mercredi 22 octobre 2014

La Chine et l'Académie

L'éternité n'est pas de trop, François Cheng

Ce roman très poétique raconte l'histoire d'un moine chinois tombé amoureux d'une jeune fille entraperçue alors qu'il n'avait que 20 ans. Cette rencontre fugace a à jamais conditionné sa vie et ses pensées, le retenant de s'engager plus avant dans les traditions bouddhistes et taïoistes. A la fois médecin et devin, il sillonne les routes de montagne pour venir en aide aux miséreux tout en cherchant cette femme. 
L'amour est considéré dans son essence la plus pure et la plus absolue. La passion qui unie les deux personnages est profonde, spirituelle, extraordinaire. Elle a l'éternité pour durer. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, tout en finesse, un peu comme les peintures sur les porcelaines chinoises. Le style et le thème sont bien en lien, puisque tout est extrêmement profond, mais en même temps fin et vaporeux. On a un peu l'impression de vivre un rêve, même si l'auteur nous montre les aspérités du quotidien chinois au XVII ème siècle (la pauvreté, le protocole, les traditions, ...). J'ai beaucoup aimé cette lecture, pas toujours facile ceci dit dans la mesure où l'écriture est assez poétique, imagée voire philosophique. Ceci est justifié par le fait que le personnage principal soit moine. L'amour est alors vécu comme une ascèse. 

Un petit aperçu :
Ce qu'a dit l'étranger devait être vrai : lorsqu'on l'a prononcé, l'être aimé ne mourra plus, et l'on pourra alors considérer sa propre vie sans regret. Même si les deux qui s'aiment ne se voient qu'un instant par jour, même si durant cet instant, ils ne peuvent se toucher ni se parler. Oui, il est permis tout de même de s'estimer heureux, si l'on parvient, s'appuyant sur le shen, à faire résonner une fois les mots qui, de toute éternité, attendent d'être dits.

J'étais contente de découvrir cet académicien peu médiatisé, et dont l'oeuvre gagne vraiment à être connue. En plus, la couverture de celui-ci est vraiment jolie je trouve.

Challenge Cold Winter chez Et-en-plus-elle-lit



Je vais me lancer dans mon premier challenge de bloggeuse littéraire. Un grand moment !
Le but est de sélectionner des romans dans sa PAL et de les lire avant le 28 février 2015. Selon le titre du Challenge, ce serait bien que ce soient des romans dont le thème est l'hiver mais... ça n'est pas toujours évident, et puis j'ai vu qu'on pouvait prendre des libertés donc ...

Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le blog de Dolorès.


Ma liste :  0/4

- Esprit d'hiver, Laura Kasischke (en plein dans le thème, ouf !)
- Quand rentrent les marins, Angela Huth (dédicace à Dolorès, et puis il se passe en Ecosse, pays du froid!)
- La classe de neige, Emmanuel Carrère
- Il neigeait, Patrick Rambaud

Je pense que je la rallongerai d'ici là, si je trouve des romans qui m'inspirent davantage l'hiver.
Sinon je crois que j'ai un peu triché car j'ai commencé le premier de la liste... c'est grave ?



samedi 18 octobre 2014

Epitaphe aux livres abandonnés

Oui, il arrive que j'abandonne des livres... et c'est souvent des abandons en chaîne... 
Je n'aime pas ces périodes; je me sens instable, troublée. Il n'y a rien de mieux que de savoir qu'on a un livre qui nous attend, un sûr moyen de détente dans le canapé ou sous la couette... Pour finir une dure journée de cours et une soirée de copies, il n'y a pas havre plus agréable. Mais parfois les livres ne sont pas au rendez-vous, ou mes choix n'ont pas correspondu à mes envies du moment...
 Je ne sais pas si cela vous arrive aussi, mais selon la période, mon état d'esprit ou même le temps, je n'ai pas/ plus envie de lire certains (types de...) livres. Pour vous donner un exemple, une expérience récente avec un roman que j'avais adoré il y a quelques années : Les Mandarins de Simone de Beauvoir. Je me faisais une joie de le relire pour ressentir à nouveau les émotions et revivre la boulimie des pages à laquelle je m'étais laissée aller lors de ma première découverte. Je me souviens, je ne le lâchai pas et m'enfilai avidement jusqu'à 200 pages par jour... surtout lors de mes voyages en train. Forte de ce souvenir roboratif, je me suis débrouillée pour récupérer mes deux exemplaires (500 pages chacun, des mastodontes), je les ai rêvés, attendus, retrouvés, humés même (j'avoue, j'adore l'odeur des vieux livres jaunis!) et enfin ouverts... Délice des premiers mots et puis... ennui, incompréhension. Je n'ai pas ressenti ces sentiments de reconnaissance, d'avidité, de curiosité insassiable à l'égard des personnages si proches, de Simone, Jean-Paul Sartre et les autres. Pourtant ils n'avaient pas disparus, c'étaient bien leurs noms, leur histoire, mais la magie n'était plus là. 
C'est étrange ce pouvoir des livres. Ils peuvent agir sur nous comme des coups de tonnerre, presque des coups de foudre (nous faire dire "Ah oui c'est ça, j'ai enfin compris !" ou "Je le savais mais là, c'est formulé comme jamais je ne serais parvenu à le faire"), et le même livre, à une autre période, nous laisser dans un état pire que l'état de glaçon, puisqu'il nous laisse dans l'indifférence. Je n'ai même pas ressenti de déception finalement, puisque j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un autre livre. J'ai eu beau feuilleter, tourner les pages, aucune étincelle ne revenait...
Peut-être est-ce dû au fait que j'ai digéré ces aventures de Simone, surtout après la lecture du superbe Beauvoir in Love... 
Quoi qu'il en soit, voilà bien un phénomène étrange et déroutant : l'écho du livre dans un moment de vie...

Comme je ne vois pas vraiment comment parler de ce phénomène là, je vais essayer de vous parler des livres que j'ai abandonnés, et d'expliquer mes raisons (si tant est que ce soit possible, puisque c'est presque de l'ordre de l'inconscient psychédélique !)


Il y a d'abord eu L'appartement témoin de Tatiana de Rosnay. C'était le dernier de cette auteur en ma possession, et j'avais envie depuis un moment de m'y attaquer. Je dis d'ailleurs m'y attaquer, comme s'il s'agissait de clouer la proie au sol et d'en goûter un morceau du bout des dents, pour en tester la saveur... Finalement, c'est un peu ce qui s'est passé... J'avais d'ailleurs un peu triché puisque j'avais lu quelques bribes de pages il y a quelques temps, et me souviens avoir abandonné. Il ne me correspondait pas à ce moment là. Je m'y suis donc à nouveau attaqué quelques mois plus tard, d'une manière quasi méthodique puisqu'il s'agissait d'évaluer l'intérêt de ce premier roman par rapport aux autres que j'ai lus d'elle. Il y avait aussi, derrière tout ça, l'envie de retrouver l'univers des murs que Tatiana de Rosnay sait si bien mettre en place, et qui m'interpelle toujours. Bref, plusieurs raisons d'attaquer. 
J'ai mordu à pleines dents; c'était agréable, pas mauvais, un peu fade.... J'ai tenu plus de 50 pages, avec enthousiasme. Mais c'était de plus en plus fade... trop fade... et puis saturé de déjà vu... des fantômes, une relation père-fille trop limpide, un personnage limite niaiseux... Les idées de l'auteur en gésine, et manquant vraiment de piquant... 

J'ai donc abandonné ma proie... pour l'ombre (magnifique transition, et ce n'était pas prémédité !)

