dimanche 22 avril 2018

Quelques romans de la rentée littéraire 2017 pour une sélection

Ce mois-ci je lis énormément, et des livres très variés. C'est avec plaisir que je vais partager cela avec vous ! Aujourd'hui ce seront...

Les romans de la sélection "Au coin du Livre" de la bibliothèque






La fonte des glaces, Joël Baqué, 2017 

Louis, charcutier de son état, veuf à la retraite, anti-héros par essence, mène une vie froide et sans relief à Toulon. Tout change pour lui lorsque, par hasard, il déniche dans une brocante un manchot Empereur empaillé, au fond d'une armoire. Cet ami inattendu va bouleverser et illuminer son quotidien. Il reprend petit à petit goût à la vie et s'intéresse de plus en plus à la vie de ces animaux du froid. Au point qu'il va décider d'entamer une expédition au pôle... et devenir célèbre ! 
Un roman touchant, complètement décalé, d'une imagination joliment délirante et pleine  d'humour, qui interroge notre rapport à l'existence et à l'écologie. 

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce roman, et finalement ça a été une plutôt bonne surprise. J'ai bien aimé l'humour et la dérision, très présents. Louis est un personnage attachant et original, avec son amour pour les manchots. On en apprend aussi un peu sur le réchauffement planétaire. En résumé c'est un roman original, qui nous sort totalement de nos zones de confort. Il vaut le détour pour passer un moment sans prise de tête. 
Dans mon classement, sur les 5 romans, je pense le mettre en 3ème position. 

Les fils conducteurs, Guillaume Poix, 2017 

A Accra, au Ghana, les déchets électroniques high-tech, atteints d'obsolescence programmée, venus par cargot depuis l'Europe, pourrissent dans une énorme décharge à ciel ouvert, appelée "la bosse". Là, Isaac et Moïs, garçons des rues, vont initier le jeune Jacob à la fouille. A mains nues ils plongent dans cette montagne de débris, pour les désosser et les revendre. Un jeune photographe helvétique se rend sur place pour dénoncer cette catastrophe écologique et humaine. Au milieu de ce cimetière de téléviseurs, ordinateurs et smartphones, il croise la route de Jacob, qui lui fait découvrir cette bosse de tous les trafics...

Encore un roman que je n'aurais vraiment JAMAIS ouvert si il n'avait été dans la sélection. En effet,  rien ne m'emballait : ni la couverture, ni le contexte, ni le peu d'intrigue que j'avais compris en survolant la quatrième de couverture (je ferai peut-être une petite parenthèse sur ce sujet car on a en parlé récemment avec Margaud Liseuse, et il s'avère que comme elle, j'aime bien ne pas trop lire la quatrième de couverture afin d'être surprise dès le début par le roman. Bref, peut-être un sondage sur Insta puis un article ?). Je n'étais donc pas du tout motivée pour le lire. Mais finalement, j'ai beaucoup aimé la lecture. Je me suis laissée embarquer dès les premières pages par l'univers mais également le langage très particulier de ce roman. J'ai adoré cette immersion dans la vie africaine des chiffonniers de l'acier, ainsi que dans celle de Thomas, photographe avide de découvrir cette montagne de déchets. En plus de cela l'écriture de l'auteur m'a plu, et surtout le langage qu'il a inventé. 

- Bon, on do what ? demande Justice.
- Le volume, je dis. 
- On sursoit qu'il nous pullule dans le fion ? 
- Il pullulera rien, c'est du langage du bluff. 

Comme vous le constatez, ce langage est un mélange de français, d'anglais, et de langage soutenu. Pas facile à décoder; il faudrait presque relire certains dialogues pour bien tout comprendre. Mais bravo à l'auteur ! En effet il est avant tout dramaturge et metteur en scène, et pour ce premier roman il a joué avec les mots comme au théâtre. C'est un aspect qui m'a énormément charmée, et pour cela je lui tire mon chapeau.
Je pensais continuer sur cette lancée tout au long de ma lecture, m'amuser à déchiffrer la signification des échanges étranges entre les kiddies comme on dit (les enfants qui travaillent dans la décharge), mais le dernier quart du roman m'a carrément refroidie... J'ai vraiment été écœurée quand j'ai compris ce qui arrivait aux enfants, en plus des souffrances qui adviennent à force de respirer la chimie des fils conducteurs et autres plastiques. Je ne vous en dirai pas plus; mais ce dernier quart auraient pu faire basculer mon avis... 
Je vais tout de même placer ce roman en 2ème position sur les 5 de la sélection. Mais en aucun cas il ne pourrait être gagnant...

