jeudi 30 octobre 2014

Demain, j'arrête (enfin pas sûr !)

Je ne crois pas que je vais arrêter de lire ce genre de bouquins finalement...
J'étais un peu perplexe, même carrément réticente au début. Je me disais que c'était presque comme lire du Musso, sans style et sans intérêt (je ne vais pas casser davantage de sucre sur le dos de ce cher Guillaume, adulé de mes lycéens, mais bon...). Quand je voyais ces romans à la couverture bizarre et bigarrée, avec un chat étrange dessus, et mal fagoté, je me disais que jamais ô grand jamais je ne lirais ça ... et puis finalement, après en avoir entendu beaucoup de bien de mes élèves (bon ok ils adulent Musso mais bon... encore une fois, mais bon...) je m'y suis intéressée, et je me suis dit que c'était le genre d'histoire que j'avais envie de lire maintenant. Je garde un super souvenir de Charlotte Lavigne, et je me suis dit que l'héroïne de ce roman en avait un grain aussi. J'ai regardé des critiques sur Internet (oui chez moi lire un livre c'est un peu comme choisir une banque ou un hôtel, ça engage !), j'ai écouté des interview, et ce qui ressortait était la légèreté de ce roman "pas prise de tête" et "anti-crise". J'avais besoin d'une bouffée d'air alors je me suis lancée et je l'ai même acheté !
PS : Je dois vous avouer que j'ai acheté la version bonnet péruvien (fidèle à l'histoire) mais je trouve le chat de Nowel plus mimi :). 

J'ai lu le début d'une traite, avec beaucoup d'enthousiasme. J'ai vraiment eu ce que je voulais, c'est à dire une histoire distrayante avec une héroïne un peu folle et attachante. Bon l'histoire d'amour est un peu simple, les stratégies de Julie pathétiques, mais c'est tellement pathétique qu'on en rit, et l'ensemble est très "frais" comme on dit. Bref on ne se prend pas la tête et on imagine facilement tout ce qui se passe. Il n'est pas forcément évident de se mettre à la place de l'héroïne (enfin dans mon cas) mais sa vie est amusante et il lui arrive des embêtements comme à tout le monde. Ce n'est pas non plus une blonde écervelée, elle a aussi ses névroses et les casseroles du passé. J'ai trouvé ces moments un peu pathos mais bon, ça lui donne plus d'humanité. Par contre j'ai bien aimé les passages où elle va courir pour plaire à son coup de foudre, et encore plus les passages à la boulangerie, où elle évoque ce qu'elle ressent à rendre service à tous ces gens qu'elle rencontre. Coup de chapeau d'ailleurs à l'auteur, qui a su se mettre à la place d'une femme avec un certain talent !

Par contre certaines aventures étaient vraiment invraisemblables et proches du ridicule, mais on se laisse porter. Heureusement que les pages se tournent vite. Le dénouement est lui aussi assez ridicule voire absurde mais il n'empêche qu'on a passé un bon moment. 
Le prochain dans le genre "chick-lit" ("littérature de poulette", pas super valorisant mais bon, j'assume !), avec dans ma PAL  l'Accro du shopping

J'avais comparé ce livre à la série des Charlotte Lavigne, mais le dernier est d'une qualité narrative plus grande, et Charlotte est plus fouillée que Julie (en même temps Julie a été crée pour un seul tome). Les aventures de Charlotte sont d'une grande intensité au regard de certains épisodes vraiment culcul de ce roman girly. 

Dans le style roman "feel-good" et pas prise de tête, j'ai aussi lu Cinquante Nuances de Grey. Bon c'est pas tellement feel-good dans le sens coolosse, mais c'est sympa à lire. Les scènes ne sont pas si torrides, on peut reprocher à l'héroïne d'être vraiment culcul (surtout dans le tome 1) et à l'ensemble d'être un peu trop pathos-love style feux de l'amour, mais l'histoire et les rebondissements sont plaisants. On passe un bon moment et les pages se tournent vite (argument de poids pour le roman pas prise de tête. Pour moi, ce genre de bouquin remplace un film). Il me reste encore le tome 3, suspense ! Je le garde pour un moment de désespoir littéraire. 

Je vais mieux, Foenkinos

Je vais mieux, David Foenkinos

Ce roman me semblait plutôt joyeux, rigolo, sans prise de tête, et je ne me suis pas trompée. Au début l'histoire du mal de dos peut sembler un peu banale, on peut s'attendre à ce que ça dégénère mal et puis voilà. On s'enlise avec le narrateur dans des expectatives diverses sur les causes de ce mal qui évolue vers le pire, on consulte avec lui, on souffre presque avec lui, pour finalement admettre (avec lui !) que tout ceci est d'origine psychologique. En définitive ce n'est pas une histoire de mal de dos à laquelle on a affaire, mais à une histoire de résilience. Le titre est d'ailleurs intéressant, puisqu'on peut envisager un mieux être physique ou morale, et cette polysémie résume finalement le livre. 

