jeudi 31 juillet 2014

La vie fortement épicée de Madame Lavigne

La vie épicée de Charlotte Lavigne, tome 2
Bulles de champagne et sucre à la crème

Charlotte va enfin épouser son Maxou ! Voilà la bonne nouvelle qui promet un début en beauté. Mais comme toujours, tout ne va pas aussi bien que notre québécoise préférée le souhaiterait. Devenue une des co-présentatrices phares de l’émission Totalement Roxanne, elle est sollicitée par les producteurs pour faire de son mariage… une télé-réalité orchestrée par les spectatrices ! Choix de la robe, du dessert, de la salle de balle, tout y passe. Et pour simplifier les choses, sans rien en dire à Maxou… 
Finalement le mariage se passe, et plutôt bien, malgré quelques gaffes familiales et autres peines de cœur amicales. Charlotte est ravie, elle a son Maxou pour elle et pour la vie. Et bientôt, à elle la vie parisienne !
Deux semaines après son mariage, Charlotte y est. A Paris, enfin. Paris et ses macarrons, ses vins, bref, sa gastronomie. Et on sait que Charlotte ADORE ça ! Mais c’est sans compter le caractère des parisiens, les caprices de sa belle-mère et le boulot prenant de son mari. Le bon Bordeaux prend alors un goût amer… surtout quand on n’a personne avec qui le partager. Ugo et Aïsha lui manquent, et Charlotte a bien du mal à se faire des amis à Paris. Notre héroïne pleine de vie commence à dépérir…

Je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le suspense, d’autant plus que pour moi, la fin a été une véritable surprise. Connaissant la bonne humeur et l’enthousiasme propre à ces romans, je ne pensais pas que l’histoire du tome 2 prendrait un tournant si… réaliste pourrais-je dire. On est loin de la vie sucrée et un tantinet superficielle que menait Charlotte à Montréal. On croque vraiment dans le piment, et pas le piment qui épice agréablement un plat plein de soleil ; plutôt du piment qui brûle, et dont le piquant douloureusement intense est difficile à endiguer. Charlotte est en proie avec la vie, la vraie, celle qui fait mal et qu’un plat de spaghetti au pesto maison ne suffit pas à faire oublier. Notre québécoise enjouée a du mal à vivre seule, au milieu de l’arrogance parisienne et d’une certaine indifférence familiale.
J’ai vraiment aimé cette dimension plus rude, plus dure. Cela confère à ce roman, que je pensais plus que léger, une dimension humaine touchante. J'ai eu davantage l'impression de pouvoir m'identifier à l'héroïne. Ajoutez à cela le ton toujours génial, saupoudré de bonnes expressions québécoises ; le caractère de folie de Charlotte ;  l’amour que lui porte Ugo, son meilleur ami, et vous obtenez un superbe roman, plein de vie et d’aventures rocambolesques… mais pas toujours drôles.
J’ai hâte que le tome suivant sorte au Livre de Poche !

C'était également sympa de voir l'idée que peuvent se faire les Québécois de Paris, une des plus belles villes du monde certes, mais pas celle dont les habitants sont les plus sympathiques ! 



dimanche 27 juillet 2014

De la nouveauté chez Tatiana de Rosnay

A l'encre russe, Tatiana de Rosnay

Ce dernier roman de Tatiana de Rosnay m'a énormément surprise, et plutôt en bien. 
L'histoire est assez simple : Nicolas Kolt, vingt-six ans, a publié un roman, L'enveloppe, qui a connu un succès phénoménal et planétaire. Né presque par hasard suite à un renouvellement de passeport, ce roman a été lu par des milliers de personnes et même adapté au cinéma. Sa promotion a mobilisé une énergie folle chez Nicolas, qui n'en est pas sorti indemne. Il a rompu avec sa compagne, est devenu imbu de sa personne, couche avec plein de filles différentes, ... bref, il a pris la grosse tête. 
On le retrouve trois ans après la sortie de son roman, dans un hôtel de luxe en Italie. Coupé du monde, il fait le point sur ce qui lui est arrivé et ce qui lui arrive encore. On le suit pendant trois jours passés dans cet endroit de rêve, où il n'a pourtant de cesse de ressasser ses souvenirs et de revenir sur ses (nombreuses) bévues. L'une de ses maladresses se trouve d'ailleurs avec lui : sa nouvelle compagne, avec laquelle il entretient une relation houleuse. Pendant trois jours, au bord de la piscine, il consulte son téléphone bourré d'e-mails de son éditrice et de sextos d'admiratrice, son compte Facebook visité chaque seconde par des tas de fans, son compte Twitter envahi de postes plus ou moins flatteurs, et surtout de relances concernant son prochain roman... Hypothétique prochain roman puisqu'en réalité il ne parvient pas à écrire une seule ligne...

