Trilogie New-Yorkaise, Paul Auster
Voilà un roman que j’ai dévoré.
En trois histoires plus ou moins longues, l’auteur soulève les questions de l’identité,
de l’écriture, de la vérité de la fiction et de la vie. Toujours les
personnages sont en quêtes, observent, attendent. Quelle est la part de vérité
et de mensonge dans ce que nous voyons du monde ? Cité de Verre ou Chambre
dérobée ? Disparus ou non ? Les revenants sont partout, que ce soient
les personnages ou les souvenirs.
Je n’en dirai guère plus, car je
me souviens surtout des impressions que m’a donnée cette lecture : l’impression
de toucher à nouveau à de la grande littérature, à celle qui pose les grandes
questions sur le monde et sur elle-même, ainsi qu’à un grand style.
Je délaisse souvent mon blog
cette année ; mais je n’oublie pas le plaisir qu’il y a à seulement
coucher sur le papier (virtuel certes, mais page blanche tout de même) ,
les titres des livres que j’ai lus et qui ont jalonnés mon quotidien. Je me
souviens de là où j’étais quand je l’ai lu, de ce que je me disais que j’aurais
dû faire plutôt que d’avaler les pages (parce qu’avec ce roman je me suis
surprise à avaler, alors que jusqu’alors j’apprenais juste à mâcher, déglutir,
digérer des livres simples, qui font du bien). Je me suis attelée à la
complexité avec Auster, sans le savoir, et renouer avec la littérature m’a
donné le coup de fouet qu’il me fallait.
Depuis je lis beaucoup plus,
beaucoup mieux. On ne peut mieux illustrer cette histoire de boulimie et de
siestes digestives, que je tiens de Sartre je crois. Sauf que là ce fut pire qu’une
sieste ; ce fut une disette, une période troublée, où l’intérieur ne
trouvait pas de nourriture qui rassasiât. La vie avait pris le pas sur la
fiction, dans ce qu’elle a de difficile, de troublant, de bouleversant aussi,
de beau et de vivant.
La mort du Roi Tsongor, Laurent Gaudé
Dans une volonté de lire un roman
qui n’évoque pas les sentiments, je me suis plongée, me surprenant moi-même,
dans un ouvrage aux allures de conte oriental. Et ce fut chouette. En fait Laurent
Gaudé raconte la guerre de Troie, à sa manière. J’ai aussi revue des images du
Seigneur des Anneaux en lisant, et ça m’a plu. Je ne sais trop que dire de
plus, à part que ça a été une bonne surprise !
Ah si quand même, concernant le
rapport entre le titre et l’œuvre : contrairement à ce qu’on pourrait
penser, il ne s’agit pas de raconter les évènements qui précéderaient la mort
de ce personnage. Gaudé raconte en réalité ce que provoque sa mort : un
tas de bouleversements dont de nombreux hommes et femmes, princes, guerriers et
héritières, seront les victimes. Une tragédie à rebours.
Sobibor, Jean Molla
Lier l’anorexie à la question des
camp, il fallait le faire. Et bien là c’est fait, et pas mal réalisé. A travers
son problème dont la jeune fille cherche l’origine, se délie l’histoire d’un
collaborateur maître des camps de la mort. Sobibor est d’ailleurs le nom du
camp en question. J’avais déjà entendu évoquer ce titre, et je cherchais à
savoir ce qu’il recouvrait : pour le coup, je n’ai pas été déçue, et l’ai
lu très vite. Toutefois le thème reste dur ; il n’est jamais facile de se
retrouver confronté à la question des camps, quelle que soit le traitement qui
en est fait.
Apocalypse Bébé, Virginie
Despentes
Le prix Renaudault qui sort en
poche, je me suis dit qu’il était temps de le lire cet ouvrage dont on avait
beaucoup parlé lors de la rentrée littéraire 2010. C’est donc chose faite, et
avec un sentiment de rassasiement. Je n’ai pas été du tout déçue par ce roman,
road trip qui mêle personnages et points de vue, détectives lesbiennes, femme à
la Gabriel Sollis, jeune fille en déroute, bonne sœur et attentat. Tous les
destins se croisent, évoluent, du sombre au brillant, du changement pour
certains à la mort pour les autres. Un roman complet, qui comble par la variété
des thèmes et des styles, puisqu’à chaque personnage son atmosphère et son
parler. Un roman qui ne laisse pas indifférent, que j’ai eu aussi du mal à
lâcher ; si j’osais, je dirais que j’aurais aussi voté pour lui en 2010 :).
Jours sans faim, Delphine
de Vigan
Laure est anorexique, elle se
soigne, elle reprend du poids, de la force, redevient elle-même. Elle tente de
comprendre pourquoi elle en est arrivée là, pourquoi elle a infligé ça à son
corps et à son esprit. Une centaine de pages pour raconter trois mois d’hôpital
qui sont parfois difficiles, parfois joyeux, parfois heureux et même un peu
amoureux. Un court roman touchant.