Ma Reine, Jean-Baptiste Andréa, 2017

Eté 1965, en Provence. Shell n'est pas un enfant comme les autres. Il ne va plus à l'école et vit seul avec ses parents dans leur station service. Ses parents envisagent de le placer dans une institution spécialisée. A douze ans il fugue, avec l'idée de devenir véritablement un homme. Mais lorsqu'il arrive sur le maquis, seul se déploie un profond silence; jusqu'à l'arrivée d'une silhouette, de cette fille du vent, cette "reine" qu'est Viviane. Le plateau devient alors leur terrain de jeux. 

Dernier roman de la sélection qu'il me restait à lire, et celui que je craignais le plus. J'avais lu des avis mitigés sur ce roman, et malheureusement ils se sont confirmés. Au début de ma lecture, j'ai adoré le point de vue interne, la parole laissée à l'enfant différent. Mais dès qu'il a fugué et rencontré Viviane, alors qu'il a pénétré dans cet espace presque magique, à l'orée du conte et de l'onirisme, je n'ai plus du tout accroché... J'ai trouvé l'ensemble artificiel, gnangnan, alors qu'il y avait un bon thème à exploiter, à être ainsi dans la tête d'un jeune garçon simple mais attendrissant comme Shell. Bref, déception, je comprends les avis que j'ai pu lire, comme quoi les lecteurs n'avaient pas tout compris... Notons tout de même la beauté de la couverture ! 
Sans surprise, je classerai ce roman dernier de ma sélection...même s'il a gagné le Prix Femina des Lycéens (??) et le prix du premier roman 2017.




jeudi 12 avril 2018

Mes dernières lectures, par thèmes

Attention, innovation ! Je vais vous parler de mes dernières lectures en les classant par thèmes, et non plus en catégories "j'ai aimé / coups de coeur / j'ai pas aimé" (en gros). ça va changer. C'est parti !

Un roman coup de poing
(ok on dirait coup de coeur, mais je me chauffe ^^)


Dans la forêt, Jean Hegland

Ce roman, paru en 1996 aux Etats-Unis, a enfin été traduit l'an dernier en Français. J'en ai beaucoup entendu parler à la librairie, j'ai renoncé plus d'une fois à l'acheter vu son prix (23 euros quand même...), je l'avais toujours en tête, attendant une sortie en Poche... et puis j'ai découvert la bibliothèque de mon quartier ! Je l'ai rencontrée il y a seulement deux semaines, mais elle a déjà pris une place énorme dans ma vie (j'en fais à peine trop promis !). J'y suis encore allée ce matin d'ailleurs. Bref, là-bas j'ai trouvé cette pépite.

Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent seules dans la forêt depuis deux ans. Suite à une baisse progressive des ressources en énergie, à des conflits commerciaux et autres (qu'on ne nous détaille pas), l'électricité a fini par disparaître. Elles se retrouvent isolée dans leur maisons au fond des bois, avec leur père, puis seules. Dans un cahier retrouvé par miracle dans leurs anciennes affaires, Nell raconte leur quotidien, mais également leur passé, leurs parents, leur vie d'avant, pendant et après cet apocalypse progressif, sans tambours ni trompettes. 