Le rythme du roman est plutôt sympa avec les chapitres qui débutent en nous donnant l'état d'esprit du narrateur et l'intensité de sa douleur sur une échelle de 1 à 10. On peut alors s'attendre à ce que le chapitre soit tragique, drôle, agréable ou pathétique, et c'est un aspect qui m'a bien plu. Parfois le chapitre ne tourne pas du tout comme on s'y attendait et c'est encore plus plaisant. On est mené (et parfois malmené) comme le narrateur l'est par sa douleur. 
Puis vient le moment de la résilience, où le narrateur envoie promener les choses qui l'empêchent d'avancer. Des choses du quotidien, la famille, la femme, le téléphone,... La douleur lui a permis de voir les choses d'une manière nouvelle. Ce roman illustre avec un certain succès le pouvoir de l'esprit sur le corps. Cela me fait penser à Histoire d'un corps de Pennac, qui avait mis le corps, haïssable, au centre d'un roman. 

J'ai bien aimé ce roman, que j'ai lu plutôt vite. Les pages se laissent tourner rapidement, on a envie de savoir ce qui va arriver au personnage (et à ses douleurs). Peut-être pas le meilleur de cet auteur, mais une manière originale de traiter un sujet assez commun (le changement de vie, tout va mal et on fait table rase). 

mercredi 22 octobre 2014

La Chine et l'Académie

L'éternité n'est pas de trop, François Cheng

Ce roman très poétique raconte l'histoire d'un moine chinois tombé amoureux d'une jeune fille entraperçue alors qu'il n'avait que 20 ans. Cette rencontre fugace a à jamais conditionné sa vie et ses pensées, le retenant de s'engager plus avant dans les traditions bouddhistes et taïoistes. A la fois médecin et devin, il sillonne les routes de montagne pour venir en aide aux miséreux tout en cherchant cette femme. 
L'amour est considéré dans son essence la plus pure et la plus absolue. La passion qui unie les deux personnages est profonde, spirituelle, extraordinaire. Elle a l'éternité pour durer. J'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, tout en finesse, un peu comme les peintures sur les porcelaines chinoises. Le style et le thème sont bien en lien, puisque tout est extrêmement profond, mais en même temps fin et vaporeux. On a un peu l'impression de vivre un rêve, même si l'auteur nous montre les aspérités du quotidien chinois au XVII ème siècle (la pauvreté, le protocole, les traditions, ...). J'ai beaucoup aimé cette lecture, pas toujours facile ceci dit dans la mesure où l'écriture est assez poétique, imagée voire philosophique. Ceci est justifié par le fait que le personnage principal soit moine. L'amour est alors vécu comme une ascèse. 

Un petit aperçu :
Ce qu'a dit l'étranger devait être vrai : lorsqu'on l'a prononcé, l'être aimé ne mourra plus, et l'on pourra alors considérer sa propre vie sans regret. Même si les deux qui s'aiment ne se voient qu'un instant par jour, même si durant cet instant, ils ne peuvent se toucher ni se parler. Oui, il est permis tout de même de s'estimer heureux, si l'on parvient, s'appuyant sur le shen, à faire résonner une fois les mots qui, de toute éternité, attendent d'être dits.

J'étais contente de découvrir cet académicien peu médiatisé, et dont l'oeuvre gagne vraiment à être connue. En plus, la couverture de celui-ci est vraiment jolie je trouve.

Challenge Cold Winter chez Et-en-plus-elle-lit



Je vais me lancer dans mon premier challenge de bloggeuse littéraire. Un grand moment !
Le but est de sélectionner des romans dans sa PAL et de les lire avant le 28 février 2015. Selon le titre du Challenge, ce serait bien que ce soient des romans dont le thème est l'hiver mais... ça n'est pas toujours évident, et puis j'ai vu qu'on pouvait prendre des libertés donc ...

Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le blog de Dolorès.


Ma liste :  0/4

- Esprit d'hiver, Laura Kasischke (en plein dans le thème, ouf !)
- Quand rentrent les marins, Angela Huth (dédicace à Dolorès, et puis il se passe en Ecosse, pays du froid!)
- La classe de neige, Emmanuel Carrère
- Il neigeait, Patrick Rambaud

Je pense que je la rallongerai d'ici là, si je trouve des romans qui m'inspirent davantage l'hiver.
Sinon je crois que j'ai un peu triché car j'ai commencé le premier de la liste... c'est grave ?



