Les heures souterraines, Delphine de Vigan
Mathilde et Thibaut, chaque jour
depuis bientôt un an, évoluent dans leur vie comme dans un souterrain. Ils se
cognent au quotidien, aux aspérités de leurs relations, aux difficultés de
trouver une issue à ce qui les détruit peu à peu. Ce sont deux destins croisés,
dont on se demande à chaque page s’ils se croiseront pour de bon.
Mathilde est mère célibataire ;
on apprend au cours du roman qu’elle est veuve. Elle élève seule ses trois
fils, des amours de fils. Thibault est médecin urgentiste. Chaque jour il
rencontre des dizaines de patients, plus ou moins souffrants, plus ou moins en
détresse. Mais ce qui préoccupe le plus nos deux personnages, ce n’est pas ce
quotidien difficile ; c’est plus et pire que cela. Mathilde souffre de son
patron, qui après avoir fait d’elle son bras droit, la mutile, la détruit un
peu plus chaque jour. Thibault, lui, va aussi se mutiler, en rompant avec sa
petite amie.
Avec le portrait de Mathilde, en
focalisation interne (comme celui de Thibault d’ailleurs), on voit se dessiner
un portrait peu glorieux de l’entreprise, de ses souffrances, de ses coups bas.
C’est finalement une lutte de tous les instants entre les forts et les faibles,
les soumis et les dominants. Mais le plus dur, c’est que les rôles changent,
caractères et caprices de chacun ayant une influence sur ce microcosme
chaotique. Mathilde souffre chaque jour, et peut-être plus particulièrement en
ce 20 mai, jour qui nous est conté, puisqu’elle sent que quelque chose va
changer dans sa vie, mais que tout tarde à venir. Les espoirs se crèvent un à
un comme des bulles de savon.
Pour tout vous dire, tout au long
du roman, j’ai espéré que Mathilde rencontre Thibault. J’ai espéré, espéré, à
chaque page je me disais « c’est pour bientôt », ils ont tout pour
être ensemble, leur douleur et leur impuissance face au monde donne envie d’une
rencontre, une rencontre qu’on pense salvatrice pour tous deux. J’ai tourné les
pages, et oui ils se rencontrent… mais dans quelles circonstances, je ne le
dirai pas. J’en ai déjà trop dévoilé.
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