On pourrait en effet s'attendre à un succession d’événements terribles, à une lutte sans pitié pour la survie. Mais les choses se font et surtout se défont progressivement : d'abord l'électricité n'a fonctionné que quelques heures par jour; ensuite, l'essence a manqué et les denrées comestibles avec. Enfin les filles et leur père ont été contraints de rester chez eux. Il n'y avait de toute façon plus personne et plus rien en ville. Et puis leur père est mort, et les filles se sont retrouvées livrées à elles-même, avec un garde-manger bien rempli mais tout de même pas infini. Ce livre c'est tout ça, comment elles ont trouvé des moyens de vivre décemment sans le confort moderne, tout simplement. Mais c'est plus encore : c'est poétique aussi. Nell passe ses soirées, à la bougie, à lire un des seuls livres qui restent dans sa bibliothèque : une encyclopédie. Dedans elle glane des idées sur la vie, les plantes, la nature. Cela confère au roman une dimension qui lui fait complètement dépasser le roman sur la survie. D'ailleurs, le style lui-même est très travaillé, doux, poétique. Eva, la soeur de Nell, est une danseuse classique; cela ajoute un charme à leur vie de recluses. Et puis le dernier tiers du livre... qu'en dire... J'ai été bouleversée. Mais je nous en dirai pas plus.
Une chose est sure : j'ai beaucoup de mal à vous parler de ce roman tellement il est fin, profond, complexe et si simple pourtant. Le style accroche, bouleverse, et le thème fait réfléchir. Un retour à la nature féminin, tout en douceur, en langueur, loin des attaques bactériologiques et autres catastrophes naturelles qui sont souvent à l'origine de l'apocalypse. 


Deux romans originaux sur la condition féminine


La nuit de Béguines, Aline Kiner, 2017

Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l'autorité des hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse, mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté. 

L'auteur nous entraîne dans un Moyen-Age méconnu, auprès de femmes dont le mode de vie est surprenant. Sous le règne de Philippe le Bel, ces femmes sont à la fois protégées et craintes. Elles ne sont pas religieuses, elles ne sont pas non plus mères, ni épouses. Ce statut ambigü entretient le mystère autour de cette communauté. J'ai beaucoup aimé découvrir ces femmes aux destins propres, libres et traquées pour cela. Le destin de Maheut la Rousse est passionnant à suivre, ainsi que la vie d'Ysabel. L'auteur alterne dans son roman les points de vue et avec beaucoup de retenue narre les atermoiements et le quotidien de ces femmes à part.
On ne s'ennuie pas dans ce roman, au style pourtant lent et assez épuré. J'ai un peu retrouvé l'ambiance du Domaine des Murmures et de La Terre qui penche de Carole Martinez. Ce n'est pas un coup de coeur, mais une fiction agréable, qui se passe pour une fois au Moyen-Age.


Le courage qu'il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, 2017

Dans un village perdu des Balkans, les familles sont installées depuis des générations autour d'un chef de village. La communauté apporte pourtant une importance particulière à l'hospitalité. Manushe est une "vierge jurée" qui a refusé la demande en mariage du vieux Parush, signant ainsi la fin de sa vie de femme. Respectée, elle s'habille en homme, se bande les seins et se rase les cheveux. L'arrivée au village d'Adrian, mystérieux étranger, réveille sa féminité. Mais Adrian cache lui aussi un lourd secret... Contraint d'abandonner une part de lui-même, le jeune homme ne cesse d'être confronté à la violence du monde. Malgré les embûches, il poursuit sa route telle une rivière obstinée contrainte à s'adapter aux reliefs des paysages, se dirigeant courageusement vers son destin. 
Un premier roman ambitieux sur la construction de l'identité dans sa relation avec le genre et le contexte social qui la constitue. 

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui brosse trois portraits de femmes. Manush la vierge jurée, Adrian et un autre personnage que je vous laisse découvrir. C'est très poétique, certains évènements sont inattendus et bouleversants. J'ai passé un bon moment de lecture, d'autant qu'il se lit plutôt vite. Et pour ne rien gâcher, la couverture est tout simplement magnifique !

Ces deux romans font partie d'une sélection de 5 livres pour la bibliothèque (je vous les présenterai d'ici peu). Le courage qu'il faut aux rivières, avec son beau titre, sa belle couverture et ses thèmes originaux est mon préféré pour le moment ! 


Un roman pour ado très psycho, qui sort des sentiers battus



mercredi 11 avril 2018

Un petit troisième chez Syros : Mock Boys de Marie Leymarie

Mock Boys, Marie Leymarie
Editions Syros jeunesse
Paru le 5 avril 2018
432 pages
17.95 euros

Raoul et Baptiste sont les garçons cool du lycée, beaux, drôles, à l'aise et bons danseurs. Raoul a en plus un incroyable sens de la répartie, nargue les profs et n'a peur de rien, surtout avec les filles. Leur cursus en danse contemporaine leur permet en plus d'accrocher tous les regards lors des soirées. Raoul et Baptiste ont fait très naturellement le pari de sortir avec le plus de filles possible, sans se laisser prendre par l'émotion, sans tomber amoureux. Mais quel est l'enjeu exact de ce pari ? Que devient Baptiste si Raoul n'est plus là pour lui ? Et à l'inverse, que reste-il de Raoul sans Baptiste ? 

