vendredi 14 octobre 2016

La littérature jeunesse, des amours de lectures

J'adore la littérature jeunesse. Voilà ce dont je me rends compte. Je ne lis que ça en ce moment, et j'adore. J'enchaîne les romans, la lecture est simple, sans prise de tête, et pourtant les sujets sont forts et le style est loin d'être simpliste. Merci au défi Babelio de me donner autant d'opportunités de bonnes lectures. J'appréhende même la fin du défi, quand je devrai choisir mes lectures moi-même (et d'ailleurs, je compte enfin m'inscrire à la bibliothèque de ma ville :p. Leur fond jeunesse est vraiment pas mal, d'après ce que j'ai pu en voir !). Je comprends maintenant les Youtubeuse et autres blogeuses que je trouvais frénétiques dans leurs lectures : en fait, j'enchaîne presque aussi vite qu'elles avec ces romans. J'en suis à deux ou trois livres par semaine, du jamais vu pour moi ! Je prends enfin un véritable plaisir de lecture, sans me prendre la tête sur ce que je veux lire, sachant d'avance que ça sera doux, léger, agréable. Pas de fioritures, pas de trop longues descriptions, rien que du plaisir. Je suis ravie de ce revirement dans ma vie de lectrice en tout cas.
Et vous, comment en êtes vous venus à lire de la littérature de jeunesse ? 
Soyons clairs, je parle surtout de littérature ados. Je lis les livres de la sélection Babelio pour 14 ans et plus, et je crois que des romans qui s'adressent aux collégiens me plairaient moins. Toutefois, je pourrais me laisser surprendre. Il y a 10 ans, jamais je ne me serais aventurées dans les rayons jeunesse des librairies; seuls les classiques m'intéressaient. Et voilà où j'en suis maintenant :). 
Après ce petit interlude révérencieux envers cette littérature trop souvent dénigrée par les profs de Français et autres adeptes de grands auteurs, voilà la critique de trois autres romans du défi.

Bluebird, Tristan Koëgel
J'appréhendais un peu la lecture de ce roman, qui me semblait épais et laborieux quant à son thème. Il est en effet question de la ségrégation aux Etats-Unis dans les années 40, de la vie des esclaves dans les plantations, et d'un amour impossible. Finalement il m'a fallu effectivement plus de temps pour lire ce roman que les autres de la sélection, mais j'ai aimé ma lecture. La ségrégation raciale est certes au centre de l'histoire, mais le thème est allégé grâce à l'univers de l'auteur. 
Minnie est une jeune fille noire qui sillonne les routes avec son papa pour chanter et jouer de la musique. Un jour qu'ils arrivent dans une plantation, la vie de Minnie et d'Edwin, le fils du propriétaire, va prendre un tournant inattendu et dangereux. Le fossé qui les sépare se creuse quand le KKK emporte Minnie très loin, malgré elle, dans la grande ville. Chacun de leur côté, les deux jeunes gens vont lutter contre leur classe, les préjugés et les autres. L'auteur a réussi à faire de cette histoire hors du commun une sorte de conte. En lisant ce livre, j'ai pensé au Coeur Cousu de Carole Martinez. C'est un peu cet univers où se mêle magie, Histoire et émotions. On a l'impression que la vie de Minnie est un conte, l'univers dans lequel elle évolue est âpre, violent, mais elle continue d'y croire, de chanter, de grandir. Dans la plantation, Edwin voit les choses changer, découvre la vraie facette des gens. J'éprouve des difficultés à vous rendre compte de ce que j'ai perçu de cet univers... une tranche de vie recouverte d'une couche un peu pastel, qui n'adoucit pas la rudesse des évènements inspirés de l'Histoire, mais leur donne justement une autre profondeur. Récit à la fois historique et allégorique, ce roman gagne vraiment à être connu. Une belle histoire d'amour, un bon témoignage historique. L'alternance des points de vue permet également de saisir toutes les facettes des évènements, de comprendre que tout, justement, n'est pas tout blanc ou tout noir, et que les nuances sont peut-être gages d'évolution. Un très beau roman, sérieux et poétique. Peut-être un des plus littéraires de la sélection.