Ce livre mêle donc de nombreux sujets qui ont piqué mon intérêt. Son héros ultra moderne et ultra connecté, qui est aussi un écrivain en proie aux affres du métier et victime de son succès, m'a touché. Certes il est imbu de lui-même, trop sûr de lui, trop narcissique et j'en passe, mais il réalise peu à peu ce qu'il a perdu en se pâmant dans la manne du succès. On comprend également en filigrane l'histoire familiale qui lui a inspiré L'enveloppe, et qui est également à l'origine du choix du titre choisi par Tatiana de Rosnay. Je n'en dirai pas davantage pour ne pas spoiler !

J'ai trouvé la trame de l'histoire peut-être un peu conventionnelle mais narrée avec dynamisme, modernité et fluidité. Nicolas Kolt est un héros qu'aurait pu mettre en scène Philippe Djan, le type de l'écrivain à succès qui aime le luxe et les filles; en moins trash ceci dit. Je me suis également demandé s'il y avait une part autobiographique dans ce roman, puisqu'il évoque les difficultés de l'écrivain, mais aussi la quête d'identité au-delà des frontières (Tatiana de Rosnay a rencontré de nombreuses difficultés pour obtenir la nationalité française). 

Un très bon moment de lecture; j'avais envie de reprendre le livre dès que j'avais un peu de temps, ce qui est très bon signe ! Toutefois je comprends la déception de certains lecteurs, qui n'ont pas retrouvé les thèmes de prédilection de Tatiana de Rosnay, comme le suspense, l'enfermement, la souffrance psychologique des personnages, etc... La fin est aussi un peu étrange, l'auteur s'est fortement inspiré de l'actualité pour l'écrire, mais j'ai eu l'impression d'un cheveu sur la soupe (même si c'est ce qui relance l'imagination créatrice de notre héros). 

samedi 19 juillet 2014

Laurence Tardieu, comme une fille


Bon, le titre "comme une fille" ne sonne pas forcément très bien, mais je voulais faire écho au premier roman de Laurence Tardieu que j’ai lu, Comme un père, et aussi à l’autre, plus récent, La Confusion des Peines. Les deux évoquent son combat pour sortir des limbes de silence qui entourent depuis une dizaine d’années la condamnation de son père. Ce père auquel elle ressemble tant, qu’elle aime tant, qu’elle chérit tant, mais qui lui échappe.
Dans le premier roman, Comme un Père, elle a inventé le personnage de Louise, jeune femme de 25 ans, dont le père vient de sortir de prison et il lui demande de l’héberger chez elle. Cette situation les rend mal à l’aise tous les deux, ils ne savent que se dire, ils s’évitent au maximum, et pourtant son père est omniprésent dans son esprit depuis toujours. Plus encore depuis qu’elle sculpte, puisqu’elle ne cesse de réaliser des têtes, des bustes et des corps d’hommes, au prix d’efforts violents parfois. Elle accouche de son père, comme Laurence Tardieu accouche de l’histoire de sa famille pour se délivrer et combler le vide dans La Confusion des Peines.
Dans ce deuxième texte, elle explique pourquoi elle a besoin de raconter l’histoire de son père, son arrestation et sa condamnation, comment est-ce que cela a bouleversé sa famille en s’ajoutant au décès de sa mère. Comment aussi tout cela a bouleversé la vision du monde manichéenne qui était la sienne, qui lui a fait voir le monde et les hommes tels qu’ils sont, complexes et instables. L’humanité ne se divise pas. Elle n’en finit pas de se tordre sur elle-même. Elle est une immense convulsion.

