dimanche 29 juin 2014

Un roman de Rosnay différent

Le cœur d’une autre, Tatiana de Rosnay

Ce roman de Tatiana de Rosnay est vraiment différent de ceux que j’ai pu lire auparavant. Mais avant d’en dire plus, expliquons rapidement l’intrigue.
Le personnage principal, Bruce, a une vie ennuyeuse, il est séparé de sa femme, il est misanthrope et misogyne. Un jour, il apprend que son cœur est malade, et qu’il doit bénéficier d’une transplantation cardiaque. L’attente est longue mais un beau jour il se réveille avec un nouveau cœur. Rien de bien original jusque là, mais l’histoire prend un tour étonnant et vraiment intéressant quand le comportement de Bruce se met à changer radicalement. Il ne s’en doute pas, mais c’est le cœur de sa donneuse, dont il découvre l’identité plus tard, qui influe sur son comportement. Il devient bien plus sympathique, sociable, heureux de vivre. Il se découvre même une passion pour la peinture, et plus précisément la peinture italienne. Constance, sa donneuse, était en effet restauratrice de tableaux. Ce dernier tiers du roman est un peu édulcoré, on a du mal à croire à certaines coïncidences à la limite du fantastique. Pour le reste c’est un roman qui se lit bien, que j’ai eu du mal à lâcher puisqu’on a envie d’en connaître la suite, de voir comment le personnage principal évolue.
Ce roman est, comme je l’évoquais au début, très différent de ceux de Tatiana de Rosnay que j’ai lus pour le moment.  Il est beaucoup moins grave déjà, même si le sujet de la greffe de cœur aurait pu l’être. Il y a quelques pointes d’humour, des retournements de situation inattendus et fantaisistes, des personnages simples, sans graves tourments (contrairement aux femmes des romans comme Le Voisin, La mémoire des murs ou Elle s’appelait Sarah). Les appartements et les chambres n’ont rien d’angoissant ni d’oppressant. C’est comme si l’auteur avait choisi de laisser libre cours à son imagination et à sa créativité, en sortant de ses thèmes de prédilection. Elle le dit elle-même dans la préface, ce n’est pas un appartement qui fait revivre le passé, c’est un organe greffé.

Un bon roman, tout public, léger, dans lequel les angoisses des personnages sont minimes et les épisodes légers.

jeudi 26 juin 2014

Deux bonnes lectures

                                                  A. comme Aujourd'hui, David Levithan 

Qui n'a jamais imaginé vivre une autre vie, ne serait-ce qu'une journée ? Avoir une nouvelle famille, de nouveaux loisirs, de nouveaux amis, un nouveau corps ….
Pour A., le héros du roman, tous ces changements constituent son quotidien. A. a une vie tout à fait particulière : il n'a pas de corps propre, et son esprit change chaque jour d'enveloppe. Il peut être fille, garçon, adolescent bien dans sa peau ou suicidaire, entouré d'une famille aimante ou bien orphelin. Bref, tout le panel humain lui est offert, et il a tout expérimenté. Ou presque. En effet, un événement va bouleverser sa vie : l'amour.
Lorsqu'il rencontre Rhiannon, la vie de A. prend un tour inattendu. Loin du confort de sa routine (changer de famille chaque jour a certains avantages!), il va devoir se battre pour conserver cet amour... et traverser ainsi des épisodes aux conséquences délicates et parfois dramatiques.
Ce roman est vraiment unique et riche d'expériences. En un peu plus de 300 pages, qui constituent quarante jours de l'étrange vie de A., le lecteur découvre plusieurs vies d'adolescents, avec leurs hauts et leurs bas. On aurait pu s'attendre à un catalogue édulcoré de stéréotypes, mais David Levithan a eu le génie de tout faire passer à travers le regard de A., une personne honnête et intègre, ce qui permettrait presque de rapprocher ce livre d'un apologue. Le héros est une bonne âme, sans être un candide, et il cherche à ne jamais influer sur la vie de ceux dont il occupe le corps. Excepté dans des cas extrêmes, quand il ne peut laisser son hôte se nuire, par exemple...