 On m'avait recommandé L'ombre du vent de Zafondepuis très longtemps. Je me souviens d'une collègue qui me disait être pressée de rentrer chez elle pour poursuivre une lecture que je supposais passionnante. Lorsque je lui avait demandé de m'éclairer sur les raisons de son engouement, elle m'avait vaguement évoqué l'histoire d'un enfant, de livres et d'une espèce de magie... A l'époque, férue de classiques, j'avais directement relégué l'ouvrage au ban de la littérature de distraction, presque du roman de gare. Pas pour moi donc. Et puis, quelques années plus tard, sortie de ma période "snobisme littéraire" et "Je veux connaître les classiques d'abord", je me suis à nouveau intéressée à ce roman, dont j'avais encore entendu du bien entre temps. Et un roman d'apprentissage autour des livres a forcément allumé un certain intérêt. Je l'ai donc pris dans la bibliothèque de maman.
Un indice aurait dû, dès cet instant, me mettre sur mes gardes : il était coupé d'un marque page... à la page 275... Maman m'a avoué ne pas avoir pu continuer. D'autres livres à lire, qui lui plaisaient plus... Cela aurait vraiment dû me mettre la puce à l'oreille...
Sur le moment, cela ne m'a pas empêchée de le commencer, avec un certain enthousiasme. J'étais contente de voir que l'écriture est fluide sans être trop "facile"; c'est de la littérature. De plus les personnages sont attachants, l'intrigue plutôt intéressante (le cimetière des livres oubliés, une histoire d'amour, du suspense, ...). Mais au bout de 150 pages environ, alors que je pensais justement continuer, j'ai ralenti le rythme.
C'est souvent ce qu'il se passe avec les gros livres : je commence fort, entre 50 et 90 pages d'un seul coup, et puis après je m'essouffle. C'est toujours comme ça (ou presque). S'il n'y a pas dans le livre un petit quelque chose, un petit plus qui me permette de repartir sur un bon rythme, je flirte avec l'abandon. Parfois je cède; comme ici. Il n'y a pas eu ce petit rien qui fait que je continue avec enthousiasme. C'est même l'inverse qui s'est produit, puisque je me suis sentie étouffée : trop de personnages, trop de descriptions, trop de faits étranges et d'embroglio dans les pages. Dans une course d'endurance, manquer d'air n'est même pas fatal, c'est carrément la fin.
J'ai donc abandonné ce roman, avant la page 200. Maman aura eu plus de souffle que moi.

En mémoire de ce livre, j'avais donné comme titre à mon article "cimetière des livres oubliés", mais finalement j'ai trouvé ça trop terrible, presque irrémédiable. Comme si en écrivant un article sur ces trois romans je les enterrais. Or ce n'est pas le cas; je me dis qu'un jour je les reprendrai peut-être ! J'ai donc choisi "épitaphe", pour garder l'idée de mausolée, mais avec une notion d'hommage.


Le dernier roman que j'ai abandonné est encore un gros roman : Le club des Incorrigibles Optimistes de Guenassia. Je suis venue à ce roman parce qu'il fait partie de la liste des romans du Goncourt des lycéens, que je dois connaître pour un travail prévu avec les élèves. Il est assez récent, mais je ne l'avais pas lu, en partie par snobisme encore. Je le confondais avec Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates", que je classais avec Anna Galvalda (que j'avais adoré quelques années auparavant. Heureusement que les goûts changent et évoluent, sinon on passerait à côté de plein d'histoires super!). Je me suis empressée de le trouver au CDI et me suis plongée dans ses 700 pages et quelques, toujours avec un grand enthousiasme et beaucoup d'espoir. C'était en plus une période de disette livresque, et je me disais qu'un livre de cette taille était une manne inespérée. Comme pour Zafon, j'ai dévoré les 100 premières pages, avec le plaisir non dissimulé de retrouver une histoire d'enfance à la manière du Chagrin de Lionel Duroy, que je n'avais jamais abandonné au contraire(ce fut même une course effrénée, de celles qui revigorent). J'étais contente de retrouver un style fluide et une atmosphère fin de guerre qui me plait toujours. Mais le problème est qu'en dehors des histoires du héros, je n'arrivais pas à m'attacher aux trop nombreux personnages. Et puis il y avait trop de notions politiques, et à chaque fois ça me bloque (je ne sais toujours pas pourquoi... mon côté Gandhi peut-être...). J'ai été tentée à un moment de sauter des passages et de m'attacher à ceux qui concernaient Michel... mais ça aurait été passer à côté de l'intérêt du roman, qui est d'allier avec justesse les deux vies, intime et publique. Je le reprendrai peut-être un jour, mais c'est un pavé ... !

Voilà ce que je voulais vous raconter sur les dernières expériences d'abandon ...
Mais depuis j'ai retrouvé un nouveau souffle, grâce à des romans plus simples, plus guillerets, voire un peu décriés (surtout pour une snob littéraire telle que moi !).
Mes prochains articles concerneront donc :
- Le Quatrième mur (or massif au milieu d'une rivière en plaqué)
- Je vais mieux de Foenkinos
- Demain, j'arrête de Gilles Legardinier 

lundi 22 septembre 2014

Qui es-tu Alaska ?

                                                                    Qui es-tu Alaska, John Green 

Comme j'avais été très touchée par Nos Etoiles Contraires, je me suis dit que j'allais me lancer dans la lecture d'un autre de ses romans; j'ai eu bien raison, car j'ai encore une fois été touchée, happée et bouleversée
Qui es-tu Alaska commence comme un roman de jeunesse ordinaire, avec un ado en quête de sens, qui change d'établissement et arrive en internat. Comme souvent quand on est nouveau, le jeune Miles (surnommé Le Gros par antithèse) se retrouve chahuté et bizuté par les autres. Mais ce n'est pas pour lui déplaire en définitive, puisque cela lui permet de se rapprocher d'Alaska, la leader de tous les coups montés fomentés à l'encontre de l'Aigle (le proviseur) et de ses règles. 
Dès le titre on est forcément intrigué par ce personnage, cette jeune fille mystérieuse au nom encore plus étrange, qui focalise l'attention. Pourtant peu de détails nous sont donnés sur elle, ce n'est pas une bimbo, ce n'est pas un bourreau des coeurs, mais une fille vivante, étonnante, qui donne du rythme à tout ceux qu'elle cotoie. D'ailleurs son entrée en scène dans le roman est assez brusque et sans fioritures, à la mesure de ce personnage fascinant et pourtant si humain. 

L'autre mystère du roman réside dans les titres des chapitres, qui sont un compte à rebours. Je n'ai pas été sans soupçonner dès le début le lien avec la passion du personnage principal pour les dernières paroles des personnages célèbres... mais je n'en dirai pas plus au risque de spoiler !

Bref ce roman est un savant mélange entre émois adolescents, volonté de transgression, mais aussi réflexion sur la vie, la mort, l'amitié et l'amour. Roman d'apprentissage et fable à la fois. Il m'a vraiment semblé être happée par cette histoire, j'avais toujours envie de tourner les pages pour savoir ce qu'il advenait des personnages (ce qui est aisé du fait de la fluidité du style de l'auteur). 

Un très bon roman, mais à ne pas mettre dans les mains des plus jeunes, qui pourraient être très (trop?) chamboulés. 

PS : je n'ai pas lu le roman dans cette collection, mais je trouve que cette couverture illustre parfaitement les thèmes du roman. Celle de la collection de poche, bien que pas mal a posteriori, fait présager davantage un roman d'ado pur, alors qu'il est bien plus symbolique. 

lundi 15 septembre 2014

Mignonne, allons voir

                                                              Rose, Tatiana de Rosnay

Je ne l'avais pas encore lu celui-là; et bien maintenant que c'est chose faite, je me dis que j'étais passée à côté d'un vraiment bon roman. Peut-être le meilleur de Tatiana de Rosnay, selon mes goûts du moins !
L'histoire est assez simple, celle d'une femme de soixante ans qui refuse de quitter sa maison. Celle-ci se trouve en effet dans une rue qui doit être rasée par Haussman pour aménager les grands boulevards. A travers une lettre-roman qu'elle écrit à son mari décédé quelques années auparavant, on découvre la détermination de cette femme, mais aussi, comme souvent chez Tatiana de Rosnay, un lourd secret...

