mardi 23 juin 2015

Les Royaumes du Nord, Philip Pullman

Voilà enfin la chronique de la fameuse lecture commune avec Amélie de Blogatou !!!
Ce fut ma première lecture commune, et j'ai apprécié. C'est agréable de pouvoir échanger sur notre lecture au fur et à mesure. Surtout pour un roman qui s'est avérée être assez ardu; ça m'a donné du courage pour poursuivre...

Les Royaumes du Nord font partie de ces quelques livres qui m'ont laissé un souvenir lumineux et impérissable. Les deux tomes suivants encore davantage.
Quand j'y repense, j'ai toujours ces images qui me reviennent : les daemons, le pont entre les mondes, le couteau, le voyage aux enfers, Will,...
Or du tome 1, peu de souvenirs m'étaient restés. J'étais déçue, passé le chapitre 1 (qui lui est palpitant) de me rendre compte que je ne me remémorais pas grand chose... ou bien peut-être surtout qu'il ne s'y passe pas moult...Dans de nombreuses critiques que j'ai lues pour me rassurer sur la question (parce que tout de même, ce livre, c'est un chef-d'oeuvre, et il me tardait tant de le relire !), la critique est souvent émise concernant le manque d'action dans la première moitié du tome 1. C'est effectivement ce que j'ai pu constater. 
La première partie du roman, qui se passe à Oxford, plante le décor et l'intrigue, avec Lyra, les disparitions d'enfants et la fameuse Poussière. Il y a beaucoup de descriptions, de dialogues, de réflexions... et en VO, ce fut encore plus laborieux ! J'en suis presque venue à regrette ce choix, parce que j'avais l'impression de passer à côté de plein de détails importants. Mais dès lors que l'action a commencé à poindre, je n'ai plus rien regretté. J'ai vraiment pu apprécier le style de Philip Pullman et comprendre pourquoi il connait un tel succès. J'ai aussi surtout compris ce qu'il manque à Harry Potter pour être une vraie oeuvre littéraire. JK Rowling n'a effectivement pas la plume ni le style de cet auteur qui, malgré quelques descriptions bien longues, utilise des termes très justes et très variés pour évoquer une bataille, un lieu ou des sentiments. Là où dans HP tout est un peu semblable (même verbes de parole, mêmes termes pour les émotions, etc, ce qui entre nous facilite la lecture VO!) ici, à chaque fois, les mots sont recherchés et pesés. Là réside le style. 

Revenons à l'action. Trop peu présente en début de roman, on commence à l'apprécier quand Lyra quitte Oxford...pour retomber ensuite sur une cinquantaine de pages un peu longues, lorsqu'elle rencontre les Gitans. Mais c'est une fois qu'elle arrive dans le Nord que le roman est devenu palpitant, et que ma lecture a avancé très vite. Avant d'en arriver là, je l'avais même abandonné deux jours pour lire Mourlevat, c'est vous dire ! 
Une fois qu'elle est dans le Nord, l'aventure de Lyra ressemble aux aventures des autres héros adolescents, et ça fait du bien. Les discussions et les problèmes qu'elle avait avant n'étaient vraiment pas de son âge... Il est vrai qu'on est dans un roman de genre Fantaisie, mais il ne me semble pas indispensable de faire évoluer une héroïne totalement surdouée et supérieurement intelligente... et très énervante parfois. Les seuls moments de faiblesse qu'elle a pu avoir concernaient ses relations avec son daemon, et je vais m'attarder un peu là-dessus.

