lundi 19 décembre 2016

Un peu de philosophie...

7 façons d’être heureux, Luc Ferry

Il y a un peu plus de 10 ans, j’avais adoré lire l’ouvrages de Luc Ferry sur la philo à destination des jeunes : Apprendre à Vivre. Je prenais des notes, je l’ai lu au moins deux fois, j’étais une fan absolue. Je découvrais grâce à lui la Philo pour la première fois, et pour mon plus grand plaisir. Depuis la fin de mes années de classes prépa, j’avoue ne plus m’être penchée sur ces sujets, même si j’ai toujours aimé réfléchir sur la vie. Depuis quelques années c’est plutôt le versant psychologie qui m’intéressait, avec les blessures d’âmes, l’enfance, les objectifs de vie… et plus récemment le bonheur. Comment être heureux ? Comment méditer, être moins stressé, etc. Je ne vous raconte pas le nombre de vidéo que j’ai regardées sur le développement personnel, et les quelques livres que j’ai pu acheter sur le sujet. Je n’en parlais d’ailleurs jamais sur le blog, preuve que je n’y trouvais pas vraiment de réponse, et surtout que je ne les lisais jamais entièrement ! 

Mais avec cet ouvrage, ça a été autre chose. Quand je l'ai vu présenté dans la Grande Librairie, j'ai pensé deux choses : chouette, je vais avoir du grain à moudre dans ma quête de la sérénité, et aussi chouette, je vais retrouver la plume d'un auteur que j'aimais beaucoup. Je l'ai donc acheté, sans trop savoir ce que j'allais découvrir...

 Bien sûr je me suis un peu fait avoir par le titre : 7 façons d’être heureux…ou les paradoxes du bonheur. Tout un programme ! Mais le sous-titre le laisse entendre, et l’auteur l’explique bien dès le début : il ne s’agira pas de donner les clés d’une vie éternellement sereine et heureuse, Graal tant recherché. Il va surtout s’agir, justement, de déconstruire les illusions qui sont de plus en plus présentes aujourd’hui sur le sujet du bonheur, et dont j’ai été moi-même cliente. Trouver le bonheur en soi, méditer, manger mieux, être optimiste, tout cela permet d’améliorer sa qualité de vie. Toutefois, il y a des jours où je suis moins heureuse que d’autres. Il y a des jours où j’ai l’impression que cet optimisme chèrement acquis à coup de méditation, de pleine conscience et de gratitude n’existe plus… et là je culpabilise. Pourquoi n’ai-je pas réussi à maintenir un état de bonheur plein et régulier ? Luc Ferry nous aide, par des réflexions tout simplement lucides, à trouver des réponses à l’impossibilité d’un bonheur humain éternel et constant. 

Tout d’abord, si on y réfléchit, cette quête effrénée du bonheur peut être la cause même de notre malheur. On se fatigue à courir après une vie saine, ouverte, optimiste, épanouie et que sais-je. On culpabilise si certains jours on est moins heureux, qu’on a le cafard, mal au dos et envie de manger des frites. Mais c’est pourtant ça la vie. Des hauts et des bas, les derniers étant vraiment plus difficiles à accepter, surtout quand on parvient à un degré de bonheur relativement élevé les autres jours. Là, Luc Ferry relativise en disant que le vrai bonheur (et je suis assez d’accord avec lui) ne se matérialise en réalité que par des instants de bonheur, des joies plus ou moins durables. Le bonheur permanent et éternel est impossible. 

Par ailleurs, il est difficile de définir vraiment le bonheur : qu’est-ce qui me rend vraiment heureux ? Qu’est-ce qui me permet d’être vraiment épanoui ? Est-ce la réussite, l’argent, l’amour ?