Dans ce roman, j'ai retrouvé les thèmes chers à l'auteur, et qui m'avaient échappés dans les précédents romans lus (depuis Elle s'appelait Sarah) : les murs et leur âme (leur mémoire surtout), et le secret distillé à touches de suspense. Mais ce qui fait pour moi l'intérêt particulier de ce roman, c'est son atmosphère désuette et éminemment historique , au temps de Napoléon III et de Balzac. L'héroïne est une vraie duchesse dans l'âme, mesurée mais fougueuse, toute en retenue mais pleine d'énergie. Rose est une mamie comme on aime en avoir, fragile mais pourtant terriblement forte (cf la fin du roman...). Que d'antinomies, mais c'est pourtant l'idée qui ressort de ce roman). 

Un livre très joli, tout en finesse (comme les roses). Une très bonne lecture, que je conseille vivement à ceux et celles qui auraient été déçus par A l'encre russe (dont le style est extrêmement différent). Tatiana de Rosnay joue avec toutes les cordes, et c'est ce qui rend cette auteur si intéressante !

mercredi 10 septembre 2014

La grâce des brigands

La Grâce des Brigands, Véronique Ovaldé 

J'avais repéré ce roman depuis quelques temps, depuis qu'il était sorti en Poche et qu'il faisait partie de la sélection des lecteurs de Points en fait, mais je n'avais toujours pas osé l'acheter, de peur d'être déçue. Le résumé de la quatrième de couverture ne m'attirait pas tellement, et puis je n'avais lu que Ce que je sais de Vera Candida de cette auteur, et craignait que cet autre roman de lui arrive pas à la cheville. Finalement maman me l'a passé, et je lui fais confiance quand elle me dit qu'un livre vaut le coup. Mais ma réticence avait sa raison d'être, puisque j'ai finalement été déçue...
L'histoire était prometteuse : une écrivaine qui retrace dans ses livres son enfance malheureuse, auprès d'une mère quasie folle et surtout intransigeante, et d'un père étouffé. Le roman commence en réalité lorsque Maria-Christina (l'héroïne) a atteint le summum de la notoriété et qu'elle reçoit un coup de fil de sa mère lui demandant de venir s'occuper du fils de sa soeur (soeur handicapée et sans doute à cause de MC, culpabilité qu'elle portera toute sa vie). Un début très prometteur, avec Abel et Caïn au féminin ! Mais au bout d'une cinquantaine de pages, il commence à il y a voir quelques longueurs quand on nous raconte la rencontre des parents, l'histoire de la famille de la mère puis du père de l'héroïne, et enfin sa prime enfance. En plus le style de Véronique Ovaldé n'est pas de tout repos, les phrases sont longues, haletantes, un peu alambiquées parfois (sans fioritures ceci dit, on n'est pas chez Balzac), mais ça donne l'impression d'une voix qui parle alors qu'elle est essoufflée tout en ayant plein de choses à dire (moi quand j'arrive quelque part après avoir couru parce que je suis en retard ^^). Il faut être un minimum concentré pour lire, alors que l'histoire n'est pas en soi si complexe. Par ailleurs, il y a des titres au début de chaque chapitre, qui ne sont pas de prime abord en lien avec ce que contient le chapitre en question, mais la lecture m'a semblé parfois tellement laborieuse que je n'avais même pas le coeur à chercher les correspondances (ce que j'adore faire pourtant, décortiquer les petits indices que l'auteur a pu semer pour maintenir son lecteur en éveil). Dommage...Ceci dit, peut-être est-ce moi qui n'étais pas assez concentrée ! Hypothèse fort probable puisque passée la première (trois quarts...) moitié du livre, j'ai eu l'impression d'être bien mieux immergée dans l'histoire. Peut-être est-ce une volonté de l'auteur de mettre en phase l'état de MC enfant (un peu pômmée et avide) et l'entrée dans l'âge adulte, difficile mais moins pressant... Enfin je m'égare, je pense juste que je n'ai pas su percevoir les subtilités du roman et puis voilà. Peux mieux faire !
Bref je disais que la fin du roman, quand Maria-Christina s'émancipe, emménage avec Joanne (colocataire étrange, enceinte mais sympa) et rencontre Claramunt (dont on a déjà entendu parler au début), m'a semblée beaucoup plus sympa. Cependant, le style restait un peu lourd, ce qui gâchait par moments le plaisir. Je crois me souvenir que c'était un peu la même chose pour Vera Candida (cf sur ce blog). Je viens de relire mon article sur ce roman justement, et j'étais plutôt ravie ! Mais je parle quand même de la difficulté des premiers chapitres, sans doute était-il difficile de rentrer dans l'histoire à cause du style spécial.
La Grâce des Brigands ressemble moins à un conte que Vera Candida; la réalité y est plus cruelle encore, les lieux existent et le temps est donné : les années 80. On retrouve néanmoins les même thèmes de la fuite, des jeunes mère, de l'amour déçu.

Une petite remarque concernant le titre : je n'ai pas tellement compris cette histoire de brigands... (je crois vraiment que je n'ai quasiment rien compris en fait... soit je deviens vieille et sénile, soit j'ai vraiment mal lu, soit... non non c'est forcément moi, hé ho quand même !)
Alors tout en écrivant je suis allée voir des critiques, et cette phrase me rassure :
La grâce des brigands réussit la prouesse d'être aussi diablement romanesque que diablement poétique. L'écriture de Véronique Ovaldé, sans afféterie et sans facilité, suit le rythme presque organique du récit, avec ses échappées et ses alanguissements. Il s'agit du neuvième roman de l'auteur, après Ce que je sais de Vera Candida et Et mon coeur transparent, plusieurs fois primé. (Marion Cocquet - Le Point du 11 juillet 2013)
Elle a donc bien un style fort particulier, qui suis les méandres et les anicroches des aventures des personnages et du récit. Ouf, je ne suis pas devenue hermétique à la littérature parce que je lis Percy Jackson et Musso (bon Musso c'est juste depuis aujourd'hui, parce que je me suis mis en tête de faire comprendre à mes élèves que ce n'est pas un "grand auteur", parce qu'il na pas de style. Et je crois que j'ai réussi... (en leur disant par contre que c'est un très bon conteur (et heureusement, parce que j'ai cru que les nénéttes de la classe allaient m'étriper sur place !).
Bon revenons à nos brigands... et bien je ne les ai pas vraiment trouvés, parce que personne ne vole rien, ou alors l'amour et la vérité... C'est possible ceci étant, puisqu'on est dans une fable et un texte éminemment poétique (........).

Bref, est-il utile de préciser que j'ai préféré Vera Candida et que je ne remettrai pas de si tôt le nez dans un Véronique Ovaldé ?


mercredi 3 septembre 2014

Nos Etoiles Contraires...et la lecture qui fait couler les larmes

Nos Etoiles Contraires, John Green

Je sors de ce roman chamboulée et en pleurs. Enfin il ne faut pas exagérer, juste les joues un peu striées, mais quand même. C'est rare qu'un roman me fasse cet effet. Je pense que c'est parce qu'il m'a rappelé des souvenirs, mais aussi parce que c'est un bon roman, qui traite des peines humaines avec subtilité et un juste ton. Laissez-moi vous brosser le tableau...

Les personnages principaux ont un cancer. On aurait donc pu imaginer du pathos, du vocabulaire médical, des cris et des larmes; un ton plus que triste. Rien de tout ça; le ton est juste celui qu'il faut pour traiter du sujet sans sombrer dans l'apitoiement ou la dépression. Un zeste d'humour, et puis le reste...

