mardi 26 septembre 2017

La Servante Ecarlate

La Servante Ecarlate de Margareth Atwood

J'en ai déjà parlé lors du dernier article, et vous proposait la lecture d'un article éclairant sur l'actualité de ce roman. Mais comme je l'ai fini dimanche soir, après avoir posté l'article, et que ce roman mérite vraiment qu'on s'y attarde, je vous en reparle aujourd'hui. 

Ce roman d'anticipation datant de 1985 est à placer dans la même veine que 1984 de Orwell ou encore Le Meilleur des Mondes de Huxley. Ces dystopies sont très réalistes, proches de ce qui pourrait réellement advenir si le monde tombait dans un excès quelconque. 
Dans La Servante Ecarlate, c'est un univers où les femmes sont reléguées au rang d'objet, pour la majorité d'entre elles. La scission entre les deux sexes n'est en effet pas totale puisque quelques femmes dominent les autres : ce sont les Tantes. Elles gouvernent, embrigadent et châtient. Les Epouses, elles, font parade avec les hommes. Et les Servantes portent les enfants des autres. Un statut plus enviable que celui des Non-Femmes envoyées travailler aux colonies, mais tout de même. Elles sont reléguées à leur fonction primaire : des entrailles fonctionnelles. 
Defred est l'une d'entre elle. Elle vit chez Serena Joy, une ancienne chanteuse devenue Epouse. Et son grand malheur est de n'être ni suffisamment jeune pour ne pas avoir connu le monde d'Avant, ni suffisamment âgée pour ne pas avoir eu à offrir les services de son corps. Son quotidien est rythmé par les courses, qu'elle effectue en couple avec une autre servante comme elles; deux ombres vêtues de rouge et de blanc, constamment surveillées. Et le soir, une semaine par mois environ, elle participe à la Cérémonie avec le Commandant et son Epouse. <Attention Spoil>Et oui, un élément terrible de cette histoire, est que le rituel se passe avec les trois à la fois : la Servante est couchée sur l'Epouse, et le Commandant fait ce qu'il a à faire... Dérangeant...
Je ne vous en dirai pas davantage concernant l'intrigue, sinon vous n'auriez plus de surprises. Mais je vais vous parler de mes sentiments pendant cette lecture

Au début j'ai trouvé le style très plat, très lent, très blanc. On a l'impression d'un univers totalement opaque, blanc, insonorisé, où seul le rouge se distingue. L'ambiance est posée, on est bien dans un monde contrôlé, privé de libertés. Même dans les chambres, les Servantes n'ont pas de lustres ni de fenêtre accessible, au cas où il leur prendrait l'idée de le quitter, ce monde. Bref, c'est très lent. Peu d'action; surtout des descriptions du quotidien. Puis il y a quelques flash back. On apprend des choses sur le passé de Defred. Je me suis surprise à ne pas m'y embrouiller; c'est assez fluide une fois qu'on a compris quelles étaient les deux lunes de son univers. Mais c'est toujours lent; page 200, 250, et toujours rien. Enfin on apprend des choses sur les relations entre les Servantes et les pères. Je pensais que l'héroïne allait tomber enceinte. Que neni. L'histoire porte sur autre chose : l'oppression, le conditionnement, les tentatives de résistance, ténues. Peu d'action, je vous l'ai dit. Et puis vers les deux tiers du roman, il se passe vraiment quelque chose, entre Defred et le Commandant. Et là j'ai adoré, ma lecture s'est accélérée. 

Malgré cette lenteur, je n'ai pas arrêté ma lecture. Le style, l'univers, tout m'interpellait, et me demandait de continuer pour en connaître l'évolution. J'ai aimé ce roman, cette histoire; je me suis malgré moi attachée aux personnages. Pendant plus de 5 jours - qui m'ont paru une éternité étant donné mon rythme de lecture habituel-, j'ai suivi Defred dans sa vie, son évolution, ses souvenirs. Et je ne suis pas sortie de cette lecture indemne. Je ne vous ferez pas une analyse politique, je ne suis pas assez au fait avec tout ça, mais une chose est certaine : j'ai aimé le style de ce roman, ses personnages, son intrigue. Je me suis accrochée, et j'ai dépassé mes préjugés. 
Un roman que je conseille à tous, et une série qui a l'air super.

dimanche 24 septembre 2017

C'est dimanche, qu'est-ce qu'on lit ptêt bien sous le soleil, ptêt bien sous un plaid ...!

