samedi 10 juin 2017

En attendant Bojangles

En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut 

J'avais entendu parler de ce roman depuis longtemps, ou plus précisément j'avais depuis longtemps vu et revu sa couverture. Mais je ne sais pas pourquoi, ça ne m'intéressait pas. Trop de médiatisation sans doute... Et puis il est sorti il y a peu en Poche en librairie et ma libraire me l'a bien vendu. Alors je me suis lancée...

Ce roman au titre étonnant raconte l'histoire d'un jeune garçon et surtout de ses parents. Ces derniers sont tous les deux très farfelus : ils entassent le courrier dans un coin de l'entrée en un tas qui devient immense et compact au point qu'on peut y plonger; ils ont acheté un vrai château dans une région d'Espagne, pour coller avec l'expression consacrée; ils habitent avec Mademoiselle Superfétatoire, une demoiselle de Numidie, une grue exotique et incongrue (il fallait bien le faire ^^). Avec beaucoup d'amour, le narrateur nous raconte les affres de ce couple détonnant, qui adore danser et plus particulièrement sur un titre nommé Bojangles. 

Le titre n'est pas sans rappeler Becket et Godot. Et effectivement, le registre de l'absurde a sa place dans ce roman, pour notre plus grand plaisir. Mais j'y ai surtout reconnu des bizarreries à la Boris Vian. Et comme dans L'Ecume des Jours, les artefacts superfétatoires et étranges dissimulent une réalité plus délicate... La maman du narrateur n'a pas un nénuphar au poumon, mais plutôt dans la tête... [attention spoil] : au milieu du roman on comprend qu'en réalité elle a un problème psychatrique, et elle se retrouve internée. Malgré tout, le ton reste très poétique, avec des rimes toutes les lignes ou presque, et un point de vu enfantin lucide sous l'humour.  Je vous laisse en juger vous-même : 

Je n'ai jamais vraiment compris pourquoi, mais mon père n'appelait jamais ma mère deux jours de suite par le même prénom. Même si certains prénoms la laissaient plus vite que d'autres, ma mère aimait beaucoup cette habitude, et chaque matin dans la cuisine, je la voyais observer mon père, le suivre d'un regard rieur, le nez dans son bol ou le menton dans les mains, en attendant le verdict. 
- Oh non, vous ne pouvez pas faire ça ! Pas Renée, pas aujourd'hui ! Ce soir nous avons des gens à dîner ! s'esclaffait-elle, puis elle tournait la tête vers la glace et saluait la nouvelle Renée en grimaçant, la nouvelle Joséphine en prenant un air digne, la nouvelle Marylou en gonflant les joues. 

Le récit du jeune narrateur alterne avec les carnets qu'écrit son père, dans lesquels il raconte sa rencontre avec sa femme et d'autres passages de leur vie. C'est vraiment intéressant de comparer les deux points de vue, de voir comment chacun des personnages appréhende la folie qu'elle pousse dans son sillage. 

Ce roman est un véritable hymne à l'amour, à la vie, à la légèreté face aux pires difficultés. J'ai été très émue par la fin (que je ne spoilerai pas !) et je me suis dit qu'il fallait vraiment que je fasse la promotion de ce roman très étonnant, à la fois exercice de style, leçon de tolérance et démonstration d'amour. 

6 commentaires:

  1. Quand j'ai vu que tu lisais ce roman j'étais impatiente d'avoir ton avis ! Comme beaucoup j'en ai entendu parler, mais je n'ai pas sauté le pas. Ta chronique me donne à la fois envie et pas envie de le lire. D'un côté, l'hymne à l'amour et à la vie m'intéresse, mais la référence à Boris Vian m'effraie un peu car je n'ai pas du tout accroché à L'écume des jours. Et puis, même si j'ai adoré étudié l'absurde en littérature, je n'arrive pas à le lire.

    Donc à voir. Je ne l'achèterai pas, mais si je le croise en bibliothèque, pourquoi pas.

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    1. Je comprends complètement. Dans ce cas oui, passe ton chemin, sauf si tu le trouves en bibli et que tu as envie d'essayer. Tu me diras.

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  2. Mouais mouais mouais...malgré ta critique positive je ne sais pas...cela ne fait toujours pas tilt...peut-être un jour en le croisant à la bibliothèque, sinon tant pis.

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    1. C'est comme tu le sens ! Il y a tellement de livres à lire qu'il ne faut pas s'embêter avec ce qui ne nous tente pas vraiment.

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  3. J'avais beaucoup aimé aussi, malgré un gros a priori dû à tout le tapage fait autour de ce roman. Je trouve que l'auteur parvient à trouver le juste équilibre entre drôlerie et tristesse.

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    1. C'est exactement ça ! Le tapage fait que je l'ai lu tardivement mais je ne regrette pas. Je me dis même que je pourrais le faire lire à des élèves.

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