Au début du texte elle rapporte l’échange qu’elle a eu avec son père, dans lequel il lui demande de ne pas raconter son histoire, de se taire. Elle nous dit que dans sa famille c’est comme ça, on exprime rien, mais elle a besoin de sortir du silence. Ce texte devient une sorte de lettre au père, au moyen duquel elle essaie de se soulager de ce poids, de rejoindre son père, de combler les blancs et les vides de ce silence familial. Laurence Tardieu a une manière d’écrire qui semble de l’ordre du spasme, les mots sortent, elle ne peut les empêcher de se déverser sur la page. Chaque jour elle écrit, et rien n’est écrit d’avance. On le remarque particulièrement dans La Confusion des Peines, puisqu’après chaque espace blanc, quand l’écriture reprend, on ne peut savoir de quoi elle va parler, ce qui va émaner de cette tentative réitérée de raconter les choses. Elle se laisse guider, elle laisse son inconscient et son instinct prendre le dessus, sans savoir où cela va la mener. Elle n’a pas essayé de mettre en ordre, elle a laissé les choses venir à elle, sortir d’elle, comme Louise avec ses sculptures. J’ai bien aimé ce laisser faire, ce laisser aller, qui pour moi correspond à l’image que je me fais de la littérature. Laurence Tardieu explique d'ailleurs elle-même pourquoi elle n'aime pas ce qu'elle appelle "les vraies histoires":  je n'en veux pas des vraies histoires, elles ne m'intéressent pas les vraies histoires, écrire ça n'est pas raconter des histoires, c'est tenter d'atteindre la lisière de la vie, cette matière là, mouvante, violente, imprévisible, or la vie ça n'est pas une histoire, la vie ça ne se déroule pas, ça ne passe pas, ça se tord ça hoquette ça n'a ni début ni fin, pas de personnages, ce sont des corps qui avancent, qui tombent, qui aiment, qui ne savent pas, on avance tous en titubant, et personne n'en sort indemne, on finit par tous en mourir. Rien que dans cette phrase, on ressent ce que j'essayais de décrire plus haut, cette espèce de volonté de laisser sortit quelque chose, un flot sans digue, sans ponctuation parfois, de longues phrases dans lesquelles les mots se heurtent, sans pour autant être illisibles. 
Avec la littérature, Laurence Tardieu veut dire l'envers des choses, le côté caché, le monstre tapi sous le lit. Elle essaie de montrer ce que d'habitude on tait. Or dans sa famille, le silence était de mise, et c'est seulement grâce à un livre qu'elle parvient à le briser.

J'ai vraiment été émue et touchée par ce texte, non seulement à cause de son thème, universel et intime, mais aussi (et surtout) à cause de son rapport à la littérature, sa manière d'écrire un peu violente, vitale, néphrétique presque. Elle nous montre le processus d'écriture tel un écorché vif, avec les nerfs et les violences qui le sous-tendent. Cela m'a vraiment donné envie d'en découvrir davantage sur cette auteur, mais je me sens également très intimidée à l'idée de l'inviter pour mes élèves... je me demande même si je vais le faire, puisque ce qu'elle produit mérite mieux qu'une pure réflexion pragmatique sur la forme. Qu'en pensez-vous ?


lundi 14 juillet 2014

Un peu long, un peu décevant...

Avant de commencer Le Manoir de Tyneford, j'avais regardé les critiques sur certains blogs. Toutes dithyrambiques. J'ai donc ouvert cet assez long roman avec beaucoup d'espoir. Je m'attendais à y trouver des accents à la Jane Austen, une histoire d'amour à la Jane Eyre et une sensibilité à la Princesse Sarah. Ce qui suit peut vous aider à comprendre pourquoi. Résumons : 
Elise, jeune fille juive de la bonne société autrichienne, devient domestique dans un manoir anglais pour échapper à la déportation. Sa vie s'en trouve radicalement changée

Tout un programme. Les aventures d'une jeune fille subissant un déclassement, sous fond de Seconde Guerre Mondiale. Un magnifique sujet ! J'avais hâte de commencer ma lecture.

Malheureusement, dès le début, mon enthousiasme a commencé à retomber. De longues descriptions, une héroïne qui nous décrit des sentiments qui manquent de subtilité, des idées et des détails qui se répètent, des tournures de phrase redondantes, bref, des lourdeurs et des longueurs. Je pense que l'histoire d'Elise aurait gagné en profondeur et en sensibilité si la personnalité de l'héroïne avait été un peu plus complexe, ses sentiments approfondis et certains événements relatés. Des moments importants, comme celui où elle quitte ses parents pour partir en Angleterre, ne sont pas racontés. D'autres, qui campent le caractère du personnage principal, le sont trop peu. 

Mais qui suis-je pour juger ? En effet, ce roman a plu à de nombreux lecteurs, il a été sélectionné par la collection du Livre de Poche, l'intrigue est excellente... mais le style et la profondeur n'y sont pas. Je me suis ennuyée. Pas au point d'abandonner le livre cependant, ce qui montre que l'histoire m'a plutôt plu; mais à partir de 150 pages, j'ai lu en diagonale, une phrase sur 10, juste pour comprendre l'histoire. Une intrigue en or... avec une plume de plomb. 