C'est une bromance comme on en voit peu, cette histoire d'amitié très forte entre les deux garçons. Cette amitié qui les pousse à renoncer à ce qu'ils sont vraiment, à devenir des "mock boys", c'est à dire des garçons "factices". 
To mock, déf : (verbe) se moquer, tourner en dérision; (adj) faux, factice. 
La polysémie de ce terme anglais est exploitée à fond avec nos deux loustics. Raoul est l'incarnation même du mocking boy, et Baptiste celui du mock boy. Depuis toujours, les rôles sont partagés : le premier tourne tout en dérision, le second cache sa véritable sensibilité. L'auteur a vraiment trouvé un titre et des thèmes intelligents, intéressants. Elle nous plonge en profondeur dans la psychologie des adolescents, et pour une fois on s'éloigne de la caricature. Ses personnages, même les personnages secondaires, sont plus complexes que les stéréotypes qu'on a souvent l'occasion de croiser dans la littérature de jeunesse : Raoul est plus qu'un dragueur relou; Baptiste est plus qu'un grand timide; Sandy, malgré son prénom, cache une complexité insoupçonnée. J'ai beaucoup aimé cela, cette manière que l'auteur a eu de faire vivre ses personnages comme de vraies personnes. Victimes des aléas de la vie, des sentiments, des faux-semblants. Son roman sonne vrai. Bien sûr il met en avant certains passages obligés de l'adolescence, mais sans en faire trop. J'ai eu parfois l'impression que les personnages avaient plus de 15 ans, en regard de leurs discours, de leurs atermoiements, de leurs interrogations. Plus qu'un roman ado, c'est selon moi un roman réussi sur LES ados. 

Bravo à Marie Leymarie pour ce roman qui se lit très bien, dont certains passages sont profonds et justes, où la psychologie a la part belle sans tomber dans les clichés. Malgré le cadre de la danse, qui finalement n'est qu'un décor pour ces personnages-marionnettes dont par moment les fils tombent, on est loin des idées que les séries télé offrent de ce genre de milieu. 

mercredi 4 avril 2018

Le nouveau roman de Camille Brissot est en librairie !

Ceux des Limbes, Camille Brissot
Editions Syros jeunesse
400 pages
17,95 euros
Parution le 5 avril 2018

Oto et Naha sont nés derrière les fortifications du Mont-Survie, une montagne devenue refuge depuis l'apparition d'une terrible épidémie. Autour, il ne reste rien d'autre qu'une forêt infinie, semée de ruines... et des hordes de limbes, ces humains infectés par un champignon, piégés entre la vie et la mort, qui détruisent tout sur leur passage. Naha quitte rarement les hauteurs du Mont-Survie, là où vivent les personnes les plus importantes de la communauté. Oto, lui, est un orphelin issu des cercles inférieurs. Pourtant, leur histoire d'amour est une évidence. Mais, l'année de ses 15 ans, Naha doit passer l'épreuve de la Sortie, un périple de dix jours dans la forêt, dont l'objectif est simple : survivre. Oto brave alors toutes les règles de la montagne pour la suivre à l'extérieur et la protéger, à son insu.