  

L'élite, Joëlle Charbonneau
Encore une dystopie, style Hunger Games. Des jeunes de 16 ans, dans une ville préservée des dévastation, sélectionnés pour leurs qualités particulières. Cette élite est emmenée à la capitale pour passer un certain nombre de tests afin de devenir l'Elite des élites, les dirigeants de demain
Cia, notre héroïne (encore une fois une fille, encore une fois un point de vue interne) nous emmène avec elle dans cette expérience terrible et hors du commun. Beaucoup de clichés sont repris d'autres dystopies, comme la cérémonie de sélection au début du roman, l'histoire d'amour un peu niaise, les épreuves dans lesquelles les ados doivent faire des choix que les trois-quart des adultes ne sauraient faire. Toutefois j'ai pris plaisir à lire ce roman, notamment la partie sur les tests intellectuels. Je n'avais jamais lu ce genre de chose avant, et j'ai trouvé que c'était chouette d'intégrer une dimension scolaire dans ce type de roman. Ainsi les bons élèves deviennent de vrais héros. D'habitude ce sont plutôt des rebelles, qui préfèrent courir dans les bois que de rester sur les bancs de l'école. Là les personnages sont des intellos guerriers ; c'est un peu fort, un peu surréaliste (une vraie élite qui sait tout faire, un peu surjoué quand même...). L'auteur ne précise rien quand à la probabilité de la sportivité et de la résistance physique de son élite, qui semble pourtant avoir passé plus de temps sur des problèmes de maths que dans la nature (limitée d'ailleurs, puisque certaines parcelles de terre seulement ont été préservées de la pollution liée aux guerres). Mais bon... même si on ne peut pas totalement s'identifier à ces personnages trop parfaits, trop valeureux, j'ai trouvé l'histoire bien menée. Le premier tome pourrait presque se suffire à lui-même, d'ailleurs il n'est pas précisé sur le livre qu'il s'agit d'un premier tome (et pourtant il semble que c'en soit un...). Mais on sent qu'il peut il y avoir une suite. Je ne sais pas si je la lirai, en tout cas j'ai passé d'agréables moments, surtout à me demander comment l'auteur allait changer le goût de la tarte à la crème topping Hunger Games. 

La décision, Isabelle Pandazopoulos 
Ce roman est une vraie marmite d'émotions. Il faut avoir le coeur bien accroché dès le début. La première page tournée, on est au coeur du drame, celui de Louise, 16 ans, qui accouche seule dans les toilettes du lycée, sans rien avoir vu venir. Ses amis sont choqués, ses parents bouleversés, et elle, elle ne comprend pas. Elle ne se souvient de rien, peine à faire entendre aux autres qu'elle ne sait pas comment c'est arrivé. Mais son enfant est là, ça elle ne peut pas le refuser. Le déni de grossesse, avec ses limites, et surtout ses souffrances. Un sujet dur, traité avec une grande justesse de la part de l'auteur. Les points de vue s'alternent, le style suit, il y a de très beaux passages. Loin du voyeurisme, les choses sont dites sans détails mais rien n'est caché non plus de l'âpreté de la situation. On comprend au fur et à mesure du livre ce qui est arrivé à Louise, mais néant sur la période de sa grossesse, tout simplement parce qu'elle ne s'était vraiment rendu compte de rien. On essaie de deviner qui est le père, mais comme elle on en sait pas, on hésite, elle ne se souvient vraiment pas... et pour cause. A la fin on comprend, et la vérité est violente
Un très beau petit roman, petit par la taille mais très fort. Je préciserai bien ça aux élèves avant de le leur mettre entre les mains. Mais vous, n'hésitez pas un instant. 

14 commentaires:

  1. Je n'ai lu que La Décision dans cette sélection. Je n'avais pas trop aimé, même si le thème était intéressant et assez rare dans la littérature adolescente.
    Le couverture de Blue bird est très belle.

    Si j'ai lu beaucoup de littérature jeunesse, c'est grâce à mon métier. Bibliothécaire jeunesse, tu dois être capable de gérer des albums Bébés aux romans pour grands ados. Cela fait beaucoup! Mais j'avais adoré ça!

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    1. Je ne pensais pas aimer autant il y a ne serait-ce que deux ans. Comme quoi, nos goûts peuvent changer :)

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  2. La décision est un livre qui m'intéresse depuis sa sortie, mais je n'ai pas encore eu l'occasion de le lire...

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    1. Il se lit très vite en plus, ne te reste plus qu'à le trouver !

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  3. Comment j'y suis venue je ne sais pas, mais j'aime aussi beaucoup la littérature jeunesse, on y trouve des auteurs de qualité. J'ai aussi beaucoup aimé la décision. D'ailleurs je te conseille aussi le livre On s'est juste embrassé de l'auteur. Très touchant. Je ne sais pas si tu as déjà tenté Jean-Philippe Blondel, il est pas mal non plus quand il écrit pour les jeunes. Je pense à Brise glace notamment.