C'est un livre fort, à ne pas mettre entre les mains des jeunes gens trop jeunes je pense. Non pas à cause de la difficulté de son vocabulaire ou de son style, mais à cause de ce qu'il nous raconte.  Pendant la lecture, on passe par des tas d'émotions, et les idées qu'elle laisse en nous sont nombreuses et marquantes. Je vais sans doute les méditer et y repenser plus que de coutume. Il est rare qu'un livre ait cette puissance...
Finalement je pense que c'est une réaction normale, étant donné que John Green nous présente un condensé de vie dans ce qu'elle a de plus injuste. Il en est même difficile de se mettre à  la place des personnages, qui sont tellement peu gâtés par la vie, et pourtant exemplaires. Comme je vous le disais, on ne sombre vraiment pas dans le pathos :). Essayons de comprendre comme cela est possible...

La première force de ce roman, c'est que c'est un roman d'amour. Un jeune homme et une jeune fille que la maladie rapproche, mais surtout l'humour et l'intérêt pour la vie, les choses,  la deuxième, c'est le personnage principal. Hazel est un phénomène. Elle est super; je ne trouve pas d'autres adjectifs pour la désigner, parce que finalement ils seraient tous précédés de "super"... Super battante, super à l'écoute, super empathique, super pas du tout égoïste,... et puis attachante. Ce n'est pas une super-héroïne du cancer agaçante, mais une fille très chouette. J'ai d'ailleurs été un peu déçue par l'actrice qui l'interprète dans le film (dont je n'ai vu que la Bande Annonce). Elle m'a semblée trop "agée", manquant de la forme d'insouciance et d'étonnement face au monde (on ne peut pas parler de naïveté dans son cas) qui caractérisent Hazel. Par contre, j'ai bien retrouvé la confiance au monde dont elle témoigne (confiance souvent déçue malheureusement...), tout en sachant que ce n'est qu'illusion et que nous sommes tous destinés à disparaître. C'est ce qu'Augustus (oui oui...) comprend grâce à elle : pas la peine de vouloir absolument marquer le monde; on ne laisse que des cicatrices. Les véritables "héros" sont ceux qui y prêtent simplement attention
Hazel a d'ailleurs une passion bien particulière : un roman de Van Houten, qui parle d'une jeune fille atteinte d'un cancer. Elle est totalement et profondément touchée par ce roman, et son plus grand souhait est d'en rencontrer l'auteur. Augustus, son amoureux, va l'aider. En deux lignes j'ai résumé la trame de ce roman; mais en réalité, il est bien plus dense que cela. Je ne dévoilerai surtout pas la fin et le retournement de situation difficile et très touchant. Comme je le disais au début de mon article, j'ai été touchée plus que de coutume, jusqu'à verser quelques larmes. 

Les livres me font rarement (voire jamais...) pleurer... Contrairement aux films qui me laissent souvent reniflante, les livres ne me donnent pas accès aux émotions fortes. Peut-être que la distance qu'imposent pages et les mots fait que je ne suis pas autant touchée, et que la catharsis n'opère pas. Je suis peut-être aussi trop cérébrale....
Qu'en est-t-il pour vous ? 

samedi 30 août 2014

Quand le secret revient

Boomerang, Tatiana de Rosnay

Antoine, la quarantaine bien tassée, tout juste divorcé, emmène sa soeur à Noirmoutier pour son anniversaire. Ce lieu leur rappelle des tas de souvenirs, surtout ceux de leur mère. Puis c'est l'accident. Au moment où elle voulait révéler à son frère quelque chose d'important, Mélanie perd le contrôle de la voiture et se retrouve dans un lit d'hôpital. Antoine craint non seulement de perdre sa soeur, mais aussi le secret qu'elle voulait lui révéler ... C'est sans compter sans l'imagination de Tatiana de Rosnay.

C'est vrai que ce roman débute d'une étrange manière : dans un hôpital, avec des personnages bien sonnés. C'est comme s'il débutait par la fin. Mais en réalité, par de savants retours en arrière, révélations au compte-goutte et suspense bien dosé, Tatiana de Rosnay nous laisse entrevoir le secret de famille qui pèse sur la mort de Clarisse, femme charismatique adulée et sublimée par les souvenirs. Plusieurs fois on pourrait penser que le roman va prendre fin, mais on sent les pages sous nos doigts, on se dit que non, finalement il va encore il y a avoir des rebondissements. On ne s'ennuie donc pas avec ce roman, qui mêle souvenirs d'enfance, suspense, relations familiales houleuses, amour et psychologie adolescente. On partage la vie d'Antoine, de ses trois ado, de son ex-femme et de sa nouvelle petite-amie. Leurs histoires sont assez banales, mais si on l'accepte, il est facile de se laisser emporter. Il y a toutefois un épisode, un peu long et un peu glauque, qui m'a posé question : la mort de Pauline, la meilleure amie de la fille d'Antoine. Certes on tisse aisément les liens qui l'unissent aux autres évènements de l'intrigue (attention, je vais dangereusement spoiler !) : la mort subite, comme Clarisse morte d'une rupture d'anévrisme, la rencontre de l'ado avec la mort qui rappelle celle d'Antoine lors du décès de sa mère, le corps à la morgue (la nouvelle petite amie d'Antoine est bikeuse et tanatopracteuse), l'enterrement,... Mais je l'ai trouvé un peu pesant, tant en terme de détails et d'atmosphère, qu'en terme de nombre de pages.
Pour le reste le roman se lit vite (ce que j'apprécie beaucoup chez Tatiana de Rosnay) et l'histoire nous emporte facilement. Encore une fois on retrouve un personnage de femme britannique, mais son rôle, bien qu'extrêmement important, reste en sourdine. 

Ce roman parle finalement beaucoup d'amour, celui qu'on porte à ses souvenirs, à sa famille, à ses enfants, et puis bien sûr d'amour charnel, mais au second plan. Les relations familiales sont extrêmement détaillées, la psychologie de chacun est saisie avec justesse. On peut déplorer bien sûr certains clichés (les ado rebelles, l'adultère,...), mais en mettant en scène un si grand nombre de personnages, il semble difficile de tous les dessiner à la perfection.
En définitive, si ce roman est long et riche en épisodes, c'est sans doute parce qu'on accompagne Antoine dans son chemin vers la résilience, celle de la mort de sa mère, de ses relations difficiles avec son père, et enfin de son divorce. Une tranche de vie comme on dit, un vrai roman donc, et le mélange est plutôt réussi (même si ce n'est pas mon préféré de l'auteur, peut-être à cause du fait que le personnage principal soit un homme). 

jeudi 28 août 2014

Lectures d'été et livre délaissé

Je viens de me rendre compte que je ne suis pas à jour dans les chroniques de mes lectures. Je vais donc palier cet oubli malencontreux :) :


Moka, Tatiana de Rosnay

L'histoire de cette mère qui se bat pour découvrir qui a renversé son fils en ce mercredi après-midi est prenante et émouvante. Sa vie, ainsi que celle de son couple, bascule avec son fils lorsqu'il sombre dans le coma (moka...) à cause d'une voiture couleur moka qui roulait trop vite. L'attente passive est insupportable, et Justine, anglaise mariée à un parisien un brin macho, décide de passer à l'action. Elle part donc dans le sud, sur les traces de la meurtrière potentielle. 
Le suspense est intense, et l'ensemble est nourri de réflexions et de remarques piquantes sur la cohabitation franco-britannique. En dépit de quelques ficelles manquant quelque peu de finesse, le texte est prenant et (excusez le jeu de mots ...) bien ficelé. 

