J'adore la littérature jeunesse. Voilà ce dont je me rends compte. Je ne lis que ça en ce moment, et j'adore. J'enchaîne les romans, la lecture est simple, sans prise de tête, et pourtant les sujets sont forts et le style est loin d'être simpliste. Merci au défi Babelio de me donner autant d'opportunités de bonnes lectures. J'appréhende même la fin du défi, quand je devrai choisir mes lectures moi-même (et d'ailleurs, je compte enfin m'inscrire à la bibliothèque de ma ville :p. Leur fond jeunesse est vraiment pas mal, d'après ce que j'ai pu en voir !). Je comprends maintenant les Youtubeuse et autres blogeuses que je trouvais frénétiques dans leurs lectures : en fait, j'enchaîne presque aussi vite qu'elles avec ces romans. J'en suis à deux ou trois livres par semaine, du jamais vu pour moi ! Je prends enfin un véritable plaisir de lecture, sans me prendre la tête sur ce que je veux lire, sachant d'avance que ça sera doux, léger, agréable. Pas de fioritures, pas de trop longues descriptions, rien que du plaisir. Je suis ravie de ce revirement dans ma vie de lectrice en tout cas.
Et vous, comment en êtes vous venus à lire de la littérature de jeunesse ?
Soyons clairs, je parle surtout de littérature ados. Je lis les livres de la sélection Babelio pour 14 ans et plus, et je crois que des romans qui s'adressent aux collégiens me plairaient moins. Toutefois, je pourrais me laisser surprendre. Il y a 10 ans, jamais je ne me serais aventurées dans les rayons jeunesse des librairies; seuls les classiques m'intéressaient. Et voilà où j'en suis maintenant :).
Après ce petit interlude révérencieux envers cette littérature trop souvent dénigrée par les profs de Français et autres adeptes de grands auteurs, voilà la critique de trois autres romans du défi.
Bluebird, Tristan Koëgel
J'appréhendais un peu la lecture de ce roman, qui me semblait épais et laborieux quant à son thème. Il est en effet question de la ségrégation aux Etats-Unis dans les années 40, de la vie des esclaves dans les plantations, et d'un amour impossible. Finalement il m'a fallu effectivement plus de temps pour lire ce roman que les autres de la sélection, mais j'ai aimé ma lecture. La ségrégation raciale est certes au centre de l'histoire, mais le thème est allégé grâce à l'univers de l'auteur.
Minnie est une jeune fille noire qui sillonne les routes avec son papa pour chanter et jouer de la musique. Un jour qu'ils arrivent dans une plantation, la vie de Minnie et d'Edwin, le fils du propriétaire, va prendre un tournant inattendu et dangereux. Le fossé qui les sépare se creuse quand le KKK emporte Minnie très loin, malgré elle, dans la grande ville. Chacun de leur côté, les deux jeunes gens vont lutter contre leur classe, les préjugés et les autres. L'auteur a réussi à faire de cette histoire hors du commun une sorte de conte. En lisant ce livre, j'ai pensé au Coeur Cousu de Carole Martinez. C'est un peu cet univers où se mêle magie, Histoire et émotions. On a l'impression que la vie de Minnie est un conte, l'univers dans lequel elle évolue est âpre, violent, mais elle continue d'y croire, de chanter, de grandir. Dans la plantation, Edwin voit les choses changer, découvre la vraie facette des gens. J'éprouve des difficultés à vous rendre compte de ce que j'ai perçu de cet univers... une tranche de vie recouverte d'une couche un peu pastel, qui n'adoucit pas la rudesse des évènements inspirés de l'Histoire, mais leur donne justement une autre profondeur. Récit à la fois historique et allégorique, ce roman gagne vraiment à être connu. Une belle histoire d'amour, un bon témoignage historique. L'alternance des points de vue permet également de saisir toutes les facettes des évènements, de comprendre que tout, justement, n'est pas tout blanc ou tout noir, et que les nuances sont peut-être gages d'évolution. Un très beau roman, sérieux et poétique. Peut-être un des plus littéraires de la sélection.
L'élite, Joëlle Charbonneau
Encore une dystopie, style Hunger Games. Des jeunes de 16 ans, dans une ville préservée des dévastation, sélectionnés pour leurs qualités particulières. Cette élite est emmenée à la capitale pour passer un certain nombre de tests afin de devenir l'Elite des élites, les dirigeants de demain.
Cia, notre héroïne (encore une fois une fille, encore une fois un point de vue interne) nous emmène avec elle dans cette expérience terrible et hors du commun. Beaucoup de clichés sont repris d'autres dystopies, comme la cérémonie de sélection au début du roman, l'histoire d'amour un peu niaise, les épreuves dans lesquelles les ados doivent faire des choix que les trois-quart des adultes ne sauraient faire. Toutefois j'ai pris plaisir à lire ce roman, notamment la partie sur les tests intellectuels. Je n'avais jamais lu ce genre de chose avant, et j'ai trouvé que c'était chouette d'intégrer une dimension scolaire dans ce type de roman. Ainsi les bons élèves deviennent de vrais héros. D'habitude ce sont plutôt des rebelles, qui préfèrent courir dans les bois que de rester sur les bancs de l'école. Là les personnages sont des intellos guerriers ; c'est un peu fort, un peu surréaliste (une vraie élite qui sait tout faire, un peu surjoué quand même...). L'auteur ne précise rien quand à la probabilité de la sportivité et de la résistance physique de son élite, qui semble pourtant avoir passé plus de temps sur des problèmes de maths que dans la nature (limitée d'ailleurs, puisque certaines parcelles de terre seulement ont été préservées de la pollution liée aux guerres). Mais bon... même si on ne peut pas totalement s'identifier à ces personnages trop parfaits, trop valeureux, j'ai trouvé l'histoire bien menée. Le premier tome pourrait presque se suffire à lui-même, d'ailleurs il n'est pas précisé sur le livre qu'il s'agit d'un premier tome (et pourtant il semble que c'en soit un...). Mais on sent qu'il peut il y avoir une suite. Je ne sais pas si je la lirai, en tout cas j'ai passé d'agréables moments, surtout à me demander comment l'auteur allait changer le goût de la tarte à la crème topping Hunger Games.
La décision, Isabelle Pandazopoulos
Ce roman est une vraie marmite d'émotions. Il faut avoir le coeur bien accroché dès le début. La première page tournée, on est au coeur du drame, celui de Louise, 16 ans, qui accouche seule dans les toilettes du lycée, sans rien avoir vu venir. Ses amis sont choqués, ses parents bouleversés, et elle, elle ne comprend pas. Elle ne se souvient de rien, peine à faire entendre aux autres qu'elle ne sait pas comment c'est arrivé. Mais son enfant est là, ça elle ne peut pas le refuser. Le déni de grossesse, avec ses limites, et surtout ses souffrances. Un sujet dur, traité avec une grande justesse de la part de l'auteur. Les points de vue s'alternent, le style suit, il y a de très beaux passages. Loin du voyeurisme, les choses sont dites sans détails mais rien n'est caché non plus de l'âpreté de la situation. On comprend au fur et à mesure du livre ce qui est arrivé à Louise, mais néant sur la période de sa grossesse, tout simplement parce qu'elle ne s'était vraiment rendu compte de rien. On essaie de deviner qui est le père, mais comme elle on en sait pas, on hésite, elle ne se souvient vraiment pas... et pour cause. A la fin on comprend, et la vérité est violente.
Un très beau petit roman, petit par la taille mais très fort. Je préciserai bien ça aux élèves avant de le leur mettre entre les mains. Mais vous, n'hésitez pas un instant.