Bye, bye Blondie, Virginie
Despentes
Dès qu’un
roman est adapté au cinéma, forcément, il fait plus de bruit, et plus d’émules.
C’est ce qui s’est passé pour moi. Peut-être cependant que je l’aurais lu quand
même un jour, parce qu’Apocalypse Bébé m’avait vraiment plu. Mais je ne l’aurais
sans doute pas lu cette année. Enfin je n’en sais rien ; trêve de
spéculations, passons aux choses sérieuses : Bye, bye Blondie, pour ce qui ne connaîtraient pas, c’est quoi ?
C’est l’histoire
de Gloria, de son vrai nom Florence, mélange de punk junkie, envoyée très jeune
en HP comme elle dit (hôpital psy, comme on dit aussi), pour ses accès de
violence. Elle est un peu barjo Gloria, en marge, punk quoi. Et là bas elle
rencontre l’amour. On peut penser que l’histoire sera niaise mais il n’en est
rien, grâce au style coup de poing de l’auteur. Je vous explique. En refermant
le livre en cours de lecture, je me suis surprise à penser : c’est dingue
de retranscrire aussi bien les pensées et le langage d’une ado rebelle. Mais en
reprenant ma lecture, je me suis rendue compte qu’en réalité, faute d’homodiégèse
(récit à la première personne), on était dans une focalisation alternant interne
et externe. L’auteur retranscrit certaines des pensées du personnage, comme si
l’on était dans sa tête, tout en nous racontant l’histoire. Elle use de mots
très « punk » et « in », le langage est cru, les pensées et
les actes à la limite du cruel. C’est sensuel aussi, parce qu’il y a de l’amour
quand même. Bref, l’histoire prend un certain relief très punchy comme on dit,
même si parfois c’est un peu lassant de lire des mots en verlan et autres
tournures étranges un peu désuètes. En effet le roman est constitué en son
centre d’un flash back sur l’adolescence de Gloria, dans les années 80. Au
moment du récit, elle a trente cinq ans. La fleur de l’âge, et pourtant une
même folie adolescente ; une folie violente et agressive. Et c’est à cet
âge improbable, où les autres en sont au stade métro-boulot-dodo-biberon (ou
école) qu’elle retrouve Eric, son amour d’HP. Et là, tout change pour elle,
quoi que… le naturel revient souvent au galop, et ce qui est pour beaucoup une
affaire de crise d’adolescence est pour Gloria une plaie qui va lui compliquer
la vie.
Un bon roman,
bien écrit (malgré un jeu étrange avec la ponctuation et la syntaxe, un peu
inutile selon moi, les mots suffisant à retranscrire le style jeun’ss des
années 80…), dynamique et qui tient en haleine. Malgré ses failles béantes, je
me suis beaucoup attachée au personnage de Gloria, qui cherche le bonheur en
luttant comme elle peut contre ses démons. Eric est également chouette dans son
genre. Des personnages complexes, pas trop stéréotypés, dont le langage est
retranscrit dans toutes ses variations et subtilités. Une histoire d’amour
comme on en voit peu, et la variété, ça fait du bien !
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