 Enfin, et c’est là que Luc Ferry pousse la réflexion là où je n’avais pas été, ni moi ni les « marchands de bonheur » d’ailleurs, tout en ayant recours à une idée simple : peut-on être heureux dans un monde où d’autres sont malheureux ? Dans un monde qui va mal ? Peut-on être pleinement heureux si nos proches sont malades, en peine, malheureux ? Seuls les ermites peuvent espérer être pleinement heureux, coupés du monde. Mais est-ce un choix si simple ? 

J’ai trouvé ces réflexions extrêmement tangibles et rassurantes. Humains, trop humains, mais humains avant tout. Pas la peine de culpabiliser. Pas la peine non plus d’arrêter les exercices d’optimisme et de méditation ! Ce que j’ai compris en tout cas, c’est que ça n’est pas grave de ne pas être au top tout le temps ; c’est simplement humain. Et j’avoue qu’écrire cet article et repenser à ma lecture, avide au début, comme si je trouvais enfin les mots sur ce que j’avais pressenti sans l’énoncer, apporte ce matin ses kilos de bonheur, grâce à la lucidité. 

La suite du livre est moins heureuse, bien que fort intéressante : Luc Ferry développe les fameuses « façons d’être heureux » à travers des concepts comme l’amour, l’admiration, l’action, la connaissance, etc. Il a recours à la philosophie antique, mais aussi à Kant, Nietzsche ou Hégel, et aussi à la littérature. Ulysse et Don Juan lui permettent d’illustrer quelques concepts, et j’avoue y avoir pris un certain plaisir en tant que prof de Lettres. Je n’ai pas tout retenu de ma lecture, mais ai passé de bons moments sur de nombreux chapitres. D’autres, un peu plus politiques, m’ont laissé un peu froide. 
J’ai aimé sa réflexion sur le mariage chrétien, le seul qui permette d’échapper à la peur de la finitude, ou bien encore ses réflexions sur le bonheur d’apprendre, ou encore sur l’avenir de l’école (enfin c’est à ce niveau-là que j’adhère moins à la pensée du monsieur…). En résumé, Luc Ferry sait me toucher par des mots simples, une pensée non pas simplifiée mais accessible, et des références que je reconnais ou apprends à reconnaître (je me souviens de cette première lecture il y a plus de 10 ans, la réminiscence est une chouette expérience !). 
Forte de ce regain d’intérêt pour la réflexion et la Philo, encore une fois grâce à monsieur Luc Ferry, je me suis lancée dans la lecture du pavé Qu’est-ce qu’une vie réussie. J’en lis un peu de temps en temps, et c’est extrêmement plaisant (mais long !)

Et vous, aimez-vous lire des livres qui vous font réfléchir ? 

Etes-vous aussi sensibles à cette question du bonheur qui habite nos sociétés modernes ? 

Votre avis m'intéresse, ça change de la littérature mais pourquoi pas ?

4 commentaires:

  1. Coucou,
    J'aurais beaucoup de mal à lire ce genre de livre moi, j'avoue :) Et pourtant, je suis aussi du genre à me questionner sur la vie, son sens, etc... Mais j'aime plus en parler en face à face avec quelqu'un que de lire et me questionner dans mon coin ^^

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    1. J'avoue que je me questionne beaucoup toute seule. Du coup là je partage :)

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  2. Merci pour cette critique littéraire, très intéressante ! Concernant cette course au bonheur "parfait" justement, je me pose la question de l'impact des youtubeuses sur nos ados (nous en avions parlé ensemble) : faire penser que le bonheur est égal à telle bougie, telle déco, telle montre, tel chat.... il y a aussi de quoi méditer !

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    1. Oui complètement ! Elles (parce que ce sont souvent des filles !) pensent effectivement qu'être heureux c'est être comme Enjoy Phoenix et avoir plein de vues sur Youtube. C'est la course au succès. Mais finalement, le bonheur ne réside pas vraiment là-dedans. C'est un peu de la poudre aux yeux. Toutefois je pense que c'est difficile pour les ados de se rendre compte de tout ça, comme ils sont complètement immergés dedans.

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