mercredi 4 avril 2018

Le nouveau roman de Camille Brissot est en librairie !

Ceux des Limbes, Camille Brissot
Editions Syros jeunesse
400 pages
17,95 euros
Parution le 5 avril 2018

Oto et Naha sont nés derrière les fortifications du Mont-Survie, une montagne devenue refuge depuis l'apparition d'une terrible épidémie. Autour, il ne reste rien d'autre qu'une forêt infinie, semée de ruines... et des hordes de limbes, ces humains infectés par un champignon, piégés entre la vie et la mort, qui détruisent tout sur leur passage. Naha quitte rarement les hauteurs du Mont-Survie, là où vivent les personnes les plus importantes de la communauté. Oto, lui, est un orphelin issu des cercles inférieurs. Pourtant, leur histoire d'amour est une évidence. Mais, l'année de ses 15 ans, Naha doit passer l'épreuve de la Sortie, un périple de dix jours dans la forêt, dont l'objectif est simple : survivre. Oto brave alors toutes les règles de la montagne pour la suivre à l'extérieur et la protéger, à son insu.


Ce dernier roman de Camille Brissot, le plus épais depuis ses débuts d'ailleurs, est une belle réussite. Ce qui peut apparaître comme une énième histoire de zombie et de survie en milieu hostile s'avère finalement mener à une réflexion bien plus profonde. Les Limbes, ces êtres contaminés et morts-vivants, peuvent être vus comme une métaphore de la différence et de la peur qu'elle engendre. Les Limbes ont en effet pour unique instinct celui de contaminer les vivants, et leurs cris provoquent chez ces derniers des vagues de désespoir et de découragement. Malgré cela, j'ai ressenti de la peine pour ces être dépossédés de toute humanité. C'est cette ambivalence qui fait la richesse de cette espèce de zombies. Par ailleurs j'ai beaucoup apprécié les descriptions du Mont-Survie, qui m'ont fait penser à certaines montagnes dans le Seigneur des Anneaux. La hiérarchie qui régit la vie à l'intérieur de cette arche protectrice est elle aussi intéressante : même face à l'adversité, tous ne sont pas égaux, et les prérogatives font des jaloux. 
Concernant la Sortie des adolescents, ce rite initiatique, il ne prend finalement pas toute la place dans le roman. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, cela ne représente que le tiers environ. Et tant mieux. Camille Brissot a dépassé les clichés habituels type Hunger Games. Les ados ne sont pas là pour s'éliminer entre eux, mais pour comprendre des choses, apprivoiser cette nature qui les entoure, pas si hostile si on la connaît. Leur ennemi majeur est sans doute leur propre peur de l'autre, qu'il soit Limbe ou humain... De même, l'histoire d'amour entre Oto et Naha est présente en léger filigrane, et encore une fois c'est tant mieux. L'autrice dépasse les passages obligés et livre une réflexion sur la Nature, ses dangers, sa dégénérescence possible - une épidémie pourrait effectivement ravager la planète !- et ses attraits. 

Je viens de terminer la lecture de Dans la Forêt de Jean Hegland, qui m'a beaucoup marquée. On retrouve un peu, dans ce roman de Camille Brissot, cet idéal de retour à la Nature, effrayant au début, et pourtant prometteur d'une vie peut-être plus simple et essentielle. 

Ce roman n'est pas facile à analyser; je redoutais un peu d'en faire la chronique. Clairement, je n'ai sans doute pas tout saisi. Et c'est rare en littérature de jeunesse : de la subtilité, de la matière à réflexion. Bravo Camille ! 

Et merci aux Editions Syros pour leur confiance renouvelée.
Notez également la magnificience de cette couverture !!!

2 commentaires:

  1. La couverture me plaît déjà beaucoup ! C'est vrai que le pitch de base ne paraît pas spécialement des plus originaux, mais ce que tu en dis attise ma curiosité.

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    1. Je pense que tu y trouverais un intérêt, même si effectivement ça n'est pas révolutionnaire. Et la couverture est TROP belle !

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