La rose pourpre et le Lys, Michel Faber

Après l'avoir abandonné une première fois, déroutée par le style, j'ai repris ce roman avec un plaisir insoupçonné. J'ai accepté de me laisser embarquer par la narration au vocatif du narrateur, ne me suis pas laissée dérouter par ses apostrophes, et ai pris plaisir à le suivre à la rencontre de ses personnages hauts en couleur. D'ailleurs, une fois qu'on a rencontré Sugar et William, on a vraiment envie de poursuivre la lecture.
Sugar est sans doute la fille de la couverture... une courtisane étrange, toute en rousseur et en os, qui offre aux hommes tout ce qu'ils désirent...en dépit des tabous un peu surprenants pour nous. 
Imaginer le Londres du XIXème siècle est un jeu d'enfants grâce à Michel Faber, qui nous guide (au sens premier du terme), à travers le dédale de ses rues et le seuil des maisons closes.  La lecture est un vrai plaisir, mais je dois reconnaître qu'il faut avoir le temps et ne pas être trop pressé. Je dois donc me confesser... j'ai abandonné le premier tome aux deux tiers... pour lire autre chose. Non pas parce que je me lassais des aventures de Sugar et William; au contraire. Mais parce qu'elles n'arrivaient pas assez vite à mon goût. Toutefois, je compte vraiment reprendre ma lecture un jour prochain !

Petit mot sur l'abandon de livres : Je me rends compte que je fais partie de cette espèce de lectrice sans scrupules, qui laisse le livre lui tomber des mains dès lors que la magie n'opère pas ou n'opère plus. C'est souvent en lien avec la vie, avec ce que j'attends d'un livre à un moment précis. S'il ne me divertit pas assez, je peux l'abandonner; d'autres fois, si son style n'est pas assez bon, je peux le laisser tomber pour un roman plus "classique". La lecture dépend de mes humeurs, de mes envies, et je me fais peu de points d'honneur. Elle doit rester avant tout un plaisir, des sens et de l'esprit à la fois. 
Qu'en pensez-vous ? ???? 




vendredi 8 août 2014

Bilan de lecture de ces derniers jours

J'ai lu un certain nombre de courts romans ces derniers jours, et vais en rendre compte ici, sans accorder un article à chaque roman (non qu'ils ne le méritent pas, mais j'ai pris trop de retard !)

Chercher Proust, Michael Uras

Un roman sur Proust, mettant en scène un lecteur de Proust : il n'y avait rien de mieux pour me donner envie d'ouvrir cet assez court roman à la couverture violette, ornée d'une tête de Proust dessinée. On peut dire qu'elle donne le ton, puisque bien que l'auteur s'attaque à un monument littéraire, Marcel et son oeuvre ne sont pas traités sur un ton doctoral, bien au contraire.  
L'histoire est simple : Jacques, jeune homme mal dans sa peau, cherche sa voie à travers Proust. Proust qui lui inspire ses premiers émois, qui motive ses lectures et ses idéaux adolescents, et aussi son choix de métier. Il est tout simplement chercheur en Proust ! Il ramène d'ailleurs tout à lui, à des comparaisons avec les amours de Marcel, ses goûts, ses obsessions... Ce n'est pas facile de garder une relation stable avec une fille dans ces conditions, si on les compare toutes à Albertine la prisonnière ou à une Gilberte en fleurs ! Jacques cumule les gaffes et les relations d'un soir (avec des femmes vénales... on est bien loin d'Albertine!). Le personnage principal est haut en couleurs, plein de névroses proustiennes; on a un peu pitié de lui, il est souvent ridicule, mais il est très attachant. Il en devient presque un mini-Proust puisqu'en définitive, les points communs entre Marcel et Jacques se rejoignent et la boucle est bouclée (comme pour La Recherche) : ils deviennent écrivains !

La Liste de mes envies, Grégoire Delacourt

Quand la petite mercière d'Arras découvre qu'elle a choisi les numéros gagnants du loto, elle n'arrive pas à changer sa vie. Son magasin, son mari Jocelyn (ça ne s'invente pas!), ses enfants qui sont grands maintenant, son blog qui dépasse le millier de visites, tout va plutôt bien dans la vie de Jocelyne, elle n'a pas besoin de choses extraordinaires ni d'envies extraordinaires. Elle dresse des listes, mais on est surpris de constater que ce sont des listes que n'importe qui ou presque pourrait dresser, sans forcément avoir gagné à la loterie. Jocelyne est une femme humble, attachante, aimante et généreuse; c'est un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Ce qu'elle fait de son chèque correspond tout à fait à cette personnalité simple et posée : elle le cache, dans un placard, dans une chaussure. Jusqu'au jour où le chèque disparaît...

Puisque rien ne dure, Laurence Tardieu 

Un soir de juin 2005, Vincent prend la route pour rejoindre Geneviève qui l'appelle à l'aide. Elle a besoin de lui pour pouvoir mourir. Vincent se rend donc à son chevet, et au cours de sa route, on en apprend davantage sur la situation : Geneviève et Vincent ont vécu quinze ans ensemble et ont eu un enfant. Une enfant qui un jour a disparu. La perte de l'enfant a alors sonné la glas de la perte du couple...
Comme toujours avec Laurence Tardieu, stigmate de son processus d'écriture, on apprend les choses peu à peu, à travers ce "work in progress" un peu déroutant mais pourtant envoûtant. Le rythme est lent, un peu haché, on s'y perdrait presque, parfois on ne comprend pas où tout ça veut en venir (surtout au début). Les thèmes du roman sont oppressants, déprimants (la perte, de l'enfant, du couple, mais également la perte de la vie), mais ils font réfléchir. Toutefois ce n'est pas le texte de Laurence Tardieu que j'ai préféré pour le moment. 

jeudi 31 juillet 2014

La vie fortement épicée de Madame Lavigne

La vie épicée de Charlotte Lavigne, tome 2
Bulles de champagne et sucre à la crème

Charlotte va enfin épouser son Maxou ! Voilà la bonne nouvelle qui promet un début en beauté. Mais comme toujours, tout ne va pas aussi bien que notre québécoise préférée le souhaiterait. Devenue une des co-présentatrices phares de l’émission Totalement Roxanne, elle est sollicitée par les producteurs pour faire de son mariage… une télé-réalité orchestrée par les spectatrices ! Choix de la robe, du dessert, de la salle de balle, tout y passe. Et pour simplifier les choses, sans rien en dire à Maxou… 
Finalement le mariage se passe, et plutôt bien, malgré quelques gaffes familiales et autres peines de cœur amicales. Charlotte est ravie, elle a son Maxou pour elle et pour la vie. Et bientôt, à elle la vie parisienne !
Deux semaines après son mariage, Charlotte y est. A Paris, enfin. Paris et ses macarrons, ses vins, bref, sa gastronomie. Et on sait que Charlotte ADORE ça ! Mais c’est sans compter le caractère des parisiens, les caprices de sa belle-mère et le boulot prenant de son mari. Le bon Bordeaux prend alors un goût amer… surtout quand on n’a personne avec qui le partager. Ugo et Aïsha lui manquent, et Charlotte a bien du mal à se faire des amis à Paris. Notre héroïne pleine de vie commence à dépérir…

Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le suspense, d’autant plus que pour moi, la fin a été une véritable surprise. Connaissant la bonne humeur et l’enthousiasme propre à ces romans, je ne pensais pas que l’histoire du tome 2 prendrait un tournant si… réaliste pourrais-je dire. On est loin de la vie sucrée et un tantinet superficielle que menait Charlotte à Montréal. On croque vraiment dans le piment, et pas le piment qui épice agréablement un plat plein de soleil ; plutôt du piment qui brûle, et dont le piquant douloureusement intense est difficile à endiguer. Charlotte est en proie avec la vie, la vraie, celle qui fait mal et qu’un plat de spaghetti au pesto maison ne suffit pas à faire oublier. Notre québécoise enjouée a du mal à vivre seule, au milieu de l’arrogance parisienne et d’une certaine indifférence familiale.
J’ai vraiment aimé cette dimension plus rude, plus dure. Cela confère à ce roman, que je pensais plus que léger, une dimension humaine touchante. J'ai eu davantage l'impression de pouvoir m'identifier à l'héroïne. Ajoutez à cela le ton toujours génial, saupoudré de bonnes expressions québécoises ; le caractère de folie de Charlotte ;  l’amour que lui porte Ugo, son meilleur ami, et vous obtenez un superbe roman, plein de vie et d’aventures rocambolesques… mais pas toujours drôles.
J’ai hâte que le tome suivant sorte au Livre de Poche !