samedi 18 octobre 2014

Epitaphe aux livres abandonnés

Oui, il arrive que j'abandonne des livres... et c'est souvent des abandons en chaîne... 
Je n'aime pas ces périodes; je me sens instable, troublée. Il n'y a rien de mieux que de savoir qu'on a un livre qui nous attend, un sûr moyen de détente dans le canapé ou sous la couette... Pour finir une dure journée de cours et une soirée de copies, il n'y a pas havre plus agréable. Mais parfois les livres ne sont pas au rendez-vous, ou mes choix n'ont pas correspondu à mes envies du moment...
 Je ne sais pas si cela vous arrive aussi, mais selon la période, mon état d'esprit ou même le temps, je n'ai pas/ plus envie de lire certains (types de...) livres. Pour vous donner un exemple, une expérience récente avec un roman que j'avais adoré il y a quelques années : Les Mandarins de Simone de Beauvoir. Je me faisais une joie de le relire pour ressentir à nouveau les émotions et revivre la boulimie des pages à laquelle je m'étais laissée aller lors de ma première découverte. Je me souviens, je ne le lâchai pas et m'enfilai avidement jusqu'à 200 pages par jour... surtout lors de mes voyages en train. Forte de ce souvenir roboratif, je me suis débrouillée pour récupérer mes deux exemplaires (500 pages chacun, des mastodontes), je les ai rêvés, attendus, retrouvés, humés même (j'avoue, j'adore l'odeur des vieux livres jaunis!) et enfin ouverts... Délice des premiers mots et puis... ennui, incompréhension. Je n'ai pas ressenti ces sentiments de reconnaissance, d'avidité, de curiosité insassiable à l'égard des personnages si proches, de Simone, Jean-Paul Sartre et les autres. Pourtant ils n'avaient pas disparus, c'étaient bien leurs noms, leur histoire, mais la magie n'était plus là. 
C'est étrange ce pouvoir des livres. Ils peuvent agir sur nous comme des coups de tonnerre, presque des coups de foudre (nous faire dire "Ah oui c'est ça, j'ai enfin compris !" ou "Je le savais mais là, c'est formulé comme jamais je ne serais parvenu à le faire"), et le même livre, à une autre période, nous laisser dans un état pire que l'état de glaçon, puisqu'il nous laisse dans l'indifférence. Je n'ai même pas ressenti de déception finalement, puisque j'ai eu l'impression d'avoir affaire à un autre livre. J'ai eu beau feuilleter, tourner les pages, aucune étincelle ne revenait...
Peut-être est-ce dû au fait que j'ai digéré ces aventures de Simone, surtout après la lecture du superbe Beauvoir in Love... 
Quoi qu'il en soit, voilà bien un phénomène étrange et déroutant : l'écho du livre dans un moment de vie...

Comme je ne vois pas vraiment comment parler de ce phénomène là, je vais essayer de vous parler des livres que j'ai abandonnés, et d'expliquer mes raisons (si tant est que ce soit possible, puisque c'est presque de l'ordre de l'inconscient psychédélique !)


Il y a d'abord eu L'appartement témoin de Tatiana de Rosnay. C'était le dernier de cette auteur en ma possession, et j'avais envie depuis un moment de m'y attaquer. Je dis d'ailleurs m'y attaquer, comme s'il s'agissait de clouer la proie au sol et d'en goûter un morceau du bout des dents, pour en tester la saveur... Finalement, c'est un peu ce qui s'est passé... J'avais d'ailleurs un peu triché puisque j'avais lu quelques bribes de pages il y a quelques temps, et me souviens avoir abandonné. Il ne me correspondait pas à ce moment là. Je m'y suis donc à nouveau attaqué quelques mois plus tard, d'une manière quasi méthodique puisqu'il s'agissait d'évaluer l'intérêt de ce premier roman par rapport aux autres que j'ai lus d'elle. Il y avait aussi, derrière tout ça, l'envie de retrouver l'univers des murs que Tatiana de Rosnay sait si bien mettre en place, et qui m'interpelle toujours. Bref, plusieurs raisons d'attaquer. 
J'ai mordu à pleines dents; c'était agréable, pas mauvais, un peu fade.... J'ai tenu plus de 50 pages, avec enthousiasme. Mais c'était de plus en plus fade... trop fade... et puis saturé de déjà vu... des fantômes, une relation père-fille trop limpide, un personnage limite niaiseux... Les idées de l'auteur en gésine, et manquant vraiment de piquant... 

J'ai donc abandonné ma proie... pour l'ombre (magnifique transition, et ce n'était pas prémédité !)

