Editions Syros
Paru le 2 février 2017
Qui accepterait de laisser partir
un être cher s’il pouvait le garder à ses côtés pour toujours ?
Depuis 2022, les
Maisons de départ ressuscitent les morts grâce à des reflets qui reproduisent à
la perfection le physique, le caractère et le petit je ne sais quoi qui
appartient à chacun. Les visiteurs affluent dans les salons et le parc du
manoir Edelweiss, la plus célèbre des Maisons de départ, pour passer du temps
avec ceux qu’ils aimaient. Daniel a grandi entre ces murs, ses meilleurs amis
sont des reflets. Jusqu’à ce qu’il rencontre Violette, une fille imprévisible
et lumineuse. Et surtout, bien vivante…
J’ai beaucoup aimé le thème de cette
histoire. Le nouveau rapport à la mort qu’il propose est extrêmement intéressant,
poétique et un peu effrayant...
Chaque jour des dizaines de personnes viennent rendre visite aux reflets de
leurs défunts, qu’ils ne peuvent ni toucher ni embrasser. Mais grâce à des
lentilles 3d, ils peuvent les entendre, les voir et presque les sentir. Daniel
vit dans cet univers depuis toujours. Chaque soir le reflet de sa mère lui raconte
des histoires avant de dormir ; son grand-père lui donne encore des
conseils, alors que son reflet règne en maître sur le manoir des Edelweiss. Ses
amis sont un jeune reflet de huit ans, et deux jeunes gens de 20 ans. Sachant
qu’un reflet ne vieillit pas, certaines relations se complexifient à mesure qu’il
grandit. Pas évident d’évoluer au milieu de silhouettes quasi fantomatiques, où
seuls son père et sa gouvernante sont réels. Mais un jour, il ose sortir de
la Maison. Il se rend alors à la fête foraine et y rencontre Violette,
une jeune fille malade. Il passe une journée exceptionnelle avec elle, puis c’est
une relation épistolaire qui se met en place. Cette partie du roman m’a parue
un peu plus longue. Mais tout ce qui concernait la Maison, les reflets et le
rapport nouveau aux défunts m’a beaucoup plu. La fin est également très bien
pensée. J’ai beaucoup aimé que Daniel se rende compte des limites d’une telle chimère. C’est
une jolie quête initiatique qui nous est proposée : adolescent, Daniel
tombe amoureux en même temps que tombe le rideau de ses illusions. Il doit
également faire face à de nombreux deuils, car même les reflets peuvent
disparaître. Tout cela est extrêmement formateur pour de jeunes lecteurs. Un roman vraiment intelligent.
Merci encore une fois aux
éditions Syros pour cette jolie lecture, assez inattendue et qui donne à
réfléchir. L’écriture est également très agréable et plutôt poétique. Les
courts chapitres permettent d’avancer vite dans l’intrigue.
J’ai été surprise en découvrant que l’auteur
a presque mon âge. Elle en est déjà à son huitième roman, et c’est très
réussi. Elle questionne avec beaucoup de douceur la question du deuil, ses
rapports possibles avec la technologie, et ce qui pourrait nous attendre
dans le futur. Elle explique avoir pensé au « cimetière Facebook » ;
en effet les profils des personnes décédées sont encore disponibles et on peut
encore y poster des messages. D’après elle, l’avènement de tels reflets n’est
pas si loin de nous…
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