Bonjour bonjour ! Nous sommes dimanche, c'est donc l'heure du bilan.
En ce week-end d'automne indien, on ne sait que trop choisir concernant les lieux de lecture. D'où mon titre,  normand sous toutes les coutures, vous l'aurez remarqué :p.

Ce que j'ai lu cette semaine



J'ai enfin lu le roman qui me faisait de l'oeil depuis longtemps, Celle dont j'ai toujours rêvé de Mérédith Russo. Je vous en fait un bref résumé : Amanda, il y a à peine un an, s'appelait encore Andrew.  Au désespoir de ses parents et armée d'un immense courage, elle a suivi le délicat protocole qui lui a permis de changer de sexe. Le roman débute alors qu'elle arrive dans un nouveau lycée, dans la ville de son père (un peu comme Bella dans Twilight, humhum) et sa vie change radicalement. Elle est belle et bien une fille, et tous les garçons tombent fous d'elle. Elle se fait également plein d'amies. Sa vie semble idylique, mais l'auteur ne nous leurre pas; Amanda doute beaucoup, est en permanence effrayée que son secret ne soit découvert. Toutefois l'histoire d'amour qu'elle vit avec Grant est très jolie, très douce et sincère. On a envie d'y croire, comme elle; mais son passé risque à tout moment de la rattraper. 

C'est un très beau livre sur le transgenre. Bien écrit, avec des rebondissements crédibles, sans m'as-tu vu ni détails inutiles. Une belle histoire d'amourS, avec une héroïne très courageuse. Les relations avec ses parents sont également bien présentes et crédibles, ce qui rend ce roman intéressant et accessible à tous les grands ados et autres lecteurs. 


Cette semaine j'ai aussi commencé La Servante Ecarlate de Margaret Atwood.
Cette dystopie m'a été conseillée par ma libraire, qui a beaucoup aimé la série sortie il y a peu. Je vous laisse lire cet article pour en savoir un peu plus, comme ça je ne vous ferez part que de mes impressions de lecture. 
Le style de l'auteur n'est pas évident : très lent, assez épuré. Elle nous fait part du quotidien de son héroïne de façon détaillée, avec peu de rebondissements. Il y a beaucoup de retours en arrière, sur le passé d'avant la dictature. Je suis surprise de ne pas m'emmêler les pinceaux parce qu'ils peuvent survenir d'un paragraphe à l'autre. Toutefois, comme avec Jane Austen, je me surprends à continuer, et à prendre plaisir à ce que je lis. Certes je n'avance pas vite, mais l'histoire est prenante malgré tout, on a envie de savoir ce qu'il va advenir de cette servante écarlate vouée à enfanter pour les autres. C'est très glauque d'ailleurs ces espèces de cérémonies de la Naissance, la manière dont le Commandant de la maison engrosse cette femme en présence de son Epouse, et comme tous vivent en conditionnement. Dans l'article que je vous invite à lire précédemment, il est question de l'actualité brûlante de la série aux Etats-Unis. Et j'avoue que c'est assez angoissant...

Ce que je compte lire après 

Je ne sais pas encore, peut-être un service de presse que je vais recevoir. Un roman déroutant d'après les avis que j'ai pu lire...


dimanche 17 septembre 2017

La chronique du dimanche : Orgueil et préjugés de Jane Austen

Hello tout le monde !
Je change un peu mes habitudes -sans pourtant trop y déroger- en ne vous proposant en ce dimanche non pas un bilan de lecture mais une chronique sur le livre que j'ai lu cette semaine. Et quel livre ! THE Orgueil et préjugés de cette géniale Jane Austen. Ce livre m'a tenue plus de six jours, style, densité et rentrée obligent. Et puis je crois que d'une certaine manière, cela me peinait de quitter trop vite Elisabeth Bennet et Darcy. 

Avec cette chronique je m'attaque à un gros morceau : je sais que nombreux et surtout nombreuses d'entre vous et autres blogueuses ont un amour particulier pour ce roman. Ce que je vais en dire ne devrait en rien les vexer puisque suite à cette lecture, je crois que je comprends cet amour.; et surtout, je me demande pourquoi je ne l'avais jamais lu avant ! Toutefois je craindrais de ne pas lui rendre suffisamment hommage. Bon, quoi qu'il en soit, je me lance ! 