Un des éléments qui m'avait énormément touchée à la lecture de ces livres lorsque j'étais jeune était l'existence des deamons. Ce sont des petits animaux, capables de changer de forme avant l'adolescence, qui accompagnent tous les êtres humains. Ils sont reliés à eux par un fil invisible, et sont comme leur âme. Ils en sont en tout cas la matérialisation. Je trouve que Philip Pullman a inventé une jolie métaphore pour nous illustrer la dualité de l'être humain (sûrement inspirée d'une croyance ancestrale venue d'ailleurs). D'ailleurs on peut y voir une réflexion philosophique, surtout quand les Enfourneurs (les grands méchants de ce tome) séparent des enfants de leurs daemons, afin de "réparer" une faute originelle. Il est donc aussi quelque peu question de religion dans ce livre, ce qui ne plait pas à tout le monde ! 
Pour ma part, celui qui me plait le plus dans ce tome, c'est Pantalaimon, le daemon de Lyra (dont le nom d'ailleurs signifie la transformation en tout ce qu'il veut, "Pan" = "tout" en grec. Pour le reste de son nom, je ne saurais vous dire...).. Sa relation avec elle est très émouvante et bien racontée. Ils sont inéluctablement liés, impossibles à dissocier, et la souffrance qui émane du récit de leur séparation pour les travaux de Madame Coulter est déchirante. La manière dont il se blottit contre elle, comment ils se rassurent, se réchauffent ou même se disputent a quelque chose de la relation amoureuse. Je trouve finalement que ce qui unit Lyra à son daemon est ambigü, proche de l'amour, mais dans le don total. C'est comme les deux âmes séparés qui se retrouvent, selon Platon, ou me mythe de l'amour inconditionnel. En tout cas, je me rends compte que j'avais toujours gardé ça dans un coin de ma tête, et que ce genre d'amour me touche au plus haut point. 
J'ai aussi adoré retrouver l'Aléthiomètre. Cet instrument qui mélange compas, boussole et boule de cristal et que Lyra maîtrise à la perfection, m'avait également laissé de bons souvenirs. En revanche, là aussi, la lecture VO est un obstacle, puisque je ne comprenais pas toujours bien ce à quoi faisaient référence les symboles... 

Revenons-en à l'action. Le roman prend une tonalité épique palpitante et agréable dès lors que Lyra arrive dans le Nord. On a vraiment envie de savoir ce qu'il va advenir d'elle et des autres enfants. Le combat des ours est également très impressionnant, tant par rapport à ce qu'il se passe que par la description qu'en fait l'auteur. 
Enfin le final est presque une vraie fin, avec une énorme bataille comme on les aime (mais en VO, c'est vraiment le bazar!) mais le souhait de Lyra, qui est de découvrir ce qu'est la Poussière, laisse présager une suite. Ce qu'il se passe avec Roger est très brutal, trop même, ce qui peut aussi mettre la puce à l'oreille. 

En résumé, je suis un peu mitigée quant à cette lecture. D'un côté j'ai adoré retrouver les personnages, leurs aventures, mais j'ai été déçue qu'il y ait autant de descriptions et de blabla. Je comprends pourquoi ce premier tome ne m'a pas laissé le même souvenir que les deux autres. D'un autre côté la lecture VO m'a permis d'apprécier au plus près l'écriture de Pullman, mais elle a aussi été handicapante. Ce n'est pas aussi simple et fluide que de lire Harry Potter. Toutefois c'est surtout en ce qui concerne le blabla et les descriptions, or j'espère qu'ils seront moins présents dans les deux tomes suivants (je viens de recevoir le tome 2, et la couverture est encore plus belle !). J'ai hâte de retrouver Will et notre monde dans ce second roman. Ceci étant, je fais une petite pause de lecture, et m’attellerai à autre chose avant de reprendre cette saga. 

4 commentaires:

  1. Cette série est vraiment une superbe aventure dans un univers fabuleux, je regrette qu'elle n'ait pas eu un plus grand succès au cinéma... C'est vache d'adapter un tome et de lâcher la suite (un peu comme pour Eragon, sauf que pour le coup l'adaptation était vraiment très très naze). Le manque d'action ne m'avait pas dérangée pendant ma lecture, comme l'auteur met en place son décor, ça m'avait fascinée et ça m'avait fait découvrir le steampunk, rien que pour ça je dis merci à Philip quoi :). Les daemons m'ont aussi beaucoup marquée, je trouve cette idée absolument géniale.

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    1. Oui tu as raison, je n'avais pas pensé au Steampunk !!
      Et comme toi, je trouve ça vache pour les deux autres tomes de ne pas les avoir adaptés... Alors qu'ils sont géniaux !! Il y a des trouvailles, par exemple le passage aux enfers dans le 3, ou les olifants. J'ai hâte de les relire, et en même temps peur d'être déçue... Je verrai bien !

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  2. Bon, je rattrape mon retard (entre deux copies de bac ^^) et enfin je lis ta chronique ^^ moi aussi j'aime beaucoup les daemons et effectivement on pourrait rapprocher ça du mythe de l'androgyne...et avec encore plus de recul, je me rends compte que le style de Pullman est vraiment époustouflant...par contre, le seul bémol de la version française est la couverture du livre: la version anglaise est vraiment plus belle!!

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    1. Et encore, cette couverture est assez récente, je ne sais pas comment était la première mouture.
      La version française est très enfantine, mais c'est la collection jeunesse en même temps. Je crois qu'ils existent aussi en version adulte en français, mais ça fait très Science-Fiction... Définitivement, les anglais ont le monopole des belles couvertures :)

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