Cheyenne, Didier Van
Cauwelaert
Il est tout jeune, elle est hôtesse l’air ; ils vont
tomber amoureux, surtout lui. Ils vont se perdre de vue, la vie, normal ;
et puis il va la retrouver. Enfin, c’est ce qu’il croit…
Un roman de jeunesse qui se lit très vite, qui émeut, qui
surprend. Je ne dévoilerai en tout cas rien de la fin… !
Sous les vents de Neptune,
Fred Vargas
Ma première rencontre avec
Adamsberg, le fameux commissaire fétiche des romans de la célèbre Fred Vargas. Une
rencontre riche en rebondissements, riche en psychologie aussi, une intrigue
dont on devine rapidement les rouages à condition de faire confiance au
personnage d’Adamsberg, complexe, guidé par ses instincts et son grand
intellect. Je ne dirai rien donc de l’intrigue. Tout ce que je puis dire, c’est
que ce fut un bon moment de lecture. Sinon j’ai commencé récemment Dans les bois éternels du même auteur,
avec le même personnage principal, et ai été un peu déçue… Adamsberg devient
peu à peu un type, ses traits deviennent grossiers, et rend l’ensemble un peu
décevant. Mais je compte tout de même reprendre bientôt ma lecture car l’histoire
de revenants, qui donne il est vrai quelques frissons dans le dos, m’a mise en
haleine.
Le magasin des suicides,
Jean Teulé
On a bien rit avec ce roman. Je
dis on parce que je l’ai lu à haute voix avec mon piti chat, et on a bien ri.
C’est comme du théâtre, comme une comédie. Les gens viennent au magasin des
suicides comme à la pharmacie, chercher le meilleur remède pour mettre fin à
leurs jours. C’est drôle, un peu noir parfois, tragique à la fin, mais surtout
amusant. Il va bientôt sortir en film d’ailleurs !
Un Pedigree, Patrick
Modiano
C’est l’autobiographie de Modiano
dont on parle beaucoup et que je n’avais toujours pas lue. Comme pour tous ces
livres que je n’ai toujours pas lus et que je voudrais lire, vient un jour où
je peux dire que c’est chose faite. Ce jour est arrivé en avril 2012 : j’ai
lu l’autobiographie de Modiano. Et bien c’était bien du Modiano : rapide,
sans fioritures, avec parfois des indéterminations et des à peu près. Un peu
obligé quand on écrit à partir de bribes de souvenirs attachés à des tickets de
métro, à des lieux incertains, des noms vagues, des adresses froissées… Une
reconstitution, une quête d’identité. Modiano dans toute sa splendeur et sa
dimension intime.
Les Lépreuses, Henri de
Montherlant
Une bonne surprise ! Je
pensais que ce serait un roman un peu désuet du début des années 1900, mais
rien à voir. Quatrième tome de la série des « Jeunes Filles », ce
roman raconte l’histoire d’un auteur, Pierre Costals, libertin avéré et macho
sans nom. Via des lettres et des passages de récit, on découvre (ou plutôt j’ai
découvert, parce que normalement il s’agit de commencer par le premier tome, et
non par le dernier…) à quel point il joue avec les sentiments de toutes ces
jeunes filles qui tombent amoureuses de lui les unes après les autres,
prétendant pour qui la passion littéraire, pour l’autre la dévotion christique,
pour la dernière la nécessité d’accomplissement intime et sexuel. Bref tout un
bouquet de jeunes filles en fleurs, mais que Costals n’arrose pas ou peu. Presque
jamais il ne répond à leurs lettres, les laissant dans une attende qui les
broie les unes après les autres.
J’ai lu ensuite Les Jeunes
Filles, dans lequel le cynisme et l’ignominie de Costals sont encore
plus jouissifs. On croirait un Valmont, mais un Valmont terrible. C’est
horrible de dire ça en tant que jeune fille également, mais franchement, lisez
et vous verrez à quel point elles sont ridicules également. Bref, peu de
personnages remarquables dans ces romans, mais une histoire qui, malgré sa vanité, me plaît. Il y a d’ailleurs encore
deux tomes à découvrir !
Mr Vertigo, Paul Auster
Etonnant que Paul Auster raconte
une histoire pareille. Au regard du premier article de cette page, on ne s’y
attend pas. L’histoire c’est celle d’un jeune garçon qui a un don, qui le
découvre peu à peu grâce à un initiateur et qui va apprendre à le maîtriser. Ce
don, c’est celui de voler. Finalement il s’avère que ce n’est pas un conte,
mais un roman d’apprentissage, apprentissage qui révèle les difficultés de la
vie, surtout à la fin. Un très beau roman.
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