Entraînée par mon engouement pour Rebecca, j'ai eu envie de poursuivre dans la découverte des classiques anglais, et surtout dans la veine du roman gothique (qui a inspiré Daphné du Maurier). Mais autant l'avouer, j'ai eu du mal à commencer ma chronique. Pourtant j'ai plutôt apprécié ma lecture... Enfin sans doute pas tant que cela finalement, parce qu'elle ne m'a pas donné l'énergie qui va bien pour écrire un article qui transpire l'enthousiasme...
Comme j'ai du mal ce soir (et avec ce livre aussi, j'en conviens et vais tenter de vous dire pourquoi) je vais procéder de manière très prosaïque :
Pourquoi j'ai aimé / pourquoi je n'ai pas aimé.
Un bref résumé avant de me lancer ...
Quand Earnshaw, le propriétaire des Hauts de Hurlevent, (lieu au nom hautement symbolique), revient de voyage avec un bébé en guise de cadeau, il n'imagine pas quelle désolation il est en train d'introduire chez lui...
Celui qu'on va appeler Heathcliff, et concentre à lui seul tout ce qu'un être humain peut ressentir de passion et de haine, devient peu à peu le maître de la maison, et le maître des âmes. Pauvres âmes tourmentées d'ailleurs... Je n'en dirai pas plus, à part que la vie à Hurlevent n'aura jamais mieux porté son nom depuis ce jour !
Bon, maintenant que j'ai réussi à vous donner l'eau à la bouche, allons-y pour la confrontation de mes sentiments, malgré tout mitigés.
Pourquoi j'ai aimé ?
- Tout d'abord, parce que c'est un classique de la littérature anglaise que j'avais envie de découvrir depuis longtemps, depuis que j'ai lu Jane Eyre en fait, et aussi intriguée par cette littérature suite à la lecture de Rebecca. Et bien ça y est, c'est fait.
- Parce que la couverture de la nouvelle édition de Poche d'avril 2015( toute récente !!) (cf l'image de cet article) est vraiment sympa. Un peu glauque c'est vrai, mais juste ce qu'il faut !
- Parce que la traduction est plutôt bonne, et que la lecture d'un grand classique est toujours agréable. - Parce que le système de narration est extrêmement intéressant : polyphonie des voix et système en poupées-russes. Ce sont toujours des protagonistes extérieurs à l'intrigue principale qui racontent. Leurs récits sont enchâssés dans d'autres récits. La principale narratrice est Nelly Dean, la bonne pleine de principes mais plutôt objective.
- Les personnages ont une psychologie très intrigante, mélange de bien et de mal, de folie et de passion. Heathcliff incarne à lui seul ces ambivalences. Les Catherine sont également très intéressantes, en particulier la dernière pour moi, puisqu'elle porte à elle seule les quelques onces d'euphorie du roman.
- J'ai beaucoup aimé la fin du roman, non pas parce que c'était la fin ! mais parce qu'on lève complètement le voile sur Heathcliff, et j'ai trouvé les métaphores fantômatiques et vampiriques effroyablement fascinantes. Je salue le talent de l'auteur, qui est parvenue, malgré son jeune âge, à traduire les côtés les plus sombres de l'âme humaine, mêlés aux sentiments les plus ardents.
Pourquoi j'ai moins aimé ?
- J'aurais aimé que la narration soit différente. Certes le fait de laisser le récit de l'histoire aux soins de divers personnages est d'un grand intérêt littéraire et d'une grande virtuosité. En effet on nous dévoile autant qu'on nous dissimule, mais cela permet aussi à l'auteur de maintenir une forme de censure sur cette histoire plus que machiavélique. Ceci étant, j'aurais aimé que le point de vue adopté soit celui des personnages principaux, les plus intéressants parce que les plus complexes. Ainsi un chapitre conté du point de vue de Heathcliff, ou de celui de Catherine (la première surtout !) aurait été assez jouissif... mais tel n'était pas l'effet qu'Emily Brönte comptait rendre dans son roman, et j'avoue que les indices qu'elle laisse à travers les discours de ses personnages est une méthode assez efficace pour tenir en haleine les lecteurs (mais moi, j'aime bien tout comprendre, surtout du point de vue psychologique !)
