En
plus d’être attirée par le fait qu’il ait été sélectionné par les lecteurs de
la collection Points, le sujet de ce roman m’a également interpellée : l’amour
et le mariage. En outre Jeffrey Eugénides, comme je l’ai appris plus tard, est
l’auteur de Virgin Suicide, qui était
un roman avant de devenir le film que l’on connaît. Le roman du mariage me semblait vraiment valoir le coup.
Je
l’ai donc ouvert avec un certain empressement, mais les premières pages m’ont
déçue. Le style est anarchique, on passe d’un sujet à l’autre sans aucune
harmonie (j’ai été jusqu’à me dire que c’était fait exprès… mais je n’en suis
pas certaine, même à l’issue de ma lecture). Le premier paragraphe était
extrêmement prometteur, avec des allusions littéraires à foison. Mais après… ça
se gâte. On est immergé dans la vie de Madeleine, étudiante en littérature
anglaise et américaine, qui s’apprête à recevoir son diplôme. Ses parents
arrivent un lendemain de cuite, elle est sale, vaseuse et ne se souvient plus
avec qui elle a passé la nuit. L’auteur s’appesantit sur le lavage des dents,
le menu du petit-déjeuner et les réflexions étranges du père. Mais au bout d’une
cinquantaine de pages, ça y est, c’est bon, l’histoire et les personnages sont
bien installés. On suit alors les aventures amoureuses de Madeleine, étudiante
un peu niaise et personnage un peu creux certes, mais qui a le don d’attirer l’attention
des garçons les plus tordus du campus.
Tout
d’abord il y a Léonard, un brillant étudiant que Madeleine rencontre à un
cours de sémiologie. Il suit ce cours en option, puisqu’il est avant tout
étudiant en biologie. Madeleine tombe amoureuse de lui presque au premier
regard, mais ils mettent du temps à sortir ensemble. Ou plutôt, devrais-je
dire, Madeleine met du temps avant de s’engager dans ce qui sera la plus grosse
erreur de sa vie. Léonard est maniaco-dépressif, bipolaire comme on dit aujourd’hui.
Et cette tendance ne fera que s’accentuer lorsque ces deux-là vont rompre une
première fois. Suite à cette épreuve, Madeleine va devenir, en quelque sorte, l’infirmière
de Léonard.
Ensuite
il y a Michel. Comme l’ange, il est un peu illuminé et c’est dans le cœur de
Madeleine qu’il aimerait faire une marque. Contrairement à Léonard, il n’est
pas séduisant, il n’est pas extrêmement brillant et surtout, il n’est pas imbu
de lui-même. Le seul point qu'ils ont en commun est de tomber amoureux de
Madeleine. Après avoir été éconduit par elle alors qu’il était persuadé qu’il l’épouserait
un jour, il entame un périple en Inde, d’où il reviendra transformé.
Pendant
ce temps, Madeleine vit un cauchemar avec son Léonard, mais ne s’en rend pas
vraiment compte : l’amour et l’impression de se rendre utile lui font
omettre le caractère mortifère de la situation.
Je
n’irai pas plus loin, sinon je vais spoiler. Toutefois je peux dire que je ne
me suis pas ennuyée avec ce roman, dont j’étais pressée de connaître la suite.
Par ailleurs, les allusions littéraires nombreuses lui confèrent une dimension
supplémentaire (le titre du roman est d’ailleurs dû à l’intitulé du cours et du
mémoire réalisé par Madeleine, et dans lequel elle évoque Jane Austen et d’autres
« romanciers du mariage). Un bon roman, mis à part les premières pages et
le personnage de Madeleine, qui manque de profondeur et sans doute d’un brin de
folie (ou de mysticisme).