mardi 30 décembre 2014

Exemples de Chick-Litt

Demain est un autre jour, Lori Nelson Spielman
Comme l'évoquais judicieusement une consoeur bloggeuse, ces romans ne laissent pas un souvenir impérissable, et je viens d'en faire l'expérience. J'ai lu Demain est un autre jour et l'ai fini il y a une dizaine de jours. Le problème est maintenant que... je ne m'en souviens que bien peu ! 
En me creusant bien les méninges et en convoquant ma mémoire, je me souviens qu'il est question d'une jeune femme dont la mère vient de mourir et dont l'héritage n'est autre qu'une liste des choses qu'elle souhaitait faire de sa vie quand elle avait 14 ans. Les items s'étalonnent de l'achat d'un cheval au fait de devenir maman. Tout ou presque y passe, les clichés vont bon train mais je me suis laissée prendre au jeu. Malgré les énormes ficelles, il n'y a pas un moment où je me suis ennuyée, pas un moment où j'ai voulu lâcher le livre. 
Je n'ai pas réussi à bien cerner ce qu'est le phénomène Life List (indiqué sur la couverture), alors si quelqu'un peut éclairer ma lanterne... Ah si finalement j'ai compris, c'est à cause du titre original (dont je mets l'exemple ici). 
Ceci dit, il est vrai que c'est intéressant de réfléchir aux projets les plus importants de sa vie, et de ne pas perdre de vue ses rêves. Après, cela me surprendrait que quelqu'un réalise les siens aussi vite et aussi miraculeusement que l'héroïne de ce roman ! La fiction a du bon :).

Je profite de ce court article pour évoquer deux autres lectures récentes

Tout d'abord un roman de Meg Cabot, Miss La Gaffe se marie.
C'est le troisième d'une série mais c'était le seul disponible à la médiathèque et en plus le thème m'a particulièrement intéressée (:p). J'ai été agréablement surprise, ce n'est pas seulement un livre pour ado, c'était vivant, sympa, un peu cliché (mais je crois que c'est définitivement le principe de la chick-litt (clich'litt pourrait-on dire...) mais je n'ai pas non plus eu envie de laisser le roman ou de le lire en diagonales. En plus, les diverses remarques historiques ou anecdotiques sur le mariage ajoutaient une épaisseur supplémentaire à l'histoire. Un bon moment pour un début de vacances. 

Le deuxième roman auquel je me suis attelée est celui qui a fait beaucoup parler de lui et qui m'intriguait ; Les gens heureux lisent et boivent du café, d'Agnès Martin-Lugnan. Son roman a d'abord été publié sur Internet puis par un éditeur suite à son succès. Mais je dois dire que je n'ai pas tellement compris ce qui a pu être à l'origine de ce succès... Je me suis considérablement ennuyée à la lecture de ce petit livre bourré de clichés, dont le début était pourtant prometteur. L'intrigue commençait bien, même très bien, on s'attendait à voir la jeune veuve expérimenter la résilience de manière spectaculairement efficace et s'en sortir grandie (cliché mais humain). Or rien n'a été remarquable ni spectaculaire. La jeune femme est certes sortie de sa torpeur, mais grâce à d'énormes clichés et un macho ridicule. J'ai lu les 150 pages du corps du roman (les 50 premières étant les seules qui vaillent le coup) en diagonale, et pourtant j'ai tout compris. Bref, je ne comprends vraiment pas ce qui a permis à ce roman d'avoir un tel succès.
En plus je trouve scandaleuse la tromperie dont est victime tout lecteur un tant soit peu soucieux de la qualité des livres qu'il choisit d'acheter ou tout simplement de lire. En effet, le titre du roman laisse présager une histoire qui convoque fortement la littérature. Rien de tout cela, il est juste question au début du café littéraire que tient l'héroïne. Sinon la couverture : une image à la Doisnau, qui rappelle la couverture de Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan. Une autobiographie éminemment littéraire. Or, vous l'avez compris, encore une fois rien de tout cela. 
En résumé, une publicité mensongère et un packaging trompeur. 
Il est vrai que les gens heureux lisent, mais pas ce roman là... 