C'était également sympa de voir l'idée que peuvent se faire les Québécois de Paris, une des plus belles villes du monde certes, mais pas celle dont les habitants sont les plus sympathiques ! 



dimanche 27 juillet 2014

De la nouveauté chez Tatiana de Rosnay

A l'encre russe, Tatiana de Rosnay

Ce dernier roman de Tatiana de Rosnay m'a énormément surprise, et plutôt en bien. 
L'histoire est assez simple : Nicolas Kolt, vingt-six ans, a publié un roman, L'enveloppe, qui a connu un succès phénoménal et planétaire. Né presque par hasard suite à un renouvellement de passeport, ce roman a été lu par des milliers de personnes et même adapté au cinéma. Sa promotion a mobilisé une énergie folle chez Nicolas, qui n'en est pas sorti indemne. Il a rompu avec sa compagne, est devenu imbu de sa personne, couche avec plein de filles différentes, ... bref, il a pris la grosse tête. 
On le retrouve trois ans après la sortie de son roman, dans un hôtel de luxe en Italie. Coupé du monde, il fait le point sur ce qui lui est arrivé et ce qui lui arrive encore. On le suit pendant trois jours passés dans cet endroit de rêve, où il n'a pourtant de cesse de ressasser ses souvenirs et de revenir sur ses (nombreuses) bévues. L'une de ses maladresses se trouve d'ailleurs avec lui : sa nouvelle compagne, avec laquelle il entretient une relation houleuse. Pendant trois jours, au bord de la piscine, il consulte son téléphone bourré d'e-mails de son éditrice et de sextos d'admiratrice, son compte Facebook visité chaque seconde par des tas de fans, son compte Twitter envahi de postes plus ou moins flatteurs, et surtout de relances concernant son prochain roman... Hypothétique prochain roman puisqu'en réalité il ne parvient pas à écrire une seule ligne...

Ce livre mêle donc de nombreux sujets qui ont piqué mon intérêt. Son héros ultra moderne et ultra connecté, qui est aussi un écrivain en proie aux affres du métier et victime de son succès, m'a touché. Certes il est imbu de lui-même, trop sûr de lui, trop narcissique et j'en passe, mais il réalise peu à peu ce qu'il a perdu en se pâmant dans la manne du succès. On comprend également en filigrane l'histoire familiale qui lui a inspiré L'enveloppe, et qui est également à l'origine du choix du titre choisi par Tatiana de Rosnay. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spoiler !

J'ai trouvé la trame de l'histoire peut-être un peu conventionnelle mais narrée avec dynamisme, modernité et fluidité. Nicolas Kolt est un héros qu'aurait pu mettre en scène Philippe Djan, le type de l'écrivain à succès qui aime le luxe et les filles; en moins trash ceci dit. Je me suis également demandé s'il y avait une part autobiographique dans ce roman, puisqu'il évoque les difficultés de l'écrivain, mais aussi la quête d'identité au-delà des frontières (Tatiana de Rosnay a rencontré de nombreuses difficultés pour obtenir la nationalité française). 

Un très bon moment de lecture; j'avais envie de reprendre le livre dès que j'avais un peu de temps, ce qui est très bon signe ! Toutefois je comprends la déception de certains lecteurs, qui n'ont pas retrouvé les thèmes de prédilection de Tatiana de Rosnay, comme le suspense, l'enfermement, la souffrance psychologique des personnages, etc... La fin est aussi un peu étrange, l'auteur s'est fortement inspiré de l'actualité pour l'écrire, mais j'ai eu l'impression d'un cheveu sur la soupe (même si c'est ce qui relance l'imagination créatrice de notre héros). 

samedi 19 juillet 2014

Laurence Tardieu, comme une fille


Bon, le titre "comme une fille" ne sonne pas forcément très bien, mais je voulais faire écho au premier roman de Laurence Tardieu que j’ai lu, Comme un père, et aussi à l’autre, plus récent, La Confusion des Peines. Les deux évoquent son combat pour sortir des limbes de silence qui entourent depuis une dizaine d’années la condamnation de son père. Ce père auquel elle ressemble tant, qu’elle aime tant, qu’elle chérit tant, mais qui lui échappe.
Dans le premier roman, Comme un Père, elle a inventé le personnage de Louise, jeune femme de 25 ans, dont le père vient de sortir de prison et il lui demande de l’héberger chez elle. Cette situation les rend mal à l’aise tous les deux, ils ne savent que se dire, ils s’évitent au maximum, et pourtant son père est omniprésent dans son esprit depuis toujours. Plus encore depuis qu’elle sculpte, puisqu’elle ne cesse de réaliser des têtes, des bustes et des corps d’hommes, au prix d’efforts violents parfois. Elle accouche de son père, comme Laurence Tardieu accouche de l’histoire de sa famille pour se délivrer et combler le vide dans La Confusion des Peines.
Dans ce deuxième texte, elle explique pourquoi elle a besoin de raconter l’histoire de son père, son arrestation et sa condamnation, comment est-ce que cela a bouleversé sa famille en s’ajoutant au décès de sa mère. Comment aussi tout cela a bouleversé la vision du monde manichéenne qui était la sienne, qui lui a fait voir le monde et les hommes tels qu’ils sont, complexes et instables. L’humanité ne se divise pas. Elle n’en finit pas de se tordre sur elle-même. Elle est une immense convulsion.

Au début du texte elle rapporte l’échange qu’elle a eu avec son père, dans lequel il lui demande de ne pas raconter son histoire, de se taire. Elle nous dit que dans sa famille c’est comme ça, on exprime rien, mais elle a besoin de sortir du silence. Ce texte devient une sorte de lettre au père, au moyen duquel elle essaie de se soulager de ce poids, de rejoindre son père, de combler les blancs et les vides de ce silence familial. Laurence Tardieu a une manière d’écrire qui semble de l’ordre du spasme, les mots sortent, elle ne peut les empêcher de se déverser sur la page. Chaque jour elle écrit, et rien n’est écrit d’avance. On le remarque particulièrement dans La Confusion des Peines, puisqu’après chaque espace blanc, quand l’écriture reprend, on ne peut savoir de quoi elle va parler, ce qui va émaner de cette tentative réitérée de raconter les choses. Elle se laisse guider, elle laisse son inconscient et son instinct prendre le dessus, sans savoir où cela va la mener. Elle n’a pas essayé de mettre en ordre, elle a laissé les choses venir à elle, sortir d’elle, comme Louise avec ses sculptures. J’ai bien aimé ce laisser faire, ce laisser aller, qui pour moi correspond à l’image que je me fais de la littérature. Laurence Tardieu explique d'ailleurs elle-même pourquoi elle n'aime pas ce qu'elle appelle "les vraies histoires":  je n'en veux pas des vraies histoires, elles ne m'intéressent pas les vraies histoires, écrire ça n'est pas raconter des histoires, c'est tenter d'atteindre la lisière de la vie, cette matière là, mouvante, violente, imprévisible, or la vie ça n'est pas une histoire, la vie ça ne se déroule pas, ça ne passe pas, ça se tord ça hoquette ça n'a ni début ni fin, pas de personnages, ce sont des corps qui avancent, qui tombent, qui aiment, qui ne savent pas, on avance tous en titubant, et personne n'en sort indemne, on finit par tous en mourir. Rien que dans cette phrase, on ressent ce que j'essayais de décrire plus haut, cette espèce de volonté de laisser sortit quelque chose, un flot sans digue, sans ponctuation parfois, de longues phrases dans lesquelles les mots se heurtent, sans pour autant être illisibles. 
Avec la littérature, Laurence Tardieu veut dire l'envers des choses, le côté caché, le monstre tapi sous le lit. Elle essaie de montrer ce que d'habitude on tait. Or dans sa famille, le silence était de mise, et c'est seulement grâce à un livre qu'elle parvient à le briser.