- J'ai trouvé le langage du XIXème un peu pompeux et redondant, ce qui alourdissait la lecture. Certains discours des personnages manquaient de naturel. Droit au but bon sang ! Mais on est au XIXème siècle...
- On peut être gêné par le nombre de personnages, les mélanges de générations, et surtout le choix de l'auteur de donner le même prénom à deux personnages sur deux générations, et transformer un nom en prénom...Cela complexifie encore une intrigue déjà complexe.
- Les intrigues amoureuses et matrimoniales avaient tendance à se répéter selon moi... j'ai comme le souvenir d'avoir lu comme deux romans assez semblables.
- Comme vous sans doute à la lecture de mon résumé (et j'ai fait un peu exprès !), j'aurais aimé que l'intrigue porte davantage sur Heathcliff de manière directe (il est au centre, mais on nous décrit surtout ses ombres) et surtout sur sa relation avec sa soeur Catherine (clé de tous les déboires qui suivront).
En dépit de ces quelques griefs, j'ai poursuivi ma lecture à un très bon rythme, j'avais envie de connaître la suite. Mais il n'en reste malheureusement pas grand chose, mis à part le sentiment d'en connaître un peu plus sur la littérature anglaise... Ce sentiment me surprend d'ailleurs...
Peut-être est-ce parce qu'il y en a tellement à dire que je n'y parviens pas... Ce livre est un immense chef d'oeuvre, malgré tout ce que j'ose lui reprocher... Il m'en laisse désarmée...
En tout cas, il ne prendra pas leurs places à Jane Eyre et surtout à Rebecca !
Ah quand même une chose ! J'ai fait mon premier challenge avec ce livre : Finir un livre ce week-end. Et j'ai réussi :)
Je n'en reste pas moins frustrée de ne pas réussir à exprimer mon avis sur ce livre...
Toutefois un article extrêmement intéressant de Lilly vient de m'éclairer sur certains points. Il faut donc que je vous parle un peu plus des deux personnages qui m'ont le plus touchée : Heathcliff et Hareton. Le premier parce qu'il est celui qui endure le plus de souffrances (tout en en faisant endurer énormément en retour, j'entends bien...). C'est lui le démon et le vampire dans l'affaire, mais s'il est devenu ainsi, c'est sans doute à cause de son amour inassouvi pour sa soeur Catherine. Quand ils sont enfants, ils ne peuvent s'aimer, puis elle se marie avec le fils Linton et s'en est fini de leurs relations. Il fait souffrir tout le monde autour de lui sans doute par frustration.
Ce personnage nous fait ressentir un panel d'émotions composite : on passe de l'apitoiement au dégoût, de l'incompréhension à la haine, mais aussi de la compassion à la plus grande tristesse. Ce personnage est éminemment complexe, faillible et humain. Les scènes qui m'ont le plus marquée sans doute sont celle, au début du roman, où il appelle Catherine sur un ton de désespoir, et celle où il raconte avoir été voir sa dépouille et demande à être enterré près d'elle. Finalement j'étais frustrée de ne pas en savoir plus sur les sentiments des personnages, mais en reconstituant le puzzle, on se rend compte que tous les détails nous ont été distillé peu à peu. Je crois que la conclusion de tout cela est que c'est un roman qu'il faut relire, pour en apprécier toutes les dimensions. Je pense que je m'y attelerai un jour et qu'alors, je n'aurais plus cet avis de mijaurée.
Hareton quant à lui est un personnage très touchant ; élevé par Nelly, il passe ensuite entre les griffes de Heathcliff, qui l'élève à la dure mais qu'il finit par aimer comme un père. Il trouve par la suite le courage de changer sa nature de brute inculte lorsqu'il rencontre Cathy Linton. Il apprend à lire et s'instruit. La relation des deux jeunes gens, vers la fin du roman, est ce qui m'a le plus émue dans ce livre. Ils sont en quelque sorte l'incarnation du couple fantasmé par Heathcliff.