jeudi 18 décembre 2014

Petit mot sur la chick-litt

Je suis en train de lire Demain est un autre jour, un nouveau succès de la chick-litt made in USA, et comme j'y prends plaisir, je suis allée voir ce que les autres bloggeuses en pensaient (oui, ce sont surtout des filles qui lisent ce genre de littérature, mais là je ne vous apprends rien, surtout que chick veut dire poulette en anglais, et qu'une poulette est forcément... bon d'accord j'arrête!). Bref je suis donc allée faire un tour du côté de mes collègues (co-logos, qui parlent le même langage, ou qui parlent en tout cas de la même chose, donc je crois que je peux employer le mot collègue ici, et ailleurs qu'au travail !) et ai constaté avec une certaine satisfaction (me disant que je ne prenais pas plaisir à lire un navet que tout le monde déteste) que les avis sont quasi unanimes : la chick-litt, ça fait du bien !!
Mais pourquoi est-ce que ça fait autant de bien de lire des romans qui parlent de gonzesses qui ont plein de copines, qui vivent plein d'aventures, qui ont plein de problèmes surréalistes dans leur ampleur et l'ampleur de leur accumulation (ou bien est-ce l'ampleur qui est accordée à un problème somme-toute banal dans la vie "normale" qui nous étonne?), qui ont semble-t-il une vie idéale et presque enviable (il ne faut pas abuser non plus, surtout pour celles qui sont les reines du shopping et les déesses des escarpins), mais qui ne l'est peut-être pas tant que ça...
Ah, peut-être est-ce là une des clés du succès : malgré leur fraîcheur et leur caractère à toute épreuve, les héroïnes de ces romans (j'ai en tête l'Accro du shopping, la Julie de Gilles Legardinier ou encore ma chère Charlotte Lavigne) vivent des galères (comme nous), ne sont pas toujours contentes de leur sort (comme nous...) et finalement s'en sortent (pas forcément comme nous, mais bon...). La recette fonctionne : une fille à qui on voudrait ressembler tellement elle est bien dans ses baskets et à qui il arrive des "embêtements" (pour ne pas dire des em****), et un happy end au terme de péripéties empreintes de situations cocasses qui nous font bien marrer.
Aujourd'hui c'est la crise, on ne sait pas trop où on va, ce qu'on va faire, ce qu'on peut se permettre ou non dans la vie, et là on nous offre sur un plateau la projection d'une vie qu'on voudrait toutes avoir (avec ses em**** aussi, sinon on serait chez les Bisounours, et fi de l'identification dans ce cas). Et c'est vraiment ça qui est à l'oeuvre : l'identification, dans tout ce qu'elle a de plus rassurant : une héroïne pas parfait, qui nous ressemble un peu, et qui surtout réalise ce que nous n'osons pas imaginer pouvoir réaliser. Au prix de quelques désagréments certes, mais elles y arrive! Ces héroïnes nous sécurisent tout en nous offrant un point de vue optimiste sur la vie et surtout l'avenir. Avec du culot, on peut tout avoir. Voilà ce qu'on y apprend. Et c'est précisément de ce genre de messages que l'on a besoin aujourd'hui je pense.


En plus (et je tiens cette remarque de Keisha, merci à elle!), quand comme moi on ne regarde pas beaucoup de films (tout en allant au cinéma avec chéri voir les blogbusters qui bourrinent !), on est servies. Rien de plus agréable que de se glisser sous la couette avec ces romans où chaque page est une séquence haute en couleurs, qui nous rempli le coeur de baume au chocolat et nous colle des licornes dans les yeux. On passe toujours un super moment, on ressent plein d'émotions, on s'identifie à bloc, notre estime de nous-même est réhaussée parce que ces nanas y arrivent, ... et ça fait du BIEN !!

Tout ceci nous interroge finalement sur ... pourquoi lire ? Et pourquoi lit-on ce qu'on lit ? Qu'est-ce que nos lectures nous révèlent de nous-mêmes et de nos aspirations ?
Ahlàlà j'aurai réussi à lier dans une même page littérature de gare et philosophie de comptoir... Mais n'est-ce pas ce vers quoi le monde arrive ? L'entremêlement de tous les styles ?
Bon je me tais, il se fait tard, et puis mon roman chick-litt m'attend.
Keep calm and read chick-litt.

