vendredi 7 juillet 2017

Quand sort la recluse, le dernier Fred Vargas

Quand sort la recluse, Fred Vargas

Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de roman de cette auteur ; alors quand j’ai vu son dernier dans la bibliothèque d’une amie, fraîchement lu, je n’ai pas hésité à accepter qu’elle me le prête :p. En plus j’ai adoré la densité de l’objet, avec cette couverture plutôt douce et ces pages épaisses juste comme il faut. Bref, passons au propos.

Jean -Baptiste Adamasberg est rappelé d’urgence d’Islande, où il passait quelques jours de vacances, pour résoudre une enquête : une jeune femme renversée. Par qui ? Son mari, son amant ? Mais finalement, c’est par un écran d’ordinateur que l’énigme avec un grand E saute aux yeux d’Adamsberg : la recluse, cette araignée venimeuse, a tué plusieurs personnes. Des hommes, plutôt âgés. Du venin mutant ? Une concentration inhabituelle ? Fidèle à sa manière de penser plus qu’originale, complètement instinctive et intuitive, le commissaire pressent que quelque chose cloche. Il va donc partir sur la piste de cette fameuse Recluse.

Pendant ma lecture je suis tombée sur cette vidéo de Piko Books, qui m’a donné à réfléchir.


Grâce à sa vidéo, je me suis rendue compte que Fred Vargas n’écrivait pas des romans policiers comme Thilliez ou Chattam ; j’ai réalisé que Fred Vargas touche à la littérature avec ses « rompol » ; romans-polars. Un concept qui mêle enquête, psychologie des personnages, évolutions de ces derniers dans la saga Adamsberg, et puis jeux avec le langage. Si l’on considère, comme j’ai à le penser, que la littérature naît d’un univers et d’un style, Fred Vargas a bien les deux. En commençant le roman je m’étais bien rendue compte que son écriture n’était pas si simple ; qu’il fallait un peu de temps pour s’y adapter. Maintenant que je lis de nombreux romans jeunesse, je réalise que cette impression est la marque de quelque chose de plus ; la marque de la littérature. En littérature de jeunesse, le style est toujours le même, efficace, simple, quand il n’est pas médiocre. Mais là, j’ai senti que ça achoppait un peu ; qu’il me fallait un peu de temps pour m’habituer à sa petite musique. Bon signe finalement ! Tout cela s’est confirmé par la suite : le roman est construit sur des jeux de mots, les ambiguités de sens, comme une enquête sur le langage, ses méandres, sa polyphonie. Ainsi, comme je m’y attendais un peu, le choix du nom de l’araignée n’est pas anodin : une recluse n’est d’ailleurs pas seulement une bête à huit pattes… ! Par ailleurs j’ai aimé sentir, dans les dialogues de l’auteur, les influences du théâtre de l’absurde et du surréalisme. A cela s’ajoute de nombreuses répétitions, des sortes de gimmick qui caractérisent les personnages. C’est véritablement le genre de livre que j’affectionne, dans lesquels il y a une recherche sur la langue en plus d’une bonne histoire.

Enfin j’ai complètement adhéré au personnage d’Adamsberg : ce commissaire étonnant, qui ameute sa brigade pour nourrir un couple de merles et leurs petits, ou bien pour aller manger une garbure au restaurant. Qui s’embarque dans une enquête à cause d’un espèce de malaise que crée en lui un mot, une intuition, une bulle de pensée. Ces proto-pensées caractérisent Adamsberg et son originalité. Il marche à l’instinct, à l’intuition, porté par ses bulles dans ses limbes. Et pourtant si attentif à tout ce qui l’entoure ! Il est déroutant, étonnant, souvent difficile à suivre (pour le lecteur comme pour ses acolytes !) mais tellement attachant !
J’ai terminé ce roman il y a un peu plus de 24 heures, et j’ai du mal à lire autre chose. Je reste imprégnée de ce style, de cet univers, presque amoureuse de ce personnage. Je pense que je ne vais pas tarder à me procurer L’homme aux cercles bleus et autres qui mettent en scène Adamsberg. Pour rester un peu sous ce charme, j’écoute son interview avec François Bunel, à la Grande Librairie…
Je crois qu'on peut dire que ce fut un coup de coeur. 


Ce qu'elle dit sur son roman et sa manière d'écrire, sur la fin, est tout simplement extraordinaire !

4 commentaires:

  1. "L'homme aux cercles bleus" est un peu moyen à ce qu'il paraît, elle l'a écrit il y a longtemps.
    Tu peux aussi continuer avec "Pars vite et reviens tard" ou "Dans les bois éternels" (mon préféré), puis les suivants dans l'ordre. Elle se bonifie avec le temps je trouve. Et même si c'est un peu répétitif on ne s'en lasse pas!
    Pas encore lu le dernier, du coup j'ai très envie :)

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    1. Merci pour les conseils mon cher !! Mais pour me faire une idée, je pense quand même lire "l'homme aux cercles bleus", que j'ai payé de mes deniers :p

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  2. J'aime beaucoup ce que fait Fred Vargas et comme toi la couverture me plaît mais de par son thème je sais que je ne lirai pas ce roman (à cause de ma phobie) dommage.

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    1. Ah oui je comprends, ma collègue m'avait justement demandé si j'avais peur des araignées avant que je ne le lise :p

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