mercredi 14 juin 2017

Treize raisons, Jay Asher

Treize Raisons, Jay Asher

J'ai enfin lu le roman dont on parle tant à cause de sa sortie sur Nextflix. Et je dois dire que je suis contente de le connaître; c'est un livre qui mérite qu'on s'y intéresse. 

D'emblée j'ai été mal à l'aise; l'ambiance qu'instaure l'auteur dès le début, avec les cassettes que reçoit Clay, est terrible. Terriblement effrayante, pesante. Mais on a surtout terriblement envie d'en savoir plus. Qu'est-il arrivé à Hannah, cette jeune fille qui a laissé 7 K7 à l'intention de 13 jeunes gens qui lui ont nui dans le passé ? Pourquoi une telle mise en scène ? 

Le récit de Clay alterne avec ce qu'il entend dans les cassettes. Cette alternance des points de vue, simplement identifiable par un changement de police comme ici, est un peu dérangeante. Il faut être bien accroché pour suivre. Mais une fois cette gymnastique rodée, on découvre pourquoi Hannah a commis le pire... Chacune des faces des K7 rappelle ce qui lui est arrivé avec une personne du lycée : ceux qu'elle considérait comme des amis, son accueil en tant que nouvelle, et puis son nom sur une liste, les soirées, le rejet, et le harcèlement. 
Ce qu'a subi Hannah peut sembler anodin, si on considère les événements un par un. Mais quand on arrive au bout des écoutes, on se rend compte que c'est l'accumulation qui l'a poussée à bout... Le harcèlement est l'affaire de tout le lycée; chacun y va de sa petite touche, de sa rumeur, de son irrespect. Une fois le pied dans l'engrenages des "on dit", il est difficile de s'en dégager. C'est ce qui est arrivé à Hannah, prise pour une fille facile à cause de quelques garçons maladroits ou malintentionnés. Et puis quand les filles s'y mettent, surtout celles qu'elles croyaient ses amies, c'est vraiment triste...

J'ai beaucoup aimé ce roman, même si la lecture n'en est pas aisée, en raison du thème mais aussi de la mise en page. C'est un roman qui illustre parfaitement ce qu'est le harcèlement : une succession de faits qui minent peu à peu celui ou celle qui en est victime. 
Le roman date de 2007 pour sa version originale; les réseaux sociaux n'étaient pas tant développés qu'aujourd'hui. Je n'ose imaginer ce que peuvent subir nos jeunes dans notre société hyper connectée. 

Malgré la grande admiration que j'ai pour la justesse de ce roman, je voudrais partager deux bémols : d'une part, je rejoins Accalia dans son interrogation sur la crédibilité de la situation (je vous mets le lien vers son article ici). Est-ce que, dans la réalité, à quelques jours de se donner la mort, une jeune fille trouverait le courage d'enregistrer de tels messages, et de monter un tel stratagème ? Le ton des cassettes est vraiment dur, tranchant, parfois dérangeant. Comme si Hannah devenait elle aussi une harceleuse, en quelque sorte. Elle menace ceux qui lui ont fait du mal. Certes c'est la meilleure chose qu'elle avait à faire, mais je m'interroge sur la possibilité qu'une telle chose se soit produite en réalité. Toutefois on est dans un roman, donc la fiction a la part belle; et je pense que l'auteur a monté cette stratégie justement pour faire prendre conscience au lecteur de la violence de ce qu'a subi Hannah. Fi à la réalité; ce qui compte, c'est l'émotion qu'on ressent. Les mots d'Hannah deviennent allégoriques. 
La deuxième chose qui peut gêner est la fin : pourquoi avoir le sentiment que Clay va pouvoir se racheter ? Pourquoi ce besoin de happy end ? Je pense encore une fois que c'est une stratégie littéraire. N'oublions pas que l'auteur ne prétend nulle part faire vrai. Ce roman serait donc une belle illustration de ce qu'est la fiction : de grosses ficelles parfois, des choix étonnants, mais qui permettent justement de transmettre des idées fortes. 

Je n'ai pas vu la série télé, mais je crois que j'aimerais bien. Peut-être sortira-t-elle sur d'autres chaînes que Net Flix ? Je pense d'ailleurs que ça serait une bonne chose, pour faire comprendre le harcèlement aux élèves. 

Et vous, l'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ? 

2 commentaires:

  1. Le côté happy-end ne m'a pas gêné. Au contraire, je l'ai vu comme très important : on peut passer à côté de la dépression et du harcèlement d'une personne une fois, parce que naïf, en manque d'informations et maladroit. Mais pas deux fois. Clay a reconnu chez cette personne les même signes qu'il y avait chez Hannah et cette fois-ci, il intervient. Le message pour moi est le suivant : intervenez, faites quelques chose, même si vous risquez de vous faire envoyer promener.
    Donc c'est clair, l'auteur ne fait pas dans le subtil pour passer les messages, mais il s'agit des dernières pages. C'est là dessus que le lecteur va terminer et c'est ce qu'il va garder en tête (je l'espère en tout cas).

    RépondreSupprimer