J'ai vraiment été émue et touchée par ce texte, non seulement à cause de son thème, universel et intime, mais aussi (et surtout) à cause de son rapport à la littérature, sa manière d'écrire un peu violente, vitale, néphrétique presque. Elle nous montre le processus d'écriture tel un écorché vif, avec les nerfs et les violences qui le sous-tendent. Cela m'a vraiment donné envie d'en découvrir davantage sur cette auteur, mais je me sens également très intimidée à l'idée de l'inviter pour mes élèves... je me demande même si je vais le faire, puisque ce qu'elle produit mérite mieux qu'une pure réflexion pragmatique sur la forme. Qu'en pensez-vous ?


lundi 14 juillet 2014

Un peu long, un peu décevant...

Avant de commencer Le Manoir de Tyneford, j'avais regardé les critiques sur certains blogs. Toutes dithyrambiques. J'ai donc ouvert cet assez long roman avec beaucoup d'espoir. Je m'attendais à y trouver des accents à la Jane Austen, une histoire d'amour à la Jane Eyre et une sensibilité à la Princesse Sarah. Ce qui suit peut vous aider à comprendre pourquoi. Résumons : 
Elise, jeune fille juive de la bonne société autrichienne, devient domestique dans un manoir anglais pour échapper à la déportation. Sa vie s'en trouve radicalement changée

Tout un programme. Les aventures d'une jeune fille subissant un déclassement, sous fond de Seconde Guerre Mondiale. Un magnifique sujet ! J'avais hâte de commencer ma lecture.

Malheureusement, dès le début, mon enthousiasme a commencé à retomber. De longues descriptions, une héroïne qui nous décrit des sentiments qui manquent de subtilité, des idées et des détails qui se répètent, des tournures de phrase redondantes, bref, des lourdeurs et des longueurs. Je pense que l'histoire d'Elise aurait gagné en profondeur et en sensibilité si la personnalité de l'héroïne avait été un peu plus complexe, ses sentiments approfondis et certains événements relatés. Des moments importants, comme celui où elle quitte ses parents pour partir en Angleterre, ne sont pas racontés. D'autres, qui campent le caractère du personnage principal, le sont trop peu. 

Mais qui suis-je pour juger ? En effet, ce roman a plu à de nombreux lecteurs, il a été sélectionné par la collection du Livre de Poche, l'intrigue est excellente... mais le style et la profondeur n'y sont pas. Je me suis ennuyée. Pas au point d'abandonner le livre cependant, ce qui montre que l'histoire m'a plutôt plu; mais à partir de 150 pages, j'ai lu en diagonale, une phrase sur 10, juste pour comprendre l'histoire. Une intrigue en or... avec une plume de plomb. 

Un bon bol d'air frais (au piment)

La vie épicée de Charlotte Lavigne, Tome 1 
Piment de Cayenne et pouding chômeur

Même si ce n’est pas le genre de roman que je suis habituée à lire, j’ai adoré ce livre. Il est frais, vivifiant, pas du tout prise de tête ; et en dépit des clichés, je n’ai jamais eu envie de le refermer.

Charlotte est une espèce de Bridget Jones, à la différence près que, contrairement à notre blonde mythique, Charlotte est dégourdie et rarement désespérée. Ce qu’elle préfère d’ailleurs, c’est cuisiner, et se retrouver entourée de ses amis lors des dîners qu’elle prépare à la manière d’une bataille rangée. Le roman, écrit à la première personne, raconte donc la vie plutôt épicée de Charlotte, entre ses amis, ses dîners et ses amours.

Les dîners qu’organise Charlotte jalonnent le roman, et à chaque fois la mettent dans des situations rocambolesques : manquer d’étouffer son petit ami, dormir dans une chaumière chez un vendeur de bison, pêcher des truites en soutien-gorge, … se faire larguer et se consoler avec le futur petit ami de sa meilleur ami…, et j’en passe ! Les épisodes s’enchaînent, plus abracadabrantesques les uns que les autres, le tout porté par Charlotte et son stress déjanté, Ugo et sa gentillesse, Aïcha et ses bons conseils. Des personnages attachants, et une narratrice sans scrupules et sans tabous. Le ton est léger, vif, rythmé. J’étais vraiment surprise de ne jamais m’être ennuyée au cours de cette lecture, jalonnée de bons mots québécois qui offrent un charme particulier au style enjoué et vivifiant de ce roman. J’ai vraiment hâte de lire la suite ! Le second tome est sorti en poche, je vais me le procurer dès que possible. 

L'article de Clarabel est plus riche d'informations que celui-ci, où je donne surtout mon avis, qui est hyper positif ! 

mardi 8 juillet 2014

Découverte : Laurence Tardieu

Dans le cadre d'une option de la classe de Seconde, je m'intéresse de près à la création littéraire, du manuscrit à la publication du livre. Pour ce faire, quoi de mieux que le témoignage direct d'un auteur ? Mais encore faut-il qu'il ou elle accepte... 
J'ai donc prospecté auprès de mon ancienne directrice de licence de Lettres, qui m'a donné quelques noms, dont un qui m'a intrigué, comme je ne l'avais jamais entendu auparavant : Laurence Tardieu. 
Je me suis donc intéressée à elle et à son écriture. Enfin, pour être franche, je me suis procuré les supports. Les livres d'abord, bien sûr et avant tout : 

- son premier roman , Comme un père, publié en 2002
- un autre de ses romans, La Confusion des Peines
Ce sont les deux romans que l'on m'a conseillés. 

Mes également des émissions radio :
-Sur France Inter 

Et aussi des articles, mais je ne posterai que les plus intéressants (il faut donc que je les lise !). 
Je profite de cet article pour lancer un appel : si jamais vous connaissez Laurence Tardieu, par son oeuvre bien sûr, mais pourquoi pas autrement, je vous invite à laisser des commentaires !!

Pour continuer sur ce thème, j'ai aussi une super nouvelle : si jamais Laurence Tardieu ne venait pas au lycée, je suis au moins sûre que Tatiana de Rosnay pourra répondre aux questions de mes lycéens ! Elle accepte en effet de venir au lycée, dans un peu moins d'un an!

samedi 5 juillet 2014

Du renouveau

A tous mes lecteurs, présents et à venir,

Je suis heureuse de vous informer qu'après quelques temps de désert, de billets timides, peu soignés et médiocres (il faut le dire), je me remets sérieusement à la bloggerie littéraire.

Afin d'enrichir ce blog plutôt pauvre, je vais rajouter d'ici peu des articles issus de mon ancien mais prolifique blog, lemonde-dans-leslivres 1.0. ! Ainsi cela permettra à chacun de trouver ce qu'il lui plait, entre les classiques académiques et les fraîches sorties Poche (les ouvrages grand format restant un peu chers pour ma petite bourse !).

J'espère que ce nouveau blog recevra des visites et des commentaires, et qu'il permettra d'échanger de bonnes trouvailles !

A bientôt chers visiteurs :).