dimanche 14 décembre 2014

Complètement crâmé

Forte de ma bonne expérience de lecture avec le premier roman que j'ai lu de Gilles Legardinier Demain, j'arrête, je me suis lancée avec circonspection mais non sans espoir dans celui-ci. D'emblée l'histoire m'intéressait moins, mais je me suis dit que c'était tout de même le genre d'histoire que j'avais envie de lire à ce moment là. Une histoire simple, légère, et pleine de bons sentiments. Sans oublier l'humour.
Je ne sais pas ce qui m'a plu dans ce livre, mais je n'avais pas envie d'en sauter les pages. Pourtant à chaque fois je me disais : l'humour du personnage principal est vraiment nul, il est pas drôle, pourquoi je continue à lire ? En plus tout ce qu'il se passe est ridicule, prévisible, on se croirait chez les bisounours...
Mais je gardais je ne sais pourquoi ces pensées à distance, et me laissais bercer par le rythme de ce livre ultra optimiste. L'histoire commence assez mal, le personnage principal avance dans la vie avec ses douleurs et cherche à changer de vie en partant vivre en France, en tant que majordome. Dans la belle demeure de sa nouvelle employeuse, il va rencontrer plusieurs personnages dont la vie va changer. Ils vont se donner la force d'évoluer au contact les uns des autres. Certes c'est très édulcoré, les situations sont hyper-romanesques (voire niaises...) mais j'y ai pris plaisir, et n'avais pas envie de le lâcher. 
J'ai surtout été touchée par les talents de résilience de Blake, le personnage principal, et puis par sa capacité à amadouer même la plus rétive des cuisinières et le plus ours des garde-chasse. Certes il est extrêmement intrusif avec ses amis, il se mêle de tout, essaie de tout arranger, c'est presque agaçant... mais ça marche ! C'est vraiment un roman anti-crise, que j'ai d'ailleurs acheté à ma grand-mère pour Noël.

Ceci étant, malgré mes éloges, je pense que c'est le genre de livre qu'on doit lire quand on en a vraiment envie. Nombre de personnes m'ont dit ne pas avoir du tout accroché, et je dois dire qu'il y a quelques mois, jamais je n'aurais ouvert un livre de ce genre. Mais les choses changent, j'ai plus envie de me distraire que de me dire que j'ai lu un grand classique. Cela ne m'empêche pas ceci dit de penser à la littérature, et c'est encore mieux quand c'est fait par d'autres, comme dans la dernière émission de La Grande Librairie à propos des 20 livres qui ont changé la vie des Français. j'ai passé un excellent moment à écouter cette émission, et me suis bien sûr moi-même posé la question du livre qui a changé ma vie... et je pense que c'est ceux de Marcel Proust, surtout le Contre Sainte-Beuve et le premier tome de la Recherche. Tout ce que pense Proust de la littérature et son rapport à la mémoire ont toujours fait écho en moi. En parallèle il y a Nerval et Modiano, mais c'est parce qu'ils ont un peu le même rapport au souvenir.

Ah oui autre chose encore : ce roman résout le mystère de ces couvertures avec des chats ! En fait il s'agit d'un des personnages importants du livre :). Par contre ce n'est pas un personnage à proprement parler dans Demain, j'arrête, mais il est question de chats aussi. Finalement ces couvertures colorées et félinement clownesques donnent le ton des livres : mignon et plein d'humour. 

Dernière remarque du jour : Comme vous avez pu le remarquer, j'ai exprimé mes incertitudes de lecture du moment. A la place d'une couverture de roman, c'est bien un nuage de points d'interrogation qui a pris la place de la "lecture du moment". Pourtant j'ai essayé plein de livres : Le problème Spinoza, qui m'avait bien emballée sur le coup, j'ai même dépassé la 100 ème page, mais je me suis lassée je crois de trop de considérations religieuses (et le manque de temps pour lire a joué également, puisque j'ai toujours du mal à continuer un livre dont je ne parviens à lire que quelques pages par jour... J'espère m'y replonger quand le moment sera propice). Ensuite j'ai commencé Il Neigeait, que j'avais prévu pour le Challenge Cold Winter, et n'ai pas accroché. Autant j'avais adoré il y a dix ans, autant là le style de l'auteur m'a déçue. Je suis donc en train d'entamer un autre roman prêté par une amie, Acide Sulfurique. Je verrai bien quelle sera sa résistance à ma sieste digestive du moment.
Parce que je suis bien d'accord avec Sartre : la vie d'un lecteur est fait de périodes de "boulimie et de lentes siestes digestives". Et je suis dans la deuxième phase en ce moment... qui ne saurait durer !