Je ne savais pas tellement à quoi m'attendre en commençant cette lecture. En réalité je craignais même de m'ennuyer, ou d'avoir affaire à un style complexe, le genre de livre que je lisais quand j'étais étudiante mais qui m'endort en période de travail. Pourtant, dès les premières pages, j'ai été bleuffée : le style est souple sans être simple, fluide, pas compliqué mais très travaillé. On n'est pas dans la litote de Madame de la Fayette ni dans le sous-entendu permanent à la Laclos. C'est autre chose, une retenue qui laisse la part belle à l'ironie, à l'humour et à la sagacité. J'ai été très surprise de voir tant de traits d'esprit et surtout d'humour dans ce roman. Les parents d'Elisabeth sont très critiqués, ainsi que tous les autres personnages de l'oeuvre. On est loin d'un quant à soi fier et mesuré. Je craignais que l'auteur ne laisse transparaître une certaine fierté de classe, teintée de pédantisme et de bourgeoisie. Il n'en est rien. 
L'histoire est quant à elle très simple mais pleine de rebondissements. Je ne ferais pas l'affront ici de la raconter, au risque de lasser celles qui l'ont lu (et relu, n'est pas ^^) et de spoiler ceux et celles qui, comme moi, ne l'auraient pas encore découvert. J'ai été très agréablement comblée d'ailleurs par les nombreuses intrigues secondaires qui se nouent autour de la première, et ce en tout fluidité. 
Et enfin j'ai beaucoup aimé le personnage d'Elisabeth. Je comprends les lectrices qui, dans certains quiz, se comparent à elle et à son amour pour Darcy. C'est vraiment une âme libre, un esprit en avance sur son temps, qui ne se la laisse pas dicter. Les changements de ton de l'auteur, qui joue avec les focalisations de manière discrète, nous laissent entrevoir les pensées de cette jeune femme ouverte et franche, qui parvient à faire fi de nombreux préjugés. 
Dans ce roman les personnages sont orgueilleux et surtout plein de préjugés. Darcy est la première victime de ces mauvaises impressions au début du roman, et heureusement que l'héroïne lui redonne ses lettres de noblesse. Ceux qu'on croit les plus hautains et les moins avenants sont souvent les coeurs les plus riches; ils ne demandent qu'à être découverts. Il n'est toutefois pas le seul à être objet de ces jugements liés à leur comportement. Mrs. Bennet est un cible de choix avec ses nerfs et ses joies extravagantes. D'ailleurs les caractères détonants des soeurs Bennet est quelque chose qui m'a bien amusée. Comment est-ce que des enfants peuvent-ils à ce point ressembler à l'un ou l'autre de leur parent ! En tout cas j'ai bien apprécié Lizzy et Jane. Cette dernière est une belle âme, plus fade qu'Elisabeth, moins sauvage, plus docile, mais un personnage intéressant. 
Darcy est sans doute le plus fascinant de tous. Duplice, généreux dans l'ombre, héroïque sans qu'il n'y paraisse, il parvient à faire tomber les jugements qui font de lui un goujat pour se hisser au rang de chevalier. 

Bon je m'arrête avec mes analyses, qui sont sans doute des portes enfoncées et ne valent pas grand chose. Tout ça me montre simplement, si besoin en était encore, que j'ai beaucoup aimé ce roman. Dommage que la fatigue de la reprise ne m'ait pas permis d'en lire de plus longs passages d'une traite (je m'endormais à chaque fois au bout de 10 à 20 pages le soir, sic...). Mais j'ai tout de même réussi à le terminer en moins d'une semaine et surtout, je n'ai jamais eu la tentation de sauter des pages ! Un gage de réussite pour moi :). 
Je ne compte pas me relancer de suite dans la lecture d'un autre roman de l'auteur, mais j'espère bien poursuivre sa découverte. 

Avis aux fans inconditionnelles : que lire après ??!

Et juste un petit mot sur ma nouvelle lecture, parce qu'on est dimanche et qu'on lit (un peu sous le plaid, et un peu sur le transat !)


Un roman sur le transgenre, qui commence très bien en tout cas. Ma collègue m'a dit qu'il était tout en pudeur, j'espère ne pas être déçue ! 

Ce que je pense lire après 

Parce que j'ai découvert que c'était d'une actualité brûlante aux Etats-Unis, et parce que le sujet m'intéresse : 


dimanche 10 septembre 2017

C'est dimanche, qu'est-ce qu'on lit au chaud ?

