jeudi 12 avril 2018

Mes dernières lectures, par thèmes

Attention, innovation ! Je vais vous parler de mes dernières lectures en les classant par thèmes, et non plus en catégories "j'ai aimé / coups de coeur / j'ai pas aimé" (en gros). ça va changer. C'est parti !

Un roman coup de poing
(ok on dirait coup de coeur, mais je me chauffe ^^)


Dans la forêt, Jean Hegland

Ce roman, paru en 1996 aux Etats-Unis, a enfin été traduit l'an dernier en Français. J'en ai beaucoup entendu parler à la librairie, j'ai renoncé plus d'une fois à l'acheter vu son prix (23 euros quand même...), je l'avais toujours en tête, attendant une sortie en Poche... et puis j'ai découvert la bibliothèque de mon quartier ! Je l'ai rencontrée il y a seulement deux semaines, mais elle a déjà pris une place énorme dans ma vie (j'en fais à peine trop promis !). J'y suis encore allée ce matin d'ailleurs. Bref, là-bas j'ai trouvé cette pépite.

Nell et Eva, 17 et 18 ans, vivent seules dans la forêt depuis deux ans. Suite à une baisse progressive des ressources en énergie, à des conflits commerciaux et autres (qu'on ne nous détaille pas), l'électricité a fini par disparaître. Elles se retrouvent isolée dans leur maisons au fond des bois, avec leur père, puis seules. Dans un cahier retrouvé par miracle dans leurs anciennes affaires, Nell raconte leur quotidien, mais également leur passé, leurs parents, leur vie d'avant, pendant et après cet apocalypse progressif, sans tambours ni trompettes. 

On pourrait en effet s'attendre à un succession d’événements terribles, à une lutte sans pitié pour la survie. Mais les choses se font et surtout se défont progressivement : d'abord l'électricité n'a fonctionné que quelques heures par jour; ensuite, l'essence a manqué et les denrées comestibles avec. Enfin les filles et leur père ont été contraints de rester chez eux. Il n'y avait de toute façon plus personne et plus rien en ville. Et puis leur père est mort, et les filles se sont retrouvées livrées à elles-même, avec un garde-manger bien rempli mais tout de même pas infini. Ce livre c'est tout ça, comment elles ont trouvé des moyens de vivre décemment sans le confort moderne, tout simplement. Mais c'est plus encore : c'est poétique aussi. Nell passe ses soirées, à la bougie, à lire un des seuls livres qui restent dans sa bibliothèque : une encyclopédie. Dedans elle glane des idées sur la vie, les plantes, la nature. Cela confère au roman une dimension qui lui fait complètement dépasser le roman sur la survie. D'ailleurs, le style lui-même est très travaillé, doux, poétique. Eva, la soeur de Nell, est une danseuse classique; cela ajoute un charme à leur vie de recluses. Et puis le dernier tiers du livre... qu'en dire... J'ai été bouleversée. Mais je nous en dirai pas plus.
Une chose est sure : j'ai beaucoup de mal à vous parler de ce roman tellement il est fin, profond, complexe et si simple pourtant. Le style accroche, bouleverse, et le thème fait réfléchir. Un retour à la nature féminin, tout en douceur, en langueur, loin des attaques bactériologiques et autres catastrophes naturelles qui sont souvent à l'origine de l'apocalypse. 


Deux romans originaux sur la condition féminine


La nuit de Béguines, Aline Kiner, 2017

Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, libérées de l'autorité des hommes, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse, mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut, mais aussi leur indépendance et leur liberté. 

L'auteur nous entraîne dans un Moyen-Age méconnu, auprès de femmes dont le mode de vie est surprenant. Sous le règne de Philippe le Bel, ces femmes sont à la fois protégées et craintes. Elles ne sont pas religieuses, elles ne sont pas non plus mères, ni épouses. Ce statut ambigü entretient le mystère autour de cette communauté. J'ai beaucoup aimé découvrir ces femmes aux destins propres, libres et traquées pour cela. Le destin de Maheut la Rousse est passionnant à suivre, ainsi que la vie d'Ysabel. L'auteur alterne dans son roman les points de vue et avec beaucoup de retenue narre les atermoiements et le quotidien de ces femmes à part.
On ne s'ennuie pas dans ce roman, au style pourtant lent et assez épuré. J'ai un peu retrouvé l'ambiance du Domaine des Murmures et de La Terre qui penche de Carole Martinez. Ce n'est pas un coup de coeur, mais une fiction agréable, qui se passe pour une fois au Moyen-Age.


Le courage qu'il faut aux rivières, Emmanuelle Favier, 2017

Dans un village perdu des Balkans, les familles sont installées depuis des générations autour d'un chef de village. La communauté apporte pourtant une importance particulière à l'hospitalité. Manushe est une "vierge jurée" qui a refusé la demande en mariage du vieux Parush, signant ainsi la fin de sa vie de femme. Respectée, elle s'habille en homme, se bande les seins et se rase les cheveux. L'arrivée au village d'Adrian, mystérieux étranger, réveille sa féminité. Mais Adrian cache lui aussi un lourd secret... Contraint d'abandonner une part de lui-même, le jeune homme ne cesse d'être confronté à la violence du monde. Malgré les embûches, il poursuit sa route telle une rivière obstinée contrainte à s'adapter aux reliefs des paysages, se dirigeant courageusement vers son destin. 
Un premier roman ambitieux sur la construction de l'identité dans sa relation avec le genre et le contexte social qui la constitue. 

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui brosse trois portraits de femmes. Manush la vierge jurée, Adrian et un autre personnage que je vous laisse découvrir. C'est très poétique, certains évènements sont inattendus et bouleversants. J'ai passé un bon moment de lecture, d'autant qu'il se lit plutôt vite. Et pour ne rien gâcher, la couverture est tout simplement magnifique !

Ces deux romans font partie d'une sélection de 5 livres pour la bibliothèque (je vous les présenterai d'ici peu). Le courage qu'il faut aux rivières, avec son beau titre, sa belle couverture et ses thèmes originaux est mon préféré pour le moment ! 


Un roman pour ado très psycho, qui sort des sentiers battus



8 commentaires:

  1. Ravie que tu aies aimé Dans la forêt, texte en effet très poétique malgré sa thématique tragique. J'ai également adoré la manière dont l'auteur décrit la relation entre les sœurs.

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    1. J'espérais que tu ferais un tour par ici, car je sais que c'est le genre de livre que tu aimes aussi :).
      J'ai plus qu'adoré cette lecture, elle est vraiment à part et touche au sublime !

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  2. J'aime beaucoup ta façon de présenter les livres et tu me donnes envie de lire Dans la forêt !

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    1. Merci beaucoup c'est très gentil !! Comme je lis beaucoup ces derniers temps, j'essaie de faire des articles groupés.
      Dans la forêt est une valeur sûre, tu devrais aimer :)

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  3. Je suis entrain de reprendre l'ordinateur et de rattraper mon retard sur les blogs.
    Merci beaucoup pour "Dans une forêt" j'ai vraiment passé un chouette moment de lecture!
    Tu lis énormément en ce moment et plein de styles différents c'est génial!

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    1. Oui j'ai de la chance de réussir à lire autant ! Et j'en profite!
      En plus ça me permet de partager plein de découvertes.
      Tant mieux si tu peux reprendre un peu le PC. A très vite !!

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  4. J'ai vraiment beaucoup aimé Dans la Forêt, un roman percutant à mon avis, du coup tu éveilles ma curiosité sur Le courage qu'il faut aux rivières.

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