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    1. Oui je connais Blondel, et aussi un peu pour les jeunes avec Blog.
      En tout cas tu lis de tout, c'est chouette. Je suis quant à moi un peu monomaniaque en ce moment :p

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  4. Non mais la littérature jeunesse c'est la vie haha Même si je me rend compte qu'avec le blog finalement j'en lis beaucoup moins, tout comme je lis moins de fantasy-fantastique alors qu'il y a quelques années je ne lisais que ça ! C'est marrant comme on évolue :)
    L'Elite me tente particulièrement !

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    1. Oui l'évolution de nos lectures est quelque chose qui me semble toujours étrange... Je ne lisais que des classiques et des oeuvres de "grands auteurs" jusqu'à la fin de mes études, et puis peu à peu je me suis laissée aller à la littérature plus cool, plus légère, et maintenant je suis une grande fan de littérature de jeunesse. Mais tant mieux, c'est bien de varier !

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  5. Oh mais je l'ai raté cet article ! Honte à moi :p
    J'ai très envie de l'élite depuis un moment, je me demande si ils l'ont à ma bibliothèque... Je vais me renseigner tiens :) Pour la décision, je me sais pas... J'ai l'impression que c'est trop... Dur pour moi. Peut-être à l'occasion mais on verra ^^

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    1. Oui c'est peut-être un peu dur c'est sûr... Mais il est prenant !

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  6. J'aime beaucoup ton article, car personnellement je fais un peu un rejet de la littérature jeunesse... Quand j'ai démarré le blog (et découvert Booktube), je ne voyais QUE de la littérature jeunesse. Donc je me suis mise à en lire et j'ai trouvé ça génial, comme toi. C'était frais, rapide à lire, sans prise de tête.
    Mais plus ça va... Moins j'en lis. Car je trouve qu'on parle finalement souvent des mêmes sujets en fin de compte, qu'il me manque quelque chose, souvent de la profondeur, et surtout que j'en ai assez de voir cette littérature partout. Heureusement d'autres booktubeuses arrivent mais il y a encore quelques mois c'était très difficile de trouver des vidéos qui ne parlaient pas de littérature jeunesse, ce qui est un peu casse-bonbon quand on a envie de variété, tu en conviendras. Et je crois que j'ai juste fait une overdose.
    Peut-être que ça passera... Mais là j'ai vraiment envie d'autre chose et du coup les livres jeunesse ne m'attirent absolument pas !

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    1. Ah làlà comme je te comprends !! J'avais le même rejet que toi quand j'ai commencé le blog. A part que je ne lisais même pas de litté jeunesse (donc je jugeais en plus sans savoir !) Mais comme toi j'étais super déçue de ne trouver presque aucun blog (Booktube n'existait pas encore) qui parlait de "vraie" littérature. Mais là j'ai vraiment besoin de cette légèreté, la litté jeunesse me fait du bien. Je ne sais pas jusqu'à quand, mais tant que j'en ai envie je prends. Après je n'ai plus les mêmes personnes qui lisent le blog, mais peut-être que ça reviendra. Si tu regardes mon ancien blog, il n'y a presque que des classiques. Et maintenant je lis des bouquins 9-12 ans... Je crois que je me serais insultée il y a 6 ans ^^.

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    2. Ah mais je te comprends, nos goûts de lecture changent... et quelque part c'est tant mieux ! Moi aussi en arrivant en prépa j'ai fait ma boulimie de classiques. J'ai découvert que finalement c'était génial. Mais après un espèce de 'burn-out', je suis justement revenue à la littérature jeunesse. Pour faire l'espèce d'overdose dont je te parle maintenant.
      N'empêche que j'en lis et j'en achète quand même... Je ne bouderai JAMAIS un Marie-Aude Murail, ou je viens de commander "Audrey Retrouvée" de Sophie Kinsella en VO et j'ai trooop hâte de le commencer !

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    3. Oui on change, et tant mieux, mais sans non plus renier ce qu'on a aimé ! Un petit classique de temps en temps, quand je suis motivée, me fait toujours bien plaisir ! Les Liaisons Dangereuses en juin dernier ont été un vrai bonheur, tout comme "Titus n'aimait pas Bérénice".
      Là j'essaie de lire "The Girls" d'Emma Cline en VO, mais le soir je suis fatiguée et c'est dur... alors un bouquin de litté jeunesse, ça passe bien ^^.

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