Ce que j'ai lu cette semaine 



La Septième vague, Daniel Glattauer
J'ai bien aimé la suite du premier tome, Quand Souffle le vent du Nord (lien ici). On a enfin ce qu'on voulait ! Il y a un peu de suspense mais aussi quelques longueurs malheureusement. Mais on a tellement envie de savoir ce qui va arriver à nos deux personnages qu'on ne peut pas zapper la lecture. Les mails sont aussi globalement plus longs que dans le premier tome. 

Les filles de Roanoke, Amy Engel
Dans cette petite ville du Kansas, tout le monde envie les filles Roanoke. Elles sont belles, jeunes et riches. Elles vivent avec leurs grands-parents dans le domaine familial, au milieu des champs de blé. Leur vie semble douce. Mais il y a quelque chose de pourri au royaume des Roanoke. Camilla, Penelope, Eleanor, toutes les filles de la lignée ont connu des fins tragiques. Quand sa cousine Allegra disparaît à son tour, Lane se lance à sa recherche, sans se douter qu'elle va déterrer les plus noirs des secrets de famille. 

Ce roman est...comment dire... étonnant, dérangeant, voire flippant. Je m'explique (attention, spoil !) Toutes les filles de cette famille se ressemblent étrangement... et pour cause, elles ont toutes le même père. Je ne vous en dirai pas plus, on ne nous en dit d'ailleurs pas vraiment davantage tout au long de l'histoire. J'ai apprécié cette pudeur qui plane sur le "quelque chose de pourri" qui croit sur la famille. On s'en doute sans trop oser y croire, et puis les indices s'accumulent et on n'a plus de doutes. Le personnage principal, Allegra, est également attachante, mais très mystérieuse. Elle revendique à de nombreuses reprises cette noirceur qui l'habite, peut-être en raison de sa génétique bouleversée. Le roman oscille sans cesse entre passé et présent, noirceur et plaisirs, quête d'absolu et cauchemar intense. Quand on pense que l'auteur est la même que celle de The Book Of Ivy, on ne peut être que surpris. En effet le sujet est particulièrement osé et délicat, très bien traité, tout en nuances. L'écriture est également très travaillée, un pur plaisir. 
Un roman qui vaut le coup, qui bouleverse et remet en cause les valeurs habituelles, le tout en pudeur. Contrairement à Forbidden, le sujet de l'inceste est traité avec encore plus de retenue, l'auteur tourne autour des histoires des filles de la famille sans jamais rentrer dans de sordides détails.


Lucie, ou la vocation, Maëlle Guillaud

Lucie est une jeune fille qui ne sait trop que faire de sa vie. La khâgne la tue à petits feux, son père lui impose indirectement des exigences de carrière, et elle ne sait que choisir. Lorsqu'elle rencontre Mathilde et avec elle les congrégations, sa vie prend un nouveau tournant. Elle se sent appelée, elle croit avoir trouvé sa vocation : entrer dans les ordres.
Comme dans un mariage, tout est magnifique au début : les fiançailles, les premiers pas, les premières promesses. Mais finalement les choses se gâtent quand elle découvre l'amère réalité de la vie de novice : le respect de l'autorité farouche de la mère supérieure, les contraintes multiples (prendre du poids, se tondre les cheveux, oublier sa famille,...) et les animosités larvées. Le couvent est un lieu clos mais dangereux, pervers, où les valeurs humaines qu'on suppose être celles de la chrétienté volent en éclat dès les portes fermées. De quoi écoeurer de ce monde coupé du reste, où l'on pourrait se croire protégé. J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui lève le voile, - sans mauvais jeu de mots !- sur la réalité de la vie des soeurs, les sacrifices et l'âpreté qu'imposent leur engagement. La fin en plus est totalement ambivalente, de quoi nous laisser sur un sentiment un peu effrayant.

Lecture du moment



Comme je le disais sur la page, j'ai envie de me remettre à lire de la littérature plus classique. Du coup j'ai fouillé dans ma bibliothèque et au CDI et ai eu envie de me lancer dans le célèbre Orgueil et Préjugés de Jane Austen, que je ne connais finalement que par les films et que je n'ai jamais vraiment lu. Pour le moment j'adore, alors que j'avais peur des longueurs. Je n'en suis qu'à une quarantaine de pages, pourvu que ça dure ! 

lundi 4 septembre 2017

Sortie Syros Septembre : Un roman d'aventure (ou presque !), Yaël Hassan

Un roman d'aventres (ou presque !)
 Yaël Hassan
Editions Syros
256 pages
A paraître le 7 septembre 2017 