Un roman sur l'amour, le respect, la tolérance, la différence... soutenu par une intrigue palpitante et sans temps morts. Un condensé de vies, tel qu'on en a rarement l'occasion d'en lire.

J'ai pris plaisir à lire ce roman pour ados. Il faut vraiment le leur mettre entre les mains, afin d'ouvrir leurs yeux sur ce que peut être la vie de ces autres qui les entourent. Ce qui précède servira de trame pour un petit article destiné au CDI. Je vais (essayer de...) rédiger un certain nombre d'articles dans cet optique pendant les vacances.


Elle s'appelait Sarah, Tatiana de Rosnay  

Tout commence avec l'écriture : une journaliste américaine se voit commander un article sur la tragédie du Vel d'Hiv à la veille des fêtes commémoratives. Le 16 juillet 1942, plus de 13 mille Juifs, dont 4 115 enfants, ont été parqués au vélodrome d'Hiver rue Nélaton, Au fil de ses recherches, Julia Jarmont découvre l'existence de Sarah, une petite fille qui a survécu à la tragédie. Au fur et à mesure, Julia découvre que les liens qui l'unissent à Sarah sont plus étroits qu'elle ne l'auraient imaginé, puisqu'elle avait vécu dans l'appartement qu'ont ensuite occupé les parents de son beau-père quelques joues après la rafle.
Mais ces nouveaux occupants ne soupçonnaient pas la tragédie qui se jouait dans ce lieu déserté.... Avant d'être emmenée par la police française (ce ne sont pas les Nazis qui sont les à la manœuvre, mais bien les Français, ce qui ajoute à la tragédie), la petite fille a enfermé son petit frère dans le placard , pour le protéger. Elle pensait qu'elle et ses parents allaient revenir très vite. Mais on ne sait que trop bien que les événements ne prirent pas cette tournure.


Grâce à l'alternance des récits, celui de 2002 faisant écho à celui de Sarah en 1942, le suspense est puissant. On se doute de ce qui va advenir, inexorablement, mais pourtant on reste en haleine. Je faisais tourner les pages afin de savoir comme la tragédie allait être racontée, avec quels mots et quelles émotions. Je m'intéresse de près aux romans de Tatiana de Rosnay ces temps-ci, et ce roman me semble être son chef d'oeuvre. Il y a du suspense, des émotions, et c'est un superbe témoin de mémoire. Vers la moitié du livre, les recherches de Julia se confondent avec l'histoire de Sarah, et le suspense devient encore plus prenant. Je me suis attachée au personnage de cette journaliste exilée à Paris, enceinte et mal aimée, qui a chargé le passé des émotions de son quotidien. Son regard donne une dimension particulièrement vive et émouvante au récit de la vie de Sarah et de la tragédie de son petit frère. Tatiana de Rosnay donne un nouveau souffle aux récits de la Shoah, plus moderne et donc plus proche de nous.  

mardi 17 juin 2014

Articles à venir

Avant que je n'oublie, je note ici les articles à venir :

- La Voleuse de livres, Markus Susak (un excellente surprise ! déroutant au début, mais on s'attache très vite aux personnages)
- Carrie, Stephen King ( quelques longueurs malgré l'étroitesse du roman, mais ça m'a donné envie de regarder les films)
- Un avion sans elle, Michel Bussi (étonnement prenant, bien que décevant sur certains points, en premier lieu la couverture de l'édition de poche ...)

Livres entamés mais jamais terminés
- Les yeux jaunes des Crocodiles, Catherine Pancol (prenant au début, puis le roman plonge dans les lieux communs. L'auteur s'appesantit un peu trop sur chacun des personnages, et on a l'impression que ça ne va jamais avancer. Peut-être une focalisation sur le regard d'un seul personnage aurait-elle été plus prenante).
- Les Mandarins, Simone de Beauvoir (honte sur moi, mais je n'ai pas accroché ! Je retrouve trop les lieux communs de Simone et m'ennuie un peu...)