Yaël Hassan
Editions Syros
256 pages
A paraître le 7 septembre 2017
Pour réussir un roman d'aventures, il faut : des personnages attachants, une quête palpitante, de l'action, de la peur, de l'amitié, de l'amour, des méchants, de quoi faire rêver les jeunes, des dauphins. Voilà la liste rassurante des ingrédients du roman d'aventures trouvées sur Internet par notre auteur, qui s'attelle courageusement à son objectif. Son point de départ : une bande d'ados se retrouve sans parents le jour de Noël. Mais il va bientôt se rendre compte (entre autres) qu'il va devoir inventer une bonne raison à cette disparition, qu'il est nul pour les descriptions et qu'il ne sait pas écrire une scène d'action. Et c'est alors que sa vie (sa vraie vie) se met à ressembler à un roman...
En quelques mots :
- Une histoire à mourir de rire, où Yaël Hassan s'autorise toutes les audaces formelles, où le personnage de l'apprenti écrivain ne cesse d'interrompre son récit pour nous livrer ses doutes et ses états d'âme.
- Un livre que nous fait toucher du doigts les ficelles du processus créatif : notre auteur saura se sortir des situations romanesques les plus inextricables ! Un vrai cours d'écriture autour du genre du roman d'aventures.
- Deux romans en un, aussi palpitants l'un que l'autre : l'histoire que l'écrivain va inventer sous nos yeux (l'aventure palpitante de la bande d'ados) et celle, totalement inattendue, qu'il va vivre sans sa vie (sa maison de campagne cambriolée, etc...). Un jeu irrésistible sur le vrai et le faux.
J'ai adoré cette lecture. J'ai trouvé cette idée de mise en abîme de l'écriture très intéressante et très bien réalisée. Le narrateur - un ancien journaliste qui se lance dans l'écriture de son premier roman- , tout en nous racontant l'histoire plutôt passionnante de ces personnages dont les parents ont disparu suite à une tempête, nous explique les diverses démarches de l'écriture. Ses joies, ses difficultés, ses moments d'abattement, ses épiphanies et j'en passe. Les nombreuses digressions qui jalonnent son récit sont véritablement pertinentes. D'une part elles sont très pédagogiques et font réfléchir le jeune lecteur au parcours complexe et semé d'embûches qu'est l'écriture d'un roman, surtout d'un roman d'aventures. D'autres part elles sont très attrayantes quand on s'intéresse tout simplement au travail de l'écrivain quand on n'en est pas un soi-même. Or la vie des écrivains est quelque chose qui me fascine; avec ce roman, j'ai donc été servie, même si le ton est toujours celui de l'humour et reste positif (nous n'entrons pas dans des atermoiements à la Delphine de Vigan, heureusement pour les jeunes lecteurs !).
Ces digressions peuvent être tout simplement lexicales (la professeur en moi jubile !), techniques (combien de chapitres, une description ici ? un dialogue ?) ou bien concerner les thèmes de l'histoires, les interrogations sur ce qui intéresse le public etc. C'est extrêmement bien fait, la trame des histoires en est enrichie au lieu d'être parasitée et c'est très instructif. Par ailleurs le fils du narrateur-écrivain est son premier lecteur, et ses impressions en tant que jeune sont très profitables. On sent que Yaël Hassan avait envie, comme elle le dit dans une interview, de "tenter l'aventure" en se lançant dans un genre (le roman d'aventures) qu'elle n'avait jamais essayé et que ses lecteurs lui réclamaient souvent. Et très vite lui est venue l'envie "de faire de sa démarche, de ses tentatives, de cette expérience, un livre en soi".
L'histoire racontée par note écrivain en herbes est quant à elle palpitante pour un jeune lecteur, qui peut s'identifier très facilement à ces nombreux ados d'âges divers et aux personnalités marquées. Les parents sont absents en plus, ce qui donne une touche aventureuse si j'ose dire, à l'ensemble. Yaël Hassan ne manque pas d'ailleurs de faire des références plus ou moins dissimulée à divers dystopies de la collection Syros, ce que j'ai trouvé amusant.
J'ai donc adoré ce roman pour son originalité, et surtout pour la mise en relief de l'activité de l'écrivain. En tant qu'enseignante, je ne peux qu'en recommander chaudement la lecture en collège : le style et les termes utilisés sont peut-être un peu complexes en 6ème (là où Momo Petit Prince des Bleuets, du même auteur, est génial) mais pour de bons lecteurs c'est abordable. Sinon il est possible d'en étudier des extraits pour travailler sur la fabrique du livre. En 5ème il serait tout à fait adapté.
Bref, bravo à Yaël Hassan pour ce roman passionnant dans toutes ses dimensions, et merci aux Editions Syros pour cette découverte :).
J'aime beaucoup les romans de Yaël Hassan. J'ai adoré le personnage de Momo !
RépondreSupprimerJe ne connais pas celui-ci puisqu'il vient de sortir. Je le lirai sans doute un jour. Il a l'air jubilatoire!
C'est complètement ça !
SupprimerEt moi aussi j'ai un petit faible pour Momo :)