Ce dernier roman de Camille Brissot, le plus épais depuis ses débuts d'ailleurs, est une belle réussite. Ce qui peut apparaître comme une énième histoire de zombie et de survie en milieu hostile s'avère finalement mener à une réflexion bien plus profonde. Les Limbes, ces êtres contaminés et morts-vivants, peuvent être vus comme une métaphore de la différence et de la peur qu'elle engendre. Les Limbes ont en effet pour unique instinct celui de contaminer les vivants, et leurs cris provoquent chez ces derniers des vagues de désespoir et de découragement. Malgré cela, j'ai ressenti de la peine pour ces être dépossédés de toute humanité. C'est cette ambivalence qui fait la richesse de cette espèce de zombies. Par ailleurs j'ai beaucoup apprécié les descriptions du Mont-Survie, qui m'ont fait penser à certaines montagnes dans le Seigneur des Anneaux. La hiérarchie qui régit la vie à l'intérieur de cette arche protectrice est elle aussi intéressante : même face à l'adversité, tous ne sont pas égaux, et les prérogatives font des jaloux. 
Concernant la Sortie des adolescents, ce rite initiatique, il ne prend finalement pas toute la place dans le roman. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, cela ne représente que le tiers environ. Et tant mieux. Camille Brissot a dépassé les clichés habituels type Hunger Games. Les ados ne sont pas là pour s'éliminer entre eux, mais pour comprendre des choses, apprivoiser cette nature qui les entoure, pas si hostile si on la connaît. Leur ennemi majeur est sans doute leur propre peur de l'autre, qu'il soit Limbe ou humain... De même, l'histoire d'amour entre Oto et Naha est présente en léger filigrane, et encore une fois c'est tant mieux. L'autrice dépasse les passages obligés et livre une réflexion sur la Nature, ses dangers, sa dégénérescence possible - une épidémie pourrait effectivement ravager la planète !- et ses attraits. 

Je viens de terminer la lecture de Dans la Forêt de Jean Hegland, qui m'a beaucoup marquée. On retrouve un peu, dans ce roman de Camille Brissot, cet idéal de retour à la Nature, effrayant au début, et pourtant prometteur d'une vie peut-être plus simple et essentielle. 

Ce roman n'est pas facile à analyser; je redoutais un peu d'en faire la chronique. Clairement, je n'ai sans doute pas tout saisi. Et c'est rare en littérature de jeunesse : de la subtilité, de la matière à réflexion. Bravo Camille ! 

Et merci aux Editions Syros pour leur confiance renouvelée.
Notez également la magnificience de cette couverture !!!

Encore un petit nouveau chez Syros : la condition de réfugiés vue sous l'oeil d'un ado

Une caravane en hiver, Benopit Séverac
Editions Syros Jeunesse
254 pages
16.95 euros
Actuellement en librairie

Arthur est en voiture lorsqu'il assiste à l'agression d'un garçon de son âge, à un feu rouge. Poussé par son instinct, il va à sa rencontre. Ce garçon c'est Adnan, un réfugié syrien. Il vit dans une caravane au milieu d'un terrain vague avec sa mère, qui lui a appris à garder la tête haute en toute situation. 
Entre Arthur et Adnan va naître une amitié qui résistera à l’incompréhension des adultes. Une amitié qui poussera les parents d'Arthur à aider, eux aussi, Adnan et sa mère. Une amitié qui va tous les faire basculer dans une aventure digne d'un roman d'espionnage...

J'ai beaucoup apprécié ce roman, en particulier sa première moitié. En effet, Arthur et sa famille viennent en aide à Adnan et sa mère, réfugiés Syriens habitants dans une caravane. Malgré les réticences du père, Arthur et sa mère parviennent à faire soigner la maman et hébergent le jeune garçon, qui lie une forte amitié avec le fils de la famille. Cette solidarité qui n'était pas gagnée d'avance est touchante et crédible. En revanche la suite du roman est beaucoup plus épique : il s'avère qu'Adnan et sa mère son recherchés par les soutiens Français de Bachar Al'Assad. Adnan se lance alors avec son ami dans une course poursuite digne d'un polar. C'est ce que j'ai le moins aimé, mais je reconnais que c'est bien mené, et que c'est accrocheur pour les ados. 
Selon moi la richesse de ce roman réside dans l'éclairage qu'il donne sur le statut des réfugiés en France (ici à Toulouse) et l'accueil qui leur est réservé. Clairement ils ne sont pas les bienvenus, et peu de choses sont mises en place pour leur venir en aide. Ils sont sans cesse menacés de mauvais traitements ou d'expulsion. En cela, ce roman est à mettre entre toutes les mains. Sans fioritures, de façon simple et directe, il permet d'ouvrir nos perspective et sans doute de regarder ces hommes, femmes et enfants obligés de quitter leur pays d'un oeil plus empathique. 

Merci aux Editions Syros Jeunesse pour cet envoi très enrichissant ! 
Et encore une fois, j'adore la couverture :)