samedi 7 janvier 2012

En cas de bonheur

En cas de bonheur, David Foenkinos

Encore un roman de Foenkinos qui déroute, mais qu’on ne peut pas lâcher. Il déroute parce qu’il est bourré d’invraisemblances, auxquelles finalement on s’habitue. Ce qui ressemble au premier abord à de l’invraisemblance fleur bleue voire niaise se révèle être la patte de cet auteur. Dans La Délicatesse, pour ceux qui l’ont lu (c’est mon cas) et éventuellement vu (ce n’est pas mon cas, pas encore tout du moins), une jeune femme devient veuve et tombe amoureuse du boloss de son bureau, après l’avoir embrassé de façon impromptue. Etrange, un peu risible, voire ridicule pour certains, ce genre de scène et de configurations incroyables pullulent dans En cas de bonheur. Et en définitive, c’est pour notre plus grand plaisir.
Un peu comme dans un vaudeville, Foenkinos nous dévoile les ficelles de cette intrigue rocambolesque et très bien construite. Deux personnages s’opposent : Jean-Jacques, un mari désabusé, médusé et en définitive amoureux, et Claire, sa femme, qui rêve de passion et d’idylle. Les deux s’aiment, mais le roman raconte le moment où tout a basculé entre eux. Tatata !
Construit très rigoureusement, ce roman frisant parfois l’absurde (tel qu’on peut parfois le croiser dans la vie, ceci dit) commence par un prologue, et finit par un épilogue. Les deux se ressemblent ; entre ces deux droites parallèles, des enchevêtrements de fils se mêlent et s’emmêlent, avec pourtant une harmonie certaine. Le lecteur lit avec plaisir les histoires alternées de chacun des époux séparés. L’un vit une passion brève mais puissante avec une nouvelle collègue de bureau canon (forcément… et encore, elle n’est pas secrétaire !) et l’autre avec le détective qu’elle a engagé pour filer en douce son mari volage. Si la femme est cocue la première, le tour du mari ne tarde pas. Bref, tous les deux vivent intensément cette période de pause dans leur couple, avec plus ou moins de désinvolture, de larmes, de regrets. Les périodes alternent, tout s’emmêle, pour finalement revenir à un unique point : l’amour. Huit ans de vie commune, tout semble faner ; vient le moment de s’amuser ; de retrouver des sensations perdues, celles des débuts. Ça pétille, c’est chouette, c’est joli, lumineux ; Noël tous les jours. Puis finalement, on repense à celui/celle avec qui on a passé tout ce temps, tous ces bons moments, depuis huit ans. Et en définitive, qu’arrive-t-il ? On se retrouve. Mais chez Foenkinos, les retrouvailles sont vaudevillesques, rocambolesques ; c’est plus que romanesque, c’est quasi burlesque. Je ne vous en dirai pas plus. Ah si tout ce même, peut-être une chose : en cas de bonheur, il n’y a pas de remède ; juste éventuellement accepter d’avaler la pilule rose, gratuite et euphorisante, dont la vie nous fait parfois cadeau. Par conséquent, ne la laissons pas passer…
En bref, si on accepte l’univers incroyable de Foenkinos, d’où émergent pourtant des adages, des observations fort justes et des mises en scènes surréalistes qui font réfléchir, on peut se dire que c’est un bon roman.
Ceci dit rien à avoir avec le dernier en date, Les Souvenirs, bien plus sérieux, bien moins ludique, et pourtant tout aussi réussi. Un grand romancier sous ses airs bonhommes, qui sait en plus jouer sur de nombreux registres. A lire donc !

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