Un bon bol d'air frais (au piment)

La vie épicée de Charlotte Lavigne, Tome 1 
Piment de Cayenne et pouding chômeur

Même si ce n’est pas le genre de roman que je suis habituée à lire, j’ai adoré ce livre. Il est frais, vivifiant, pas du tout prise de tête ; et en dépit des clichés, je n’ai jamais eu envie de le refermer.

Charlotte est une espèce de Bridget Jones, à la différence près que, contrairement à notre blonde mythique, Charlotte est dégourdie et rarement désespérée. Ce qu’elle préfère d’ailleurs, c’est cuisiner, et se retrouver entourée de ses amis lors des dîners qu’elle prépare à la manière d’une bataille rangée. Le roman, écrit à la première personne, raconte donc la vie plutôt épicée de Charlotte, entre ses amis, ses dîners et ses amours.

Les dîners qu’organise Charlotte jalonnent le roman, et à chaque fois la mettent dans des situations rocambolesques : manquer d’étouffer son petit ami, dormir dans une chaumière chez un vendeur de bison, pêcher des truites en soutien-gorge, … se faire larguer et se consoler avec le futur petit ami de sa meilleur ami…, et j’en passe ! Les épisodes s’enchaînent, plus abracadabrantesques les uns que les autres, le tout porté par Charlotte et son stress déjanté, Ugo et sa gentillesse, Aïcha et ses bons conseils. Des personnages attachants, et une narratrice sans scrupules et sans tabous. Le ton est léger, vif, rythmé. J’étais vraiment surprise de ne jamais m’être ennuyée au cours de cette lecture, jalonnée de bons mots québécois qui offrent un charme particulier au style enjoué et vivifiant de ce roman. J’ai vraiment hâte de lire la suite ! Le second tome est sorti en poche, je vais me le procurer dès que possible. 

L'article de Clarabel est plus riche d'informations que celui-ci, où je donne surtout mon avis, qui est hyper positif ! 

mardi 8 juillet 2014

Découverte : Laurence Tardieu

Dans le cadre d'une option de la classe de Seconde, je m'intéresse de près à la création littéraire, du manuscrit à la publication du livre. Pour ce faire, quoi de mieux que le témoignage direct d'un auteur ? Mais encore faut-il qu'il ou elle accepte... 
J'ai donc prospecté auprès de mon ancienne directrice de licence de Lettres, qui m'a donné quelques noms, dont un qui m'a intrigué, comme je ne l'avais jamais entendu auparavant : Laurence Tardieu. 
Je me suis donc intéressée à elle et à son écriture. Enfin, pour être franche, je me suis procuré les supports. Les livres d'abord, bien sûr et avant tout : 

- son premier roman , Comme un père, publié en 2002
- un autre de ses romans, La Confusion des Peines
Ce sont les deux romans que l'on m'a conseillés. 

Mes également des émissions radio :
-Sur France Inter 

Et aussi des articles, mais je ne posterai que les plus intéressants (il faut donc que je les lise !). 
Je profite de cet article pour lancer un appel : si jamais vous connaissez Laurence Tardieu, par son oeuvre bien sûr, mais pourquoi pas autrement, je vous invite à laisser des commentaires !!

Pour continuer sur ce thème, j'ai aussi une super nouvelle : si jamais Laurence Tardieu ne venait pas au lycée, je suis au moins sûre que Tatiana de Rosnay pourra répondre aux questions de mes lycéens ! Elle accepte en effet de venir au lycée, dans un peu moins d'un an!

samedi 5 juillet 2014

Du renouveau

A tous mes lecteurs, présents et à venir,

Je suis heureuse de vous informer qu'après quelques temps de désert, de billets timides, peu soignés et médiocres (il faut le dire), je me remets sérieusement à la bloggerie littéraire.

Afin d'enrichir ce blog plutôt pauvre, je vais rajouter d'ici peu des articles issus de mon ancien mais prolifique blog, lemonde-dans-leslivres 1.0. ! Ainsi cela permettra à chacun de trouver ce qu'il lui plait, entre les classiques académiques et les fraîches sorties Poche (les ouvrages grand format restant un peu chers pour ma petite bourse !).

J'espère que ce nouveau blog recevra des visites et des commentaires, et qu'il permettra d'échanger de bonnes trouvailles !

A bientôt chers visiteurs :).

Saleanndre