 On m'avait recommandé L'ombre du vent de Zafondepuis très longtemps. Je me souviens d'une collègue qui me disait être pressée de rentrer chez elle pour poursuivre une lecture que je supposais passionnante. Lorsque je lui avait demandé de m'éclairer sur les raisons de son engouement, elle m'avait vaguement évoqué l'histoire d'un enfant, de livres et d'une espèce de magie... A l'époque, férue de classiques, j'avais directement relégué l'ouvrage au ban de la littérature de distraction, presque du roman de gare. Pas pour moi donc. Et puis, quelques années plus tard, sortie de ma période "snobisme littéraire" et "Je veux connaître les classiques d'abord", je me suis à nouveau intéressée à ce roman, dont j'avais encore entendu du bien entre temps. Et un roman d'apprentissage autour des livres a forcément allumé un certain intérêt. Je l'ai donc pris dans la bibliothèque de maman.
Un indice aurait dû, dès cet instant, me mettre sur mes gardes : il était coupé d'un marque page... à la page 275... Maman m'a avoué ne pas avoir pu continuer. D'autres livres à lire, qui lui plaisaient plus... Cela aurait vraiment dû me mettre la puce à l'oreille...
Sur le moment, cela ne m'a pas empêchée de le commencer, avec un certain enthousiasme. J'étais contente de voir que l'écriture est fluide sans être trop "facile"; c'est de la littérature. De plus les personnages sont attachants, l'intrigue plutôt intéressante (le cimetière des livres oubliés, une histoire d'amour, du suspense, ...). Mais au bout de 150 pages environ, alors que je pensais justement continuer, j'ai ralenti le rythme.
C'est souvent ce qu'il se passe avec les gros livres : je commence fort, entre 50 et 90 pages d'un seul coup, et puis après je m'essouffle. C'est toujours comme ça (ou presque). S'il n'y a pas dans le livre un petit quelque chose, un petit plus qui me permette de repartir sur un bon rythme, je flirte avec l'abandon. Parfois je cède; comme ici. Il n'y a pas eu ce petit rien qui fait que je continue avec enthousiasme. C'est même l'inverse qui s'est produit, puisque je me suis sentie étouffée : trop de personnages, trop de descriptions, trop de faits étranges et d'embroglio dans les pages. Dans une course d'endurance, manquer d'air n'est même pas fatal, c'est carrément la fin.
J'ai donc abandonné ce roman, avant la page 200. Maman aura eu plus de souffle que moi.

En mémoire de ce livre, j'avais donné comme titre à mon article "cimetière des livres oubliés", mais finalement j'ai trouvé ça trop terrible, presque irrémédiable. Comme si en écrivant un article sur ces trois romans je les enterrais. Or ce n'est pas le cas; je me dis qu'un jour je les reprendrai peut-être ! J'ai donc choisi "épitaphe", pour garder l'idée de mausolée, mais avec une notion d'hommage.


Le dernier roman que j'ai abandonné est encore un gros roman : Le club des Incorrigibles Optimistes de Guenassia. Je suis venue à ce roman parce qu'il fait partie de la liste des romans du Goncourt des lycéens, que je dois connaître pour un travail prévu avec les élèves. Il est assez récent, mais je ne l'avais pas lu, en partie par snobisme encore. Je le confondais avec Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates", que je classais avec Anna Galvalda (que j'avais adoré quelques années auparavant. Heureusement que les goûts changent et évoluent, sinon on passerait à côté de plein d'histoires super!). Je me suis empressée de le trouver au CDI et me suis plongée dans ses 700 pages et quelques, toujours avec un grand enthousiasme et beaucoup d'espoir. C'était en plus une période de disette livresque, et je me disais qu'un livre de cette taille était une manne inespérée. Comme pour Zafon, j'ai dévoré les 100 premières pages, avec le plaisir non dissimulé de retrouver une histoire d'enfance à la manière du Chagrin de Lionel Duroy, que je n'avais jamais abandonné au contraire(ce fut même une course effrénée, de celles qui revigorent). J'étais contente de retrouver un style fluide et une atmosphère fin de guerre qui me plait toujours. Mais le problème est qu'en dehors des histoires du héros, je n'arrivais pas à m'attacher aux trop nombreux personnages. Et puis il y avait trop de notions politiques, et à chaque fois ça me bloque (je ne sais toujours pas pourquoi... mon côté Gandhi peut-être...). J'ai été tentée à un moment de sauter des passages et de m'attacher à ceux qui concernaient Michel... mais ça aurait été passer à côté de l'intérêt du roman, qui est d'allier avec justesse les deux vies, intime et publique. Je le reprendrai peut-être un jour, mais c'est un pavé ... !

Voilà ce que je voulais vous raconter sur les dernières expériences d'abandon ...
Mais depuis j'ai retrouvé un nouveau souffle, grâce à des romans plus simples, plus guillerets, voire un peu décriés (surtout pour une snob littéraire telle que moi !).
Mes prochains articles concerneront donc :
- Le Quatrième mur (or massif au milieu d'une rivière en plaqué)
- Je vais mieux de Foenkinos
- Demain, j'arrête de Gilles Legardinier