Pour réussir un roman d'aventures, il faut : des personnages attachants, une quête palpitante, de l'action, de la peur, de l'amitié, de l'amour, des méchants, de quoi faire rêver les jeunes, des dauphins. Voilà la liste rassurante des ingrédients du roman d'aventures trouvées sur Internet par notre auteur, qui s'attelle courageusement à son objectif. Son point de départ : une bande d'ados se retrouve sans parents le jour de Noël. Mais il va bientôt se rendre compte (entre autres) qu'il va devoir inventer une bonne raison à cette disparition, qu'il est nul pour les descriptions et qu'il ne sait pas écrire une scène d'action. Et c'est alors que sa vie (sa vraie vie) se met à ressembler à un roman...

En quelques mots :

- Une histoire à mourir de rire, où Yaël Hassan s'autorise toutes les audaces formelles, où le personnage de l'apprenti écrivain ne cesse d'interrompre son récit pour nous livrer ses doutes et ses états d'âme.
- Un livre que nous fait toucher du doigts les ficelles du processus créatif : notre auteur saura se sortir des situations romanesques les plus inextricables ! Un vrai cours d'écriture autour du genre du roman d'aventures.
- Deux romans en un, aussi palpitants l'un que l'autre : l'histoire que l'écrivain va inventer sous nos yeux (l'aventure palpitante de la bande d'ados) et celle, totalement inattendue, qu'il va vivre sans sa vie (sa maison de campagne cambriolée, etc...). Un jeu irrésistible sur le vrai et le faux. 

J'ai adoré cette lecture. J'ai trouvé cette idée de mise en abîme de l'écriture très intéressante et très bien réalisée. Le narrateur - un ancien journaliste qui se lance dans l'écriture de son premier roman- , tout en nous racontant l'histoire plutôt passionnante de ces personnages dont les parents ont disparu suite à une tempête, nous explique les diverses démarches de l'écriture. Ses joies, ses difficultés, ses moments d'abattement, ses épiphanies et j'en passe. Les nombreuses digressions qui jalonnent son récit sont véritablement pertinentes. D'une part elles sont très pédagogiques et font réfléchir le jeune lecteur au parcours complexe et semé d'embûches qu'est l'écriture d'un roman, surtout d'un roman d'aventures. D'autres part elles sont très attrayantes quand on s'intéresse tout simplement au travail de l'écrivain quand on n'en est pas un soi-même. Or la vie des écrivains est quelque chose qui me fascine; avec ce roman, j'ai donc été servie, même si le ton est toujours celui de l'humour et reste positif (nous n'entrons pas dans des atermoiements à la Delphine de Vigan, heureusement pour les jeunes lecteurs !). 
Ces digressions peuvent être tout simplement lexicales (la professeur en moi jubile !), techniques (combien de chapitres, une description ici ? un dialogue ?) ou bien concerner les thèmes de l'histoires, les interrogations sur ce qui intéresse le public etc. C'est extrêmement bien fait, la trame des histoires en est enrichie au lieu d'être parasitée et c'est très instructif. Par ailleurs le fils du narrateur-écrivain est son premier lecteur, et ses impressions en tant que jeune sont très profitables. On sent que Yaël Hassan avait envie, comme elle le dit dans une interview, de "tenter l'aventure" en se lançant dans un genre (le roman d'aventures) qu'elle n'avait jamais essayé et que ses lecteurs lui réclamaient souvent. Et très vite lui est venue l'envie "de faire de sa démarche, de ses tentatives, de cette expérience, un livre en soi". 
L'histoire racontée par note écrivain en herbes est quant à elle palpitante pour un jeune lecteur, qui peut s'identifier très facilement à ces nombreux ados d'âges divers et aux personnalités marquées. Les parents sont absents en plus, ce qui donne une touche aventureuse si j'ose dire, à l'ensemble. Yaël Hassan ne manque pas d'ailleurs de faire des références plus ou moins dissimulée à divers dystopies de la collection Syros, ce que j'ai trouvé amusant. 

J'ai donc adoré ce roman pour son originalité, et surtout pour la mise en relief de l'activité de l'écrivain. En tant qu'enseignante, je ne peux qu'en recommander chaudement la lecture en collège : le style et les termes utilisés sont peut-être un peu complexes en 6ème (là où Momo Petit Prince des Bleuets, du même auteur, est génial) mais pour de bons lecteurs c'est abordable. Sinon il est possible d'en étudier des extraits pour travailler sur la fabrique du livre. En 5ème il serait tout à fait adapté. 