Saleanndre

dimanche 29 juin 2014

Un roman de Rosnay différent

Le cœur d’une autre, Tatiana de Rosnay

Ce roman de Tatiana de Rosnay est vraiment différent de ceux que j’ai pu lire auparavant. Mais avant d’en dire plus, expliquons rapidement l’intrigue.
Le personnage principal, Bruce, a une vie ennuyeuse, il est séparé de sa femme, il est misanthrope et misogyne. Un jour, il apprend que son cœur est malade, et qu’il doit bénéficier d’une transplantation cardiaque. L’attente est longue mais un beau jour il se réveille avec un nouveau cœur. Rien de bien original jusque là, mais l’histoire prend un tour étonnant et vraiment intéressant quand le comportement de Bruce se met à changer radicalement. Il ne s’en doute pas, mais c’est le cœur de sa donneuse, dont il découvre l’identité plus tard, qui influe sur son comportement. Il devient bien plus sympathique, sociable, heureux de vivre. Il se découvre même une passion pour la peinture, et plus précisément la peinture italienne. Constance, sa donneuse, était en effet restauratrice de tableaux. Ce dernier tiers du roman est un peu édulcoré, on a du mal à croire à certaines coïncidences à la limite du fantastique. Pour le reste c’est un roman qui se lit bien, que j’ai eu du mal à lâcher puisqu’on a envie d’en connaître la suite, de voir comment le personnage principal évolue.
Ce roman est, comme je l’évoquais au début, très différent de ceux de Tatiana de Rosnay que j’ai lus pour le moment.  Il est beaucoup moins grave déjà, même si le sujet de la greffe de cœur aurait pu l’être. Il y a quelques pointes d’humour, des retournements de situation inattendus et fantaisistes, des personnages simples, sans graves tourments (contrairement aux femmes des romans comme Le Voisin, La mémoire des murs ou Elle s’appelait Sarah). Les appartements et les chambres n’ont rien d’angoissant ni d’oppressant. C’est comme si l’auteur avait choisi de laisser libre cours à son imagination et à sa créativité, en sortant de ses thèmes de prédilection. Elle le dit elle-même dans la préface, ce n’est pas un appartement qui fait revivre le passé, c’est un organe greffé.

Un bon roman, tout public, léger, dans lequel les angoisses des personnages sont minimes et les épisodes légers.

jeudi 26 juin 2014

Deux bonnes lectures

                                                  A. comme Aujourd'hui, David Levithan 

Qui n'a jamais imaginé vivre une autre vie, ne serait-ce qu'une journée ? Avoir une nouvelle famille, de nouveaux loisirs, de nouveaux amis, un nouveau corps ….
Pour A., le héros du roman, tous ces changements constituent son quotidien. A. a une vie tout à fait particulière : il n'a pas de corps propre, et son esprit change chaque jour d'enveloppe. Il peut être fille, garçon, adolescent bien dans sa peau ou suicidaire, entouré d'une famille aimante ou bien orphelin. Bref, tout le panel humain lui est offert, et il a tout expérimenté. Ou presque. En effet, un événement va bouleverser sa vie : l'amour.
Lorsqu'il rencontre Rhiannon, la vie de A. prend un tour inattendu. Loin du confort de sa routine (changer de famille chaque jour a certains avantages!), il va devoir se battre pour conserver cet amour... et traverser ainsi des épisodes aux conséquences délicates et parfois dramatiques.
Ce roman est vraiment unique et riche d'expériences. En un peu plus de 300 pages, qui constituent quarante jours de l'étrange vie de A., le lecteur découvre plusieurs vies d'adolescents, avec leurs hauts et leurs bas. On aurait pu s'attendre à un catalogue édulcoré de stéréotypes, mais David Levithan a eu le génie de tout faire passer à travers le regard de A., une personne honnête et intègre, ce qui permettrait presque de rapprocher ce livre d'un apologue. Le héros est une bonne âme, sans être un candide, et il cherche à ne jamais influer sur la vie de ceux dont il occupe le corps. Excepté dans des cas extrêmes, quand il ne peut laisser son hôte se nuire, par exemple...

Un roman sur l'amour, le respect, la tolérance, la différence... soutenu par une intrigue palpitante et sans temps morts. Un condensé de vies, tel qu'on en a rarement l'occasion d'en lire.

J'ai pris plaisir à lire ce roman pour ados. Il faut vraiment le leur mettre entre les mains, afin d'ouvrir leurs yeux sur ce que peut être la vie de ces autres qui les entourent. Ce qui précède servira de trame pour un petit article destiné au CDI. Je vais (essayer de...) rédiger un certain nombre d'articles dans cet optique pendant les vacances.


Elle s'appelait Sarah, Tatiana de Rosnay  

Tout commence avec l'écriture : une journaliste américaine se voit commander un article sur la tragédie du Vel d'Hiv à la veille des fêtes commémoratives. Le 16 juillet 1942, plus de 13 mille Juifs, dont 4 115 enfants, ont été parqués au vélodrome d'Hiver rue Nélaton, Au fil de ses recherches, Julia Jarmont découvre l'existence de Sarah, une petite fille qui a survécu à la tragédie. Au fur et à mesure, Julia découvre que les liens qui l'unissent à Sarah sont plus étroits qu'elle ne l'auraient imaginé, puisqu'elle avait vécu dans l'appartement qu'ont ensuite occupé les parents de son beau-père quelques joues après la rafle.
Mais ces nouveaux occupants ne soupçonnaient pas la tragédie qui se jouait dans ce lieu déserté.... Avant d'être emmenée par la police française (ce ne sont pas les Nazis qui sont les à la manœuvre, mais bien les Français, ce qui ajoute à la tragédie), la petite fille a enfermé son petit frère dans le placard , pour le protéger. Elle pensait qu'elle et ses parents allaient revenir très vite. Mais on ne sait que trop bien que les événements ne prirent pas cette tournure.


Grâce à l'alternance des récits, celui de 2002 faisant écho à celui de Sarah en 1942, le suspense est puissant. On se doute de ce qui va advenir, inexorablement, mais pourtant on reste en haleine. Je faisais tourner les pages afin de savoir comme la tragédie allait être racontée, avec quels mots et quelles émotions. Je m'intéresse de près aux romans de Tatiana de Rosnay ces temps-ci, et ce roman me semble être son chef d'oeuvre. Il y a du suspense, des émotions, et c'est un superbe témoin de mémoire. Vers la moitié du livre, les recherches de Julia se confondent avec l'histoire de Sarah, et le suspense devient encore plus prenant. Je me suis attachée au personnage de cette journaliste exilée à Paris, enceinte et mal aimée, qui a chargé le passé des émotions de son quotidien. Son regard donne une dimension particulièrement vive et émouvante au récit de la vie de Sarah et de la tragédie de son petit frère. Tatiana de Rosnay donne un nouveau souffle aux récits de la Shoah, plus moderne et donc plus proche de nous.  

mardi 17 juin 2014

Articles à venir

Avant que je n'oublie, je note ici les articles à venir :

- La Voleuse de livres, Markus Susak (un excellente surprise ! déroutant au début, mais on s'attache très vite aux personnages)
- Carrie, Stephen King ( quelques longueurs malgré l'étroitesse du roman, mais ça m'a donné envie de regarder les films)
- Un avion sans elle, Michel Bussi (étonnement prenant, bien que décevant sur certains points, en premier lieu la couverture de l'édition de poche ...)

Livres entamés mais jamais terminés
- Les yeux jaunes des Crocodiles, Catherine Pancol (prenant au début, puis le roman plonge dans les lieux communs. L'auteur s'appesantit un peu trop sur chacun des personnages, et on a l'impression que ça ne va jamais avancer. Peut-être une focalisation sur le regard d'un seul personnage aurait-elle été plus prenante).
- Les Mandarins, Simone de Beauvoir (honte sur moi, mais je n'ai pas accroché ! Je retrouve trop les lieux communs de Simone et m'ennuie un peu...)