très beau livre sur l'identité, les femmes, les relations familiales et le poids des origines. 

Petite remarque, anecdotique ; je possède ce roman depuis très longtemps, et me dis depuis fort longtemps que je vais le lire. Depuis tout ce temps (on parle de plusieurs années!) je pensais que ce roman racontait l'histoire d'une jeune fille qui faisait des études étonnantes et vivait une vie de lycéenne hors du commun. Sans doute à cause d'un mic-mac dans mon esprit entre le "brillant avenir", la jeune fille de la couverture et le fait qu'il ait gagné le prix des lycéens (comme si les lycéens devaient absolument primer des romans qui parlent d'eux...). Etonnant ces livres qu'on fantasme avant de les connaître ! Finalement rien à voir entre mon fantasme et la réalité, mais je n'ai finalement pas été déçue. Même si la bribe d'intrigue qui je m'étais inventée m'aurait bien plu ;p.