Bref, bravo à Yaël Hassan pour ce roman passionnant dans toutes ses dimensions, et merci aux Editions Syros pour cette découverte :). 

dimanche 3 septembre 2017

C'est dimanche, qu'est-ce qu'on lit à l'abri de la pluie ?

C'est la rentrée, le travail intensif reprend, le rythme qui va avec aussi. Je vais donc sans doute voir mon rythme de lecture ralentir... Ceci étant, je vais aussi avoir un accès quotidien au CDI; donc j'aurai aussi davantage de choix de romans jeunesse ! Donc à voir pour les lectures; une chose reste certaine : je publierai sans aucun doute beaucoup moins. J'essaierai néanmoins toujours de poster mes bilans du dimanche :).

Ma lecture de la semaine 



Cette semaine j'ai eu moins de temps pour lire et en plus je me suis lancée dans un pavé : le dernier Franck Thilliez. J'ai beaucoup aimé cette lecture, comme à chaque fois avec les Thilliez qui mettent en scène Sharko et Henebelle. Enfin je crois que je n'ai jamais lu que ceux avec Sharko et/ou Henebelle... Rêver me fait de l'oeil d'ailleurs. Sortirai-je de ma zone de confort ?! 
En tout cas j'ai aimé retrouver mes personnages favoris, surtout Sharko d'ailleurs dans ce tome. Pourquoi me direz-vous ? Ce que je vais vous raconter là ne va pas vous spoiler, pas de panique; ça se passe dès le début du roman. Et bien parce que Lucie commet un meurtre, dès les premières pages. Comme souvent elle se lance dans des recherches en solo, et surtout dans la gueule d'une cave sombre dans laquelle oeuvre un taré tondeur de chats et fan de sangsues. Pas terrible... Elle se fait attaquer, se défend et bam, le coup part. Le téléphone de Sharko sonne; il accourt. Calcule tout, ou presque. Maquille la scène de crime, récupère les indices. Achève la victime (le côté sombre du requin ! ). Et tout au long du roman, ils vivent la peur au ventre, surtout Lucie. C'est pourquoi on ne l'entend presque pas, malheureusement. Le second personnage phare de ce tome, après Sharko, est Nicolas Bellanger, l'ex chef d'équipe abîmé dans la drogue et l'alcool depuis la mort de sa compagne dans des circonstances tragiques, lors de l'affaire Pandémia. Il va prendre cette enquête à coeur et devenir l'ennemi à abattre si le couple veut s'en sortir indemne. Ils vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, et Bellanger ne demande qu'à la faire tomber. 
Sharko et Hennebelle dans la peau des meurtriers; le fantasme de tout auteur de polar, et de tout lecteur aussi ! Non pas une trouvaille mais une belle gageure, parce qu'un tel retournement de situation demande à être bien traité. Thilliez y parvient mais au bout de 400 pages sur les presque 600, on sent le vent tourner favorablement pour nos deux policiers préférés, la peur quitterait presque Sharko (peut-être est-ce fait exprès, lisez la suite :p), et l'intrigue selon moi majeure s'affadit pour céder la place à l'enquête sur les vampires et les personnes atteintes d'une maladie anesthésiant le sentiment de peur. D'ailleurs le prologue, avec son histoire de requin, est top. Donc, pour résumer, le polar zélé et innovant s'essouffle pour devenir un Franck Thilliez de base : des tas de statistiques, des références médicales pointues, des tribus aborigènes (on les retrouve souvent, à la source de tas de soucis), un labyrinthe complexe vers le coupable.  J'ai donc été déçue par la fin, très (trop ?) documentée, intéressante mais pas palpitante. En bref, les infos étaient bien entendu différentes (d'ailleurs si vous avaient quelque chose contre l'hémoglobine, accrochez-vous !) mais la forme semblable aux autres Thilliez que j'ai lus. Donc un peu déçue sur ce point. J'ai terminé ma lecture sans grand enthousiasme, après avoir adoré les premiers jours. 
En résumé, un bon roman, une intrigue de départ alléchante, mais une fin relativement commune à qui connaît l'auteur. 

Ma lecture en cours


Je n'ai donc lu qu'un seul roman cette semaine, et ai commencé hier soir la suite de Quand souffle le vent du Nord