mercredi 14 mai 2014

Jane Eyre

       
« Le livre qui vous a sauvé la vie ». C’est une expression que j’ai entendue il y a longtemps, dans la bouche d’une prof de Fac. Elle disait qu’elle en avait rencontré, elle, des livres qui lui avaient sauvé la vie. Je ne me souviens pas si elle avait cité un titre… mais je me souviens que je m’étais dit : « et moi, est-ce qu’un livre m’a déjà sauvé la vie ? ». Sur le coup je n’avais pas trouvé de réponse. Mais je suis en mesure de dire aujourd’hui, plusieurs années plus tard, qu’il y en a eu, et même plus que ce que je crois. Celui dont je vais vous parler en fait partie. Je ne dirais pas en fait qu’il m’a sauvé la vie, je n’étais pas non plus au bord du gouffre, au point de me retenir aux derniers lambeaux de sa couverture. Mais il a redonné un goût perdu à ma vie de lectrice. Dans ce cas oui, finalement, il m’a en quelque sorte sauvé la vie, ou plutôt ramené à la vie.
      Ce livre c’est Jane Eyre, de Charlotte Brönte. Déjà, le livre en lui-même est assez exceptionnel : c’est une édition de 1946, couverture en carton kraft, pages coupées, lambeaux qui s’effilochent dans le lit quand on le dévore (c’est le cas de le dire) tard le soir. Comme les miettes d’un sandwich ; un truc bien revigorant. Mais un sandwich au roosbeef, une belle viande anglaise. Avec une fine moutarde et quelques délicates feuilles de salade. Moui, la comparaison de Jane Eyre avec un sandwich est pas mal finalement : la rudesse des caractères avec le rosbeef, le piquant du personnage qui ne se laisse pas faire (moutarde qui relève le tout) et la fine laitue, pour le style. Un style victorien sans fioritures et pourtant si désuet ! Ce livre, ce style, à part des miettes de pages, je n’en ai rien laissé. Parfois je me disais : j’ai quand même hâte de voir quand est-ce qu’elle va lui avouer que … (je ne dévoilerai pas grand-chose, pour ceux qui n’auraient pas encore eu le bonheur de lire ce livre magnifique !) (je savais ce que j’allais découvrir, dans l’ensemble, puisque j’avais déjà lu ce roman il y a quelques années de cela), bref, j’avais envie de passer des phrases, voire des pages, mais impossible de lâcher un mot !! Malgré le style désuet, un rien ampoulé, l’équilibre est tellement parfait qu’on ne laisse rien. Et ce roman, c’est exactement ça : un équilibre parfait : dans la construction, dans l’intrigue, dans son style et dans ses personnages. Même, dans mon cas, dans l’objet même. Un chef d’œuvre donc.
          Jane Eyre est magnifique : une maîtresse femme malgré sa rude enfance et son apparence fluette. Elle a peur des fantômes mais c’est pour mieux s’en sortir après, face aux terreurs que va lui infliger, malgré lui, ce cher Rochester dans son château de Thornfield (champ d’épines, rien que ça !). Des épines il y en a, beaucoup même, mais il y a surtout la rose ! Rien à voir avec les émissions quasi pornographiques d’aujourd’hui, même si le symbole de la rose reste un peu le même : l’amourrr, toujours l’amour ! Mais on aime ça, et ce roman est un des plus beaux romans d’amour que j’ai eu à lire.
       Seul bémol dans cette histoire (car tout chef d’œuvre a son imperfection, sinon je ne pense pas que ce soit un chef d’eouvre digne de ce nom) : la dernière partie, et surtout les échanges avec John le pasteur. Mais bon, Charlotte Brönte étant fille de pasteur, on peut comprendre.
        Voilà, j’arrive au bout de ce que je voulais partager concernant Jane Eyre. Je ne répéterai pas que c’est un chef d’œuvre (sic…) mais en tout cas, je vous invite vraiment à le lire, et même le relire. Son action bénéfique est toujours la même.

        Ah oui, pourquoi est-ce qu’il m’a ramenée à la vie, « lecturellement » parlant ? Et bien parce qu’avec lui j’ai tout oublié, et que je l’ai lu en quelques traites seulement. Un vrai miracle, qui m’a relancée sur la route, à une bonne vitesse de croisière. 

1 commentaire:

  1. C'est un roman que j'ai beaucoup apprécié, comme j'aime beaucoup ce genre là. Il y a vraiment beaucoup de personnes pour qui ça a été un coup de coeur. Mais je ne sais pas, peut-être qu'il faudrait que je le relise, car je n'ai pas eu le coup de foudre attendu. Je me souviens avoir trouvé le temps long au centre du roman, et j'avais du mal à m'attacher à Jane Eyre ou à Mr Rochester... Donc oui, il faudrait que je le relise je pense !

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