Je comprends de mieux en mieux pourquoi ce roman est à la fois un chef d'oeuvre et "le plus beau roman d'amour de tous les temps", ce qui souligne Georges Bataille sur la couverture. Chef-d'oeuvre parce qu'il ne laisse pas indifférent (la preuve, j'ai eu besoin de revenir sur mon article, que j'ai d'ailleurs eu du mal à écrire, parce que les sentiments et les idées qu'il a suscité en moi sont assez mêlée et perturbantes) et roman d'amour parce que les sentiments que se vouent Catherine et Heathcliff sont au-delà de l'absolu. Ils s'aiment d'un amour inconditionnel, d'âme à âme. Heathcliff a d'ailleurs l'impression de mourir quand Catherine décède, comme si son âme n'avait plus de lieu pour exister. Je me suis sentie un peu frustrée par la narration, mais c'est qu'en réalité ce roman demande une relecture, de remettre les éléments bout à bout pour saisir un tant soit peu son génie.
Ah quand même une chose ! J'ai fait mon premier challenge avec ce livre : Finir un livre ce week-end. Et j'ai réussi :)
Je n'en reste pas moins frustrée de ne pas réussir à exprimer mon avis sur ce livre...
Toutefois un article extrêmement intéressant de Lilly vient de m'éclairer sur certains points. Il faut donc que je vous parle un peu plus des deux personnages qui m'ont le plus touchée : Heathcliff et Hareton. Le premier parce qu'il est celui qui endure le plus de souffrances (tout en en faisant endurer énormément en retour, j'entends bien...). C'est lui le démon et le vampire dans l'affaire, mais s'il est devenu ainsi, c'est sans doute à cause de son amour inassouvi pour sa soeur Catherine. Quand ils sont enfants, ils ne peuvent s'aimer, puis elle se marie avec le fils Linton et s'en est fini de leurs relations. Il fait souffrir tout le monde autour de lui sans doute par frustration.
Ce personnage nous fait ressentir un panel d'émotions composite : on passe de l'apitoiement au dégoût, de l'incompréhension à la haine, mais aussi de la compassion à la plus grande tristesse. Ce personnage est éminemment complexe, faillible et humain. Les scènes qui m'ont le plus marquée sans doute sont celle, au début du roman, où il appelle Catherine sur un ton de désespoir, et celle où il raconte avoir été voir sa dépouille et demande à être enterré près d'elle. Finalement j'étais frustrée de ne pas en savoir plus sur les sentiments des personnages, mais en reconstituant le puzzle, on se rend compte que tous les détails nous ont été distillé peu à peu. Je crois que la conclusion de tout cela est que c'est un roman qu'il faut relire, pour en apprécier toutes les dimensions. Je pense que je m'y attelerai un jour et qu'alors, je n'aurais plus cet avis de mijaurée.
Hareton quant à lui est un personnage très touchant ; élevé par Nelly, il passe ensuite entre les griffes de Heathcliff, qui l'élève à la dure mais qu'il finit par aimer comme un père. Il trouve par la suite le courage de changer sa nature de brute inculte lorsqu'il rencontre Cathy Linton. Il apprend à lire et s'instruit. La relation des deux jeunes gens, vers la fin du roman, est ce qui m'a le plus émue dans ce livre. Ils sont en quelque sorte l'incarnation du couple fantasmé par Heathcliff.
Je comprends de mieux en mieux pourquoi ce roman est à la fois un chef d'oeuvre et "le plus beau roman d'amour de tous les temps", ce qui souligne Georges Bataille sur la couverture. Chef-d'oeuvre parce qu'il ne laisse pas indifférent (la preuve, j'ai eu besoin de revenir sur mon article, que j'ai d'ailleurs eu du mal à écrire, parce que les sentiments et les idées qu'il a suscité en moi sont assez mêlée et perturbantes) et roman d'amour parce que les sentiments que se vouent Catherine et Heathcliff sont au-delà de l'absolu. Ils s'aiment d'un amour inconditionnel, d'âme à âme. Heathcliff a d'ailleurs l'impression de mourir quand Catherine décède, comme si son âme n'avait plus de lieu pour exister. Je me suis sentie un peu frustrée par la narration, mais c'est qu'en réalité ce roman demande une relecture, de remettre les éléments bout à bout